En pleine révolte des jeunes à Athènes et dans d’autres villes de Grèce, une attaque provocatrice contre une syndicaliste immigrée suscite une mobilisation de solidarité. Le 23 décembre, alors qu’elle revenait du travail, Constantina Kouneva, secrétaire générale de l’Union régionale d’Attique des femmes de ménage et du personnel domestique, a été victime d’une attaque meurtrière commise par des inconnus, qui lui ont jeté du vitriol au visage. Elle a perdu la vue et se trouve depuis dans un état critique à l’hôpital.
Son syndicat est une organisation de masse très militante, constituée en majorité de femmes, surtout immigrées, intervenant dans la branche du travail domestique, branche non réglementée où les droits des travailleurs sont presque inexistants. Le syndicat, et Constantina Kouneva en personne, ont été récemment en conflit avec le patronat d’Oikomet, une société de nettoyage travaillant pour des entreprises publiques comme celle du métro d’Athènes. Cette société a embauché environ 800 travailleuses avec des conditions de travail abominables, en utilisant des lois néolibérales votées par le dernier gouvernement du Pasok sur la flexibilité du travail. Elles n’ont pas d’horaires, sont dépourvues de droits à la sécurité et sont soumises à une pratique de terreur continuelle de la part des patrons. Ceux-ci ont récemment menacé les membres de la direction du syndicat et sa secrétaire, Kouneva. L’ensemble des organisations de gauche et féministes se sont mobilisées et de nombreuses actions de protestation ont été organisées. Des militants ont occupé les bureaux du métro d’Athènes et y ont organisé des assemblées ouvertes.
Par ailleurs, une mobilisation exemplaire a eu lieu en défense des droits des travailleurs. Le maire d’Athènes, dont la seule préoccupation récente a été de protester contre les jeunes ayant brûlé l’arbre de Noël de la place centrale de Syntagma, a voulu faire ouvrir les magasins le dimanche 28 décembre, en dépit du cadre législatif en vigueur. Contre cette atteinte au droit au repos, les petits syndicats à direction proche de la gauche radicale, comme celui des travailleurs des librairies, mais aussi la grosse fédération des employés du privé, dirigée par le courant Pasok (PS grec), ont appelé à la mobilisation. Des centaines de travailleurs ont envahi, le 4 janvier, les artères commerçantes de la capitale pour bloquer cette attaque. Le succès est d’autant plus grand que le Pasok de son côté soutenait la mesure du maire. En cette fin d’année, l’action des travailleurs et la précarisation du travail sont bien une priorité de l’activité sociale.