Lettre du PCF du 12 mai 2010 au Parti de gauche et à la gauche unitaire
Disponible en format pdf :
http://www.pcf.fr/IMG/pdf/lettre-front-gauche-12mai.pdf
Réponse du secrétariat national du Parti de gauche à la lettre du PCF
Le 12 mai le PCF adressait une lettre à ses partenaires du Front de Gauche. Cette lettre était rendue publique le 18 mai.
Elle avait pour but de préparer la réunion nationale du Front de Gauche.
Le Secrétariat national du parti de Gauche l’a jugé suffisamment importante pour y répondre dans le détail, rappeler ses propositions et en faire de nouvelles afin que la réunion au sommet permette d’avancer concrètement et rapidement.
Voici notre lettre envoyée ce jour au PCF et à Gauche Unitaire.
Lettre adressée au PCF
Copie : Gauche Unitaire
Chers camarades
Le secrétariat national du Parti de gauche a étudié avec attention la lettre
datée du 12 mai que vous avez rendue publique le 18 mai. Nous avons
rédigé une réponse détaillée et argumentée. En effet, il nous est apparu
que ce courrier permet d’ouvrir une nouvelle étape de la vie du Front de
gauche. Une étape conforme pour l’essentiel aux propositions que nous
avons détaillées dans la résolution de notre dernier conseil national du 10
avril dernier.
Pour nous, le PCF est un parti ancré dans l’histoire de notre pays. Son
action est un atout incontournable pour la dynamique de gauche en
France. Il est notre principal partenaire. C’est pourquoi la lettre du PCF
est si importante pour nous dans le contexte. A la lecture de ce courrier,
nous constatons que le PCF analyse comme nous la stratégie nécessaire
pour l’avenir du Front de Gauche. C’est le cas à propos de l’élargissement
du Front de Gauche et du « paquet électoral ». Nous jugeons donc très
positivement votre courrier. Dorénavant, même si tout reste à organiser,
la voie est libre pour avancer et entraîner ensemble en vue de construire
une nouvelle majorité politique à gauche pour notre pays en 2012.
Nous vous répondons sous forme précise pour préparer avec toutes les
chances de succès notre rencontre nationale. Cette rencontre est décisive
à nos yeux. Nous voulons un échange sérieux et argumenté, capable de
donner lieu à un calendrier de travail et à des conclusions efficaces aussi
rapidement que possible. En effet, nous avons besoin de temps pour agir
efficacement devant notre peuple. Et il en reste peu. Trop peu pour nous
offrir le luxe de nous disputer ou de palabrer sans fin. Il nous faut aller
aussi vite que possible à la conquête de la confiance de nos concitoyens !
Ils sont aujourd’hui très désorientés et soumis à un intense
conditionnement visant à les convaincre que rien n’est possible en dehors
du bipartisme.
C’est donc le moment de dire qu’aucune discussion sérieuse n’est possible
sans le respect de chacun. Nous déplorons donc vos attaques récentes
contre le Parti de Gauche en la personne de Jean-Luc Mélenchon et la
campagne qui s’en est suivie. Pour la seconde fois en moins de 6 mois et
sur un thème identique, notre premier responsable national a été la
victime de mises en cause publiques injurieuses provenant pour la
deuxième fois également d’un des deux portes paroles du PCF. On ne peut
envisager de laisser s’installer ces méthodes entre nous. Certes, le Parti
de gauche ne s’abandonnera certainement pas à répliquer et encore moins
à la surenchère. Nous sommes parfaitement conscients de l’existence de
courants qui comptent sur des incidents pour faire capoter une entreprise
avec laquelle ils sont en désaccord. Mais si de tels débordements devaient
se reproduire sans être désavoués, en dépit de cette solennelle mise en
garde cette fois-ci formulée par écrit, nous en conclurons qu’il s’agit d’une
ligne d’action délibérée, d’un double langage, et non d’initiatives
personnelles comme cela nous a été expliqué. Pour l’attractivité même de
notre Front, de tels procédés ne peuvent être banalisés. Aucun désaccord
ne le justifierait d’ailleurs. A plus forte raison quand il n’y en aucun sur un
point fondamental, comme c’est le cas aujourd’hui entre communistes et
partisans du PG.
Pour notre part, nous adressons un message de respect et d’amitié à
Marie George Buffet au moment où elle quitte ses fonctions à la tête du
Parti Communiste. Nous saluons son inlassable engagement communiste.
Nous lui exprimons notre reconnaissance pour sa contribution personnelle
décisive et fondatrice dans la création du Front de Gauche qui a rouvert
l’espoir à gauche.
Le Contexte et ce qui en découle
Le capitalisme financier est entré en phase extrêmement agressive dans
ses prédations sur les peuples. Cette violence, c’est ce que les
commentateurs appellent « la crise ». Car ce faisant, il déclenche des
effets d’avalanche qu’il ne contrôle pas et qui menacent d’emporter toute
l’économie et les sociétés dans un gouffre. Dans ce contexte, les décisions
autoritaires prises à l’encontre du peuple grec et plus globalement la
volonté de l’Union européenne, du FMI et des gouvernements de
soumettre de force les populations à un coup d’Etat social élèvent la
responsabilité des forces de gauche. Les nôtres, en particulier, nous qui
avons eu la lucidité de nous opposer ensemble victorieusement à la
Constitution de l’Europe libérale et autoritaire en 2005. Nous partageons
avec vous pour l’essentiel ce diagnostic et celui des conséquences qui en
découlent.
Notre responsabilité est d’ouvrir une alternative là où nous sommes en
état de peser sur les événements, c’est-à-dire dans notre pays, dans le
cadre de notre démocratie, même très imparfaite, et avec les outils dont
nous disposons dans les institutions actuelles. Notre tâche est de
construire une nouvelle majorité parlementaire populaire autour de nos
propositions. La période réclame des choix clairs : pour répondre aux
aspirations populaires, cette majorité devra se constituer sur les bases
d’une nette rupture avec la politique européenne actuelle et le système du
capitalisme financiarisé et mondialisé. Nous connaissons nos divergences
avec les partis sociaux-démocrates sur ce point. C’est une très grande
difficulté pour ouvrir une alternative politique ! Car les sociaux-
démocrates sont aujourd’hui très largement majoritaires à gauche, en
Europe et en France. Le vote des députés socialistes pour le plan de
« soutien » à la Grèce, ainsi que l’incapacité des Verts à prendre une
position commune, sont éclairants ! Leurs tergiversations sur le dossier
des retraites aussi. Et autant de devoir constater ce qui se passe dans les
pays agressés par le système financier ! Les politiques d’austérité y sont
servilement appliqués par des gouvernements dont les premiers ministres
appartiennent au même groupe européen que le PS comme celui de
Zapatero en Espagne ou de Papandréou, Président de l’Internationale
socialiste, en Grèce. Au total, nous sommes entrés dans un nouveau cycle
politique profondément instable. Les scénarios du pire y côtoient les plus
grandes opportunités. Dans ce contexte, la social-démocratie est un
sévère handicap pour la gauche dans la course de vitesse avec la montée
de l’autoritarisme et des nationalismes régressifs en Europe ! Notre défi
est de sortir positivement et victorieusement de cette difficulté.
Pour cela, le moyen le plus démocratique est de travailler pour convaincre
le grand nombre de changer de majorité à l’intérieur de la gauche. Notre
autonomie d’action et de parole d’une part et l’indépendance de nos
visées d’autre part sont donc les conditions de base de notre crédibilité.
C’est aussi la condition pour que notre devoir d’unité au deuxième tour
des élections ne se fasse pas dans la confusion et la négation de ce que
représentent nos forces et nos idées dans la société. Cette méthode qui
combine identité et unité, c’est celle que nous avons fait vivre pour les
élections européennes, avec vous dans 17 régions sur 22 aux élections
régionales et dans la totalité des élections partielles. Elle a été comprise et
entendue. Nous devons nous y tenir dans les échéances les plus élevées.
Nous devons amplifier ses résultats. Nous devons proposer nos
candidatures communes non pour nos partis mais pour gouverner
autrement notre pays sur un programme distinct de celui de « la gauche
solidaire » que domine le Parti socialiste. Nous devons affirmer notre
ambition et la soumettre comme telle au verdict des urnes. La révolution à
la laquelle nous aspirons est une révolution citoyenne. Tel est aussi le
moyen de pour réussir l’implication populaire dont nous avons besoin pour
accomplir notre programme : partage des richesses, refondation
républicaine des institutions et de la société, planification écologique,
sortie du Traité de Lisbonne, ordre international progressiste, paix et
désarmement.
Voilà l’esprit dans lequel, plus que jamais, nous abordons la période à
venir.
A présent pour la commodité de notre échange nous vous répondons en
reprenant les parties de votre lettre.
1 – L’affirmation du Front de Gauche hors des périodes électorales
Notre résolution de CN indiquait qu’il était « évidemment nécessaire de
faire vivre et élargir le Front de Gauche sans tarder. Cela passe par son
engagement, en tant que tel, auprès des mobilisations sociales à
commencer par les retraites ».
Dans cet esprit, nous vous avions proposé une apparition unitaire du Front
de Gauche lors des manifestations du 1er mai sous forme de tract et
cortèges communs. Nous avons regretté votre décision de ne pas y
donner suite. Nous vous renouvelons la même proposition pour la journée
d’action du 27 mai. Ce type de présence dans les luttes est indispensable
si nous voulons affirmer notre ambition d’être le bras politique des
mobilisations sociales des travailleurs.
Vous proposez aussi que le Front de Gauche impulse « des ripostes face à
l’offensive des dirigeants capitalistes qui comptent faire payer la crise aux
peuples européens ». Nous sommes d’accord. C’est pourquoi le PG avait
proposé en priorité à ses partenaires du Front de Gauche de co-organiser
le rassemblement du 28 avril devant le siège de la Fédération Française
des Banques. Depuis, vous avez annoncé plusieurs initiatives du PCF seul
sur ce thème. Nous en organiserons donc également de notre côté. Nous
vous proposons cependant de vérifier si nous ne pourrions pas plutôt les
mettre en commun ou en concevoir d’autres.
2 / L’élargissement du Front de Gauche.
a) Nous avons proposé un « Front de Gauche élargi ». Vous évoquez la
nécessité de « nouveaux espaces de développement du Front de
Gauche ». L’objectif apparait donc le même. C’est donc la forme et la
méthode de cet élargissement dont nous devons discuter.
En préalable, vous nous dites que le Front de Gauche ne doit pas
préfigurer un « parti unique ». Ce terme n’a jamais fait partie de notre
vocabulaire fort heureusement. En revanche, oui, nous pensons qu’un
parti commun de la gauche d’alternative au capitalisme, un parti commun
de la République sociale, annoncée par Jean Jaurès, un parti de l’écologie,
nous permettrait d’accroître notre influence, et d’être plus efficaces. Nous
n’avons jamais caché cet objectif en cofondant le Front de Gauche avec
vous. Nous n’avons cessé d’évoquer l’exemple de Die Linke. Nous sommes
disponibles pour avancer dans ce sens avec vous, comme également avec
nos autres partenaires du Front de Gauche et avec toutes les forces de
l’autre gauche. Nous n’excluons pas d’être, en vous attendant, à l’initiative
de regroupements. Nous avons bien noté votre refus. Mais nous ne
renonçons pas à vous convaincre. Sans en faire un préalable à la
construction du Front de Gauche. D’ailleurs pour nous, le Front de gauche
est d’ores et déjà une sorte de parti commun. Et tout notre engagement
vise à en élargir la base populaire et à fortifier les mécanismes collectifs
de décisions. Nous renouvelons notre proposition de constituer un comité
national permanent, large, du Front de Gauche doté d’un secrétariat et
d’une double présidence.
Notre CN s’est prononcé pour que le Front de Gauche dépasse « le statut
de simple cartel électoral pour s’exprimer et s’affirmer comme force
politique répondant en commun aux défis sociaux, environnementaux et
démocratiques ». Votre lettre constate aussi cette nécessité. Vous dites
que le Front de Gauche ne doit « pas être un cartel fermé ». Pour autant
nous ne serions pas d’accord pour nier l’importance centrale de nos partis
dans le processus, ni leurs responsabilités particulières, ni les capacités
d’initiative spécifique qui leur reviennent en propre.
Reste que pour s’élargir, le Front de Gauche doit donc être capable de
mobiliser bien au-delà de ses composantes actuelles. A commencer par
ceux qui en sont les plus proches. Le Front de Gauche doit donc permettre
leur adhésion aux mouvements politiques de l’autre gauche qui le
souhaitent, à commencer par ceux avec qui nous avons fait campagne
commune lors des Régionales. Sans exclusive, comme vous le suggérez.
Vous appelez à des « espaces d’engagement » afin que les acteurs des
mouvements sociaux, citoyens et intellectuels participent au Front de
Gauche. Tout a fait d’accord. Nous renouvelons donc déjà la proposition
de « Fronts thématiques » du même type que celui du « Front de gauche
des économistes » créé lors des Européennes. Ils devraient même selon
nous être représentés dans un comité national du Front de Gauche.
Dans cet esprit nous avons proposé la possibilité « d’adhésions directes »
au Front de Gauche. Vous estimez que cette proposition « ne résout pas
correctement la question de l’élargissement ». Pourtant il nous faudra
bien trouver le moyen pour faire du Front de Gauche l’espace
d’engagement que recherchent des dizaines de milliers de citoyens qui ne
veulent pas pour autant adhérer à l’un de nos partis. Or cette implication
citoyenne ne pourra se contenter de la participation à des espaces de
débat et de dialogues d’un Front qui serait de facto piloté par nos seuls
partis. L’adhésion directe est une solution concrète. Nous observons que
ces lieux d’action et de réflexion de type comités du Front de Gauche sont
tellement évidents qu’ils se créent déjà spontanément. Quelle est la
proposition concrète alternative ?
3 – Construire un projet politique capable d’ouvrir une alternative
dans les échéances de 2012
a) C’est évidemment un point essentiel. Sans cette perspective tout le reste
ne serait qu’une construction purement intellectuelle sans lien avec le réel
qu’elle prétend pourtant changer. Il est donc impératif que le Front de
Gauche se prépare le plus efficacement possible à ces échéances.
Les candidats communs
b) C’est pourquoi notre dernier CN a renouvelé la « proposition de « paquet »
: engagement à présenter des candidatures communes aux élections
cantonales, présidentielle, législatives sur la base d’un programme
commun (plateformes partagées) et d’une stratégie commune. Votre
lettre parle de « réponses » et du « chemin » pour les porter. C’est une
évidence. En évoquant à tour de rôle chaque élection, vous proposez en
définitive un principe de candidature commune à chacune d’entre elle.
Nous constatons que nous disons donc la même chose. C’est décisif. Si
nous n’interprétons pas correctement votre courrier sur ce point nous
voudrions que vous nous le disiez directement et franchement. Car il nous
faudrait alors imaginer une autre stratégie de rassemblement électoral à
vocation majoritaire que nous ne voulons pas improviser en dernière
minute sur la base d’une déconvenue qui serait alors immense et
destructrice.
La plate-forme partagée
c) Nous devons donc rédiger ce que nous avons appelé précédemment
ensemble une « plateforme partagée ». Nous devrons y travailler en ayant
toujours présent à l’esprit une question simple : quelles mesures mettrait
en place un gouvernement de Front de Gauche ? Vous proposez de
commencer à l’automne 2010. Nous y sommes prêts dès le mois de
septembre. Nous pourrions installer, ensemble, le « Comité de rédaction
du programme partagé » à la Fête de l’Humanité au cours d’un
rassemblement solennel d’ouverture de ses travaux où serait présenté un
document commun de cadrage.
Mais pour éviter toute nouvelle tension entre nous il faut écarter une
ambiguïté qui a assombri nos relations l’automne dernier. Vous écrivez
que ce doit être « avec le maximum de forces sociales, politiques et
intellectuelles ». Nous serons donc clairs : nous ne recommencerons pas
l’épisode des « ateliers » ouverts au PS et à Europe Ecologie. C’est logique,
puisqu’il est ici question de mettre en place le programme de
gouvernement du Front de Gauche auquel ni le PS, ni Europe Ecologie ne
comptent s’intégrer. Une fois notre programme partagé adopté par nos
partis, il sera alors temps de le confronter aux autres projets offerts à
gauche.
La Présidentielle
d) Vous écrivez que la « désignation » d’une candidature à la Présidentielle
« ne peut être envisagée qu’en s’appuyant sur un projet et non le
précéder ». C’est une évidence. Mais, oui, nous avons affirmé que le
« principe » de candidatures communes devait précéder l’adoption
définitive du projet. C’est affirmer un choix et une volonté. Tout ne
s’écroulera pas en dernière minute pour une surenchère ou un point
particulier mettant chacun dans l’obligation d’improviser en dernière
minute une stratégie de rechange. Les expériences passées démontrent
que nous n’avons jamais achoppé sur le programme. D’ailleurs c’est très
exactement ainsi que nous avons procédé pour les élections Régionales.
Nous avons d’abord acté la stratégie des listes autonomes et unitaires et
le principe de la répartition des têtes de liste. Puis c’est seulement ensuite
que nous avons réglé, d’ailleurs assez facilement en quelques jours, la
question du programme. Nous n’avons évidemment jamais conditionné ce
travail programmatique à la désignation du ou de la candidat(e) de notre
choix. Et nous avons accepté que vous discutiez toutes nos têtes de liste
alors même que nous n’en avons discuté aucune de celles que vous avez
choisies et parfois imposées, sans débat, comme en Ile-de-France.
Dorénavant, compte tenu de votre accord pour des candidatures
communes à toutes les élections, la voie est libre pour commencer le
travail sur le programme. C’est pourquoi nous vous faisons cette
proposition de « comite de rédaction du programme partagé ».
Pour autant, comme vous le savez, le Parti de Gauche propose dans son
programme fondamental adopté à son premier congrès la « refondation
républicaine des institutions et de la société ». Elle implique la fin de la
monarchie présidentielle qu’est la 5e République. C’est une question
politique centrale pour nous. Nous vous rappelons vous avoir proposé fin
2009 un premier forum du Front de Gauche centré sur cette question des
institutions. Nous étions tombés d’accord au cours de notre précédent
sommet pour organiser cette réunion en février 2010. Si cette réunion n’a
pas eu lieu, cela n’est pas de notre fait, mais du vôtre. En tous cas nous
n’avons aucune difficulté à affirmer avec vous qu’il faut en finir avec les
« excès de personnalisation induits par l’hyper-présidentialisme et
revaloriser l’enjeu législatif ». Pour nous, un axe essentiel de notre
campagne présidentielle consistera à affirmer qu’en cas de victoire, nous
convoquerons une assemblée constituante pour une 6e République
parlementaire et sociale. Notre slogan sera de proposer « d’élire le (la)
dernier(ère) président(e) de la Ve république ». Cela résonnera en
cohérence avec les campagnes des candidats aux législatives.
e) Selon nous, il ne s’agit pourtant pas de mener une campagne
présidentielle de pur témoignage qui nous réduirait aussitôt au rôle de
force d’appoint du deuxième tour et handicaperait lourdement nos
candidatures aux élections législatives. Nous aspirons à gouverner notre
pays sur le projet que nous défendrons. Le score de notre candidature
sera donc fondamental. Notre candidature commune devra donc non
seulement être capable de porter notre plate-forme partagée mais encore
de le faire de la façon la plus efficace possible quand au score. Cette
candidature devra incarner notre ambition de gouverner le pays. Ce sera
un critère décisif d’évaluation de la situation. C’est pourquoi selon nous
c’est le rôle d’un(e) militant(e) politique confirmé(e) et non d’une
improvisation bricolée sur la base du plus petit dénominateur commun.
Quand à l’idée de proposer une personnalité du mouvement social, nous
affirmons que sa mise en œuvre soulèvera davantage de difficultés qu’elle
n’en réglerait. Surtout pour unifier la diversité des engagements
syndicaux et associatifs dans un projet politique. Bref, comme l’a déclaré
au « Monde » Gérard Aschieri, ce serait prendre le problème du lien au
mouvement social par le petit bout de la lorgnette. Cependant il va de soit
que nous sommes disponible pour constater la démonstration du
contraire.
Pour finir, en ce qui concerne la date de la désignation, nous avons noté
que votre calendrier renvoie votre choix à votre congrès de juin 2011.
Cela implique que la mobilisation civique des cantonales ne devrait pas
s’inscrire dans la démarche globale qui conduit à 2012 ? Pourtant cela
pourrait aider nos candidats, là où le terrain est le plus difficile, d’être
portés par une dynamique nationale globale. Nous le soumettons à votre
analyse. Pour sa part le calendrier du Parti de Gauche le conduira à faire
ses propositions en début d’année 2011.
Les législatives
f) Voyons les législatives, que vous définissez comme la plus importante de
ces élections en 2012. Vous dites que « l’objectif partagé pourrait être la
réélection des députés communistes et du Parti de Gauche sortants ainsi
que la conquête de députés supplémentaires ». Bien-sûr. Mais pas dit ni
résumé à cela. Le point de départ c’est que nous voulons gouverner sur
notre propre programme. Le reste nous sera donné par surcroit. Le Front
de Gauche doit aborder ces élections avec la volonté réelle de changer la
donne à gauche. Pas de se contenter d’annoncer un objectif de
préservation des positions actuelles. Et le plus sûr moyen est de changer
le rapport de forces au bénéfice du Front de Gauche au soir du premier
tour. Ce qui nous ramène à notre propos introductif : on ne peut
envisager une alternative à un système qui met en péril l’humanité sans
contester aussi l’hégémonie actuelle du social-libéralisme. C’est ce
message global que les nôtres attendent et que les citoyens de tous
horizons et catégories peuvent valider. La reconduction de nos positions
n’est pas un mot d’ordre qui parle aux Français. Nous devons aborder ces
élections, en proposant aux Français un gouvernement de Front de
Gauche.
j) Qu’il s’agisse de cantonales, de législatives ou de présidentielle, les
préoccupations et la méthode doivent être les mêmes. Par exemple, la
personnalisation est aussi un problème au niveau local. L’argument de
notoriété et d’impact électoral que vous niez au niveau national ne peut se
retourner en son contraire au niveau local. Les candidatures seront donc à
examiner ensemble sur des critères liant efficacité électorale, pluralisme
et représentativité de chacun. Mais surtout nous devrons, si nous voulons
renforcer « l’influence nationale du Front de gauche », veiller à une
stratégie globale sur tout le territoire. Elle devra reprendre les éléments
constitutifs de la démarche du Front de Gauche dans la suite des
Régionales :
– autonomie vis-à-vis du PS et d’Europe Ecologie par la présentation de
candidatures indépendantes au premier tour des élections à venir
permettant aux citoyens de choisir entre les deux voies présentes à
gauche : transformation ou accompagnement.
– unité de la gauche au second tour pour battre la droite.
k) La question des candidatures ne peut donner lieu au jeu mortel de
l’évitement de la difficulté qui ouvrent la porte à des coups de force de
dernière minute pour aboutir. Il ne peut être question de se défausser sur
des niveaux intermédiaires de décisions suivant des règles variables
régionalement, départementalement et même localement. Nous ne
participerons pas à cela. Et nous sommes certains que vous partagez
notre analyse à ce sujet. Nos partis et nos directions doivent assumer
leurs responsabilités. Nous vous proposons la mise en place d’une
commission des candidatures. Elle recueillerait les propositions présentées
à titre individuel ou collectif pour chaque circonscription et chaque
élection. Sur cette base, la commission des candidatures ferait des
propositions et nos directions les présenteraient au vote de nos adhérents
qui seraient appelés à les valider globalement selon nos procédures
internes respectives. C’est en tous cas d’après ce scénario, dont il
conviendra de préciser plus en détail les modalités, que nous allons nous-
mêmes avancer et vous faire nos propositions.
Voilà, chers camarades, les propositions et arguments que nous voulions
porter à votre connaissance avant la réunion. Nous proposons que nos
responsables des relations unitaires se rencontrent sans tarder pour la
préparer.
Pour le secrétariat national du Parti de Gauche :
François Delapierre Eric Coquerel
Délégué Général Secrétaire national aux relations unitaires