Depuis le 5 mars 2005, où plus de 7 000 manifestants venus des quatre coins de la France avaient bravé, à Guéret, une tempête de neige et la politique libérale destructrice des services publics, le travail n’a pas manqué. De multiples réunions ont eu lieu pour affiner les stratégies de résistance, consolider les convergences avec les partenaires syndicaux, associatifs et politiques, et se doter d’une force de proposition (une charte). Le 19 novembre 2005, une mobilisation nationale, rassemblant plus de 30 000 personnes, a brisé l’apathie qui avait suivi un 4 octobre sans lendemain. La défense des services publics était également au cœur de la manifestation de Strasbourg, en février dernier, contre la directive dite « Bolkestein ». Désormais, une grande journée nationale de mobilisation, dans toutes les régions de France, doit avoir lieu le 10 juin.
Pourtant, les obstacles sont nombreux. Difficile de fonctionner avec une structure souple et, même si la fédération des collectifs de défense et de développement des services publics - qui se nomme maintenant Convergence des collectifs - s’est constituée en association de type loi 1901, on est tout de même loin du fonctionnement que devrait avoir une telle structure (volontarisme effréné de ses principaux animateurs, moyens matériels quasi nuls, etc.).
Le but principal est de faire naître des convergences sur le thème des services publics, de permettre le débat et de mettre en place des résistances globales. Il faut constater que la mayonnaise a bien pris. En témoignent les relations étroites et fraternelles que les collectifs et les différents partenaires nationaux entretiennent depuis quelques mois.
Les dernières réunions ont eu pour but de préparer un texte d’appel pour le 10 juin. Cette élaboration collective s’est faite avec des syndicats (FSU, Solidaires, CGT-mine-énergie, UGFF), des associations (Attac, Copernic, Ufal, UNRPA, Egsam, Collectivité hors AGCS, Anecr) et des partis politiques (LCR, PCF, Verts, PS, MRC). Différents groupes travaillent à enrichir le débat : pour un service public de la petite enfance, pour la gestion publique de l’eau et de l’assainissement, pour un service public européen, etc.
Pour le 10 juin, la CGT-mine-énergie intègre cette date, dans sa dernière circulaire fédérale, comme étant un moment fort de mobilisation contre la fusion entre Suez et Gaz de France. Le collectif unitaire responsable du Forum social européen a également décidé de faire du 10 juin une journée européenne de mobilisation contre la signature, par le prochain Conseil européen, de la directive dite « Bolkestein ». Le 10 juin doit permettre à toutes les régions, départements et villes de France, de dénoncer les attaques que subissent les services publics (La Poste, la santé, l’éducation, les transports, l’énergie, l’équipement...) pour refuser les politiques organisant leur régression et leur démantèlement, et exiger qu’ils soient mis en capacité de garantir, sur l’ensemble du territoire, l’accès libre et égal de toutes et tous aux droits fondamentaux.
Les dernières mobilisations contre le contrat première embauche (CPE) ont prouvé que le caractère unitaire du mouvement et les convergences qui se sont construites peuvent aboutir à faire reculer le gouvernement et sa politique libérale.
Le ministre du « déménagement du territoire », Christian Estrosi, commençait également à le comprendre lorsque, de passage à Guéret, il a proposé une « période d’alerte » de deux ans, pendant laquelle on ne pourrait pas toucher à un service public - une sorte de moratoire. Un ancien Premier ministre en quête d’audience, Laurent Fabius, également de passage dans la « capitale de la résistance », Guéret, a également senti que dire “non” au référendum européen n’était pas suffisant, et qu’il fallait remettre en cause les politiques de privatisation dont il a lui même été l’instigateur.
Le combat continue et sa résonance dépasse nos frontières. Il sera également au centre des futures élections comme étant le symbole d’un choix de société.