Athènes a vécu un mercredi (20/11) bien maussade sous la pluie. Des mécontentements en cascade, la mauvaise ambiance et une grogne… généralisée ont ainsi marqué cette 933e journée ordinaire sous le mémorandum... sans la moindre gloire. A proximité d’un guichet automatique situé devant un supermarché à quelques kilomètres du centre-ville, des policiers en patrouille surveillaient les lieux dans l’approbation populaire spontanée : « Les voleurs ne s’attaquent plus uniquement qu’aux usagers du guichet automatique, mais aussi aux clients. Ils arrachent des mains les sacs des courses maintenant… » Tout d’un coup la sortie du parking a été bloquée. Un automobiliste avait pris la rue attenante à contre-sens, il a même tenté à s’imposer, forçant le passage. Il s’en est aussitôt suivi une bagarre entre… l’intrus et un autre automobiliste, les deux hommes s’en sont venus aux mains, provoquant l’intervention des policiers. Scène en somme banale, mais presque une caricature des mentalités du moment. Et en apparence, dirait-on loin, très loin des préoccupations de l’Eurogoupe (de sa très longue nuit du mardi à mercredi) ou de ses déchirures.
C’est vrai que dans nos immeubles, nous nous déchirons autrement, une fois de plus pour des broutilles, à savoir et notamment, sur l’immense question du moment, celle du chauffage. Les grecs se préparent à connaitre leur deuxième hiver… européen, et ce n’est pas rien. Remplir ou pas les cuves… s’entretuer pour le fioul ou alors se battre pour le bois de chauffage, voilà où nous en sommes. Pratiquement hors de tout contrôle, nos forêts disparaissent peu à peu dans nos cheminées et c’est le pays entier qui part en fumée… Plus personne ne veut, et en réalité ne peut s’approvisionner en fioul, car depuis le premier mémorandum, son prix a pratiquement triplé. Devant l’entrée d’un l’immeuble voisin, je fus le témoin d’une altercation, la deuxième du jour. Christos, le nouveau locataire du deuxième étage alors hors de lui, était en train de pousser son voisin de palier contre le mur : « Tu sais bien je n’ai plus aucune ressource, si toi ou les autres, vous vous décidez à remplir les cuves cette année, vous supporterez seuls le coût, c’est clair… »
Il y a fort à parier que la teneur et le ton de certains propos prononcés lors de l’Eurogroupe hier, n’ont sans doute guère varié. Depuis hier matin (21/11) en tout cas, nos médias boivent du petit lait, néanmoins… caillé. Les usuriers de la dette grecque s’entredéchirent visiblement (provisoirement ?), tandis que Samaras et sa Troïka de l’intérieur paniquent : « Nous avons respecté tous nos engagements, nos partenaires et nos créanciers devaient respecter les leurs », déclare-t-il (21/11) devant les cameras le Premier ministre de ce pays inexistant, comme lui. Il avait mauvaise mine Antonis Samaras, d’ailleurs. Il vient de reporter son voyage au Qatar, en attendant l’Eurogroupe de la semaine prochaine. Nos chroniqueurs à la radio, nos éditorialistes de la grande presse s’enflamment comme prévu : « Le bal masqué du dernier Eurogoroupe a pris fin. Les masques sont tombés. L’Allemagne n’admet pas de remettre… en jeu une partie de sa cagnotte d’au moins 80 milliards d’euros, ainsi générés… en instrumentalisant la crise des pays de l’Europe du sud, rien qu’en termes de taux d’intérêt [de son différentiel]. Le personnel politique de ce pays devrait enfin dire la vérité aux citoyens. Les ministres des finances de la zone euro ne sont pas parvenus à se mettre d’accord, la nuit dernière, sur le plan d’aide aide de 44 milliards à la Grèce, et c’est enfin une bonne nouvelle pour nous, même si dans une semaine on nous annoncera un soi-disant accord, retardé pour des raisons prétendument techniques. Notons aussi, que selon un récent sondage de l’institut GPO, pour Mega-TV, 62,7% des personnes interrogées se déclarent favorables au maintien de la Grèce au sein de la zone euro, ils étaient 80,9% en juin dernier. L’opinion publique, les convictions des citoyens changent alors rapidement » (Hadjinikolaou, Real-FM, 21/11).
L’Europe, ainsi que le vaste monde, ont toujours été pour nous des amours… historiquement forcés parfois ! Ces derniers jours en tout cas, j’entends énormément parler d’émigration… économique, elle retrouverait même ses allures des années 1960, d’après ce que je constate. Christos, le nouveau locataire, celui qui ne voulait plus entendre parler du fioul domestique a fini par craquer, dévoilant sa situation à ses voisins : « Comme vous le savez, je suis, ou plutôt j’étais, un petit entrepreneur dans le secteur du bâtiment, spécialiste du carrelage et des travaux de finition. Je travaillais sur les chantiers de la grande hôtellerie, ou encore sur celui des hôpitaux privés par exemple. Puis avec la crise, plus rien. J’ai quitté mon appartement car je ne pouvais plus supporter le coût du loyer. Ici… je me suis arrangé avec le propriétaire. Je lui ferai à neuf son appartement, ainsi mon loyer restera tout petit et surtout… il ne sera pas déclaré. De toute manière, il n’aurait pas loué son bien autrement… car il ne supporterait plus financièrement la nouvelle imposition sur les loyers perçus. Depuis peu, notre famille [un couple et ses deux enfants] partage cet appartement avec ma mère et ma belle mère. Nous les faisons vivre chez nous car comme mon épouse est au chômage depuis six mois, en réalité, nous survivons grâce à leurs retraites. Ce n’est pas glorieux… j’en ai honte. On vient de me proposer un gros chantier en Autriche. J’y étais il y a deux semaines, tous frais payés. C’est décidé, mon épouse et moi, partirons après les fêtes de Noël pour y rester au moins trois mois. Mon prix est imbattable, un tiers de celui habituellement pratiqué à Vienne pour la même prestation. Les autrichiens sont satisfaits, et moi, j’aurai enfin de quoi nourrir ma famille durant six mois, ensuite on avisera… je compte m’y installer peut être. Je n’ai plus d’autre choix. Sinon, s’inscrire sur les listes de la municipalité ou sur celles de l’Eglise pour bénéficier de l’aide alimentaire… nous sommes détruits dans ce pays. »
Les milliards tant retardés de l’Eurogroupe peuvent alors laisser Christos indifférent. Mercredi (21/11) justement, le nouveau quotidien anti-troïkan, « 6 Meres » [6 Jours], faisait sa « Une » sur ces 853.282 personnes officiellement inscrites sur les listes des… autorités compétentes, ainsi que sur celles de l’Eglise, pour recevoir quotidiennement de l’aide alimentaire. Dimitra, également habitante du quartier, veut sensibiliser tout le monde pour le soutien d’un orphelinat recherchant toutes sortes d’aide. Au fur et à mesure du temps de crise, le nombre d’enfants abandonnés évolue, certains parents, ne pouvant plus subvenir aux besoins de leurs enfants les confient en effet aux orphelinats. Ce n’est pas encore une pratique généralisée, car la solidarité familiale ou citoyenne n’est pas encore complètement brisée par le… Troïkanisme intégral, mais c’est déjà un signe qui ne présage rien de bon. D’ailleurs, il ne faut pas se leurrer, cette solidarité n’est pas… tellement automatique comme on aurait pu le penser, et surtout, elle ne remplacera pas les projets politiques ni leurs luttes. Elle existe fort heureusement certes, tout simplement dans certains de nos instants suspendus et somme toute, beaux. Comme l’autre jour ce père, sortant de la boulangerie du coin, qui a offert une brioche à un mendiant, sans même prononcer un seul mot.
On dirait cependant qu’une normalité apparente règne encore sur Athènes. Ses cafés sont assez fréquentés, tout comme son aéroport, qui aurait tout de même perdu pratiquement un tiers de son trafic en ce 2012 maudit. Apparences bien trompeuses mêlées à d’autres, devenues incontournables. Les nombreux exclus ne fréquentent plus tellement l’espace public, il faut le dire. Mes amis… plus au chômage que moi, s’enferment chez eux en attendant… l’implosion. Lorsqu’on fréquente certains lieux de la ville ou bien l’aéroport, on est en mesure de saisir la déchirure sociétale sans trop se tromper. Mercredi soir par exemple, c’était en plein centre d’Athènes, à deux pas de la place de la Constitution qu’une Fondation pour la culture appartenant... à une banque, inaugurait une exposition sur le thème du… regard (architectural) sur la ville. Un représentant du British Council (coorganisateur de l’exposition) prit même la parole. Un petit monde réuni en…. comité oasis, offrant aux rares passants un spectacle alors surréaliste par les temps qui courent. Un vieil homme, relativement bien habillé (peut-être bien pour ne pas effrayer les citadins encore normaux et surtout pour ne pas leur rappeler qu’ils peuvent aussi en arriver là, question aussi de… marketing), s’approcha du groupe : « S’il vous plaît, une petite aide, je suis un retraité nouveau-pauvre comme on dit », certains ont laissé une ou deux petites pièces…
Place de la Constitution encore, dans une salle du métro, des producteurs venus des quatre coins du pays proposaient… ce qui peut être vendu et acheté, si possible à un prix abordable, car surtout, sans intermédiaires. De nombreux passants ont goûté l’huile d’olive et les fromages de Crète ou du Péloponnèse. En d’autres temps on se focaliserait sur l’authenticité du terroir, mais des nos jours la réclame faite pour ces produits, promet « le salut pour ce temps [de crise] que nous vivons ». Ces derniers jours, nous avons aussi découvert ces nouvelles affiches d’un mouvement qui se dit anarchiste, et qui par cette voie, lance un appel « dans le but de constituer une milice antifasciste ». A travers la presse des derniers jours, on apprend que de leur côté, les « miliciens » de l’Aube dorée recrutent parmi les chômeurs, leur proposant d’abord du travail, en somme précaire, dans l’agriculture par exemple. Le ministre de la Police, Dendias, prétend que « la situation est sous contrôle, et que les récentes inculpations de certains sympathisants de l’Aube dorée pour détention d’armes et d’explosifs, prouve que les autorités font leur travail ».
Notre jardin d’acclimatation au nouveau totalitarisme… velouté ou pas, réagit finalement assez convenablement aux protocoles des banques. La néo-colonisation de la Grèce, mise en œuvre par les élites du grand pays réunifié dont 20% de la population est officiellement pauvre ne nous enchante pas forcement. Vivre en zone européenne occupée (via la dette) est en somme une situation dont nous commençons tout juste à prendre la mesure, et encore pas complètement : La carence la plus grave subie par le colonisé est d’être placé hors de l’histoire et hors de la cité, d’où la mise à mort de nos institutions démocratiques. Là où la situation nous semble plus compliquée à résoudre, c’est lorsque nous réalisons que le sort réservé aux autres peuples… élus de la zone euro ne serait guère différent à terme, et toute proportion gardée. Car ailleurs, on ne parlera pas encore d’occupation, ni de dictature en gestation, et on évoque même pour une énième fois, la prétendue fuite en avant dans la construction de l’Europe (Le Monde 22/11), sauf que les mythologies, même les plus tenaces, n’ont qu’un temps. Y compris chez certains magnats de la presse grecque, qui viennent de l’apprendre à leurs dépens.
C’est ainsi que la nouveauté de ces derniers jours, se résume à cet étonnant revirement dans les positions des « grands » journalistes ou même directeurs, appartenant à de groupes de presse (radio et télévision comprise), qui jusqu’à la semaine dernière, figuraient parmi les meilleurs défenseurs de l’ordre mémorandaire. Stavros Psycharis, le patron du groupe de presse DOL (Ta Nea, To Vima, Mega TV), a signé récemment un éditorial (« La Grèce n’est pas une colonie » – To Vima 18/11), fustigeant « l’occupation troïkane faite aux banques grecques, néfaste pour l’économie de notre pays », tandis que son journaliste ténor, Yannis Pretenteris, s’est offusqué de « cette botte allemande qui nous écrase le coup, nous laissant tout juste respirer pour enfin tout avouer, comme dans un interrogatoire, à savoir notre soumission » (Mega-TV, 19/11). Pauvres gens (riches) ! La raison apparente de cette tempête dans un verre d’eau est pourtant simple. Les banques grecques, alors en phase de passer effectivement sous le contrôle des capitaux allemands, n’accordent plus leurs largesses aux anciens piliers du système Troïkan, et du système népotiste bipartite régnant en maître en Grèce depuis presque quarante ans. C’est ainsi que Psycharis a précisé dans son article que son journal, « même réduit à deux feuillets, finira par être diffusé entre citoyens main dans la main ». Décidément, on frôle le syndrome de la grande résistance, mais c’est trop tard (les concernant).
Je crois, et je ne suis pas le seul à partager cette analyse entre Athènes et… la Béotie toute proche, que les nouveaux maîtres du pays, autrement dit Berlin et les autres usuriers conquérants moins apparents, regardent bien plus loin que la caste des Kshatriyas locaux. Le personnel politico-médiatique de la colonie est à ce point corrompu (les tenants du grand capitalisme allemand, Siemens en tête en savent quelque chose, pour n’évoquer qu’une affaire qui au moins est arrivée jusqu’aux salles d’audience des tribunaux allemands), et déconsidéré qu’il va falloir s’en débarrasser à moyen terme. C’est-à-dire, à partir du moment où on en connaîtra avec une meilleure précision les contours des structures et des institutions mises en place par la nouvelle colonisation du pays. Nos petits politiciens découvrent ainsi la face cachée de la lune, la leur, tout surpris qu’ils soient, des derniers événements de l’Eurogroupe, présentés comme dramatiques. On dirait que Samaras et les siens n’ont jamais lu une seule ligne de Thucydide ou d’Aristote. C’est dans le même ordre, issu du nouveau monde méta-capitaliste, qu’une partie de la petite bourgeoisie helladique découvre effrayée, qu’on ne lui laissera pas franchir le Rubicon (ou le Pisciatello !) du futur, alors proche. D’où le cri d’indignation (et de désespoir) de Psycharis et des siens. Quelle naïveté ! Croire que les (nouveaux) maîtres du pays continueraient à user des veilles… « blanchisseuses » historiques de notre sinistre systémisme.
Le capitalisme, et davantage même le méta-capitalisme (c’est-à-dire sa dernière mutation hystérique), n’est pas un pot de fleurs mais plutôt, une serre à… cactus. Je dirais même que la toute récente bataille entre… cactus (FMI contre U.E., autrement-dit, États-Unis contre Allemagne), prouve qu’il a urgence quant à la gestion du… jardin d’acclimatation grec. Le changement politique est imminent, suite à la mutation et destruction imposées à l’économie réelle et à la société. La question, encore une fois, consisterait à identifier les acteurs du changement avec précision (et ainsi « anticiper »). Car le, peuple, même confus, abruti, abattu, et en voie de partielle fascisation peut encore réagir et imposer ses solutions. Je constate même jour après jour, que ce peuple à travers certaines de ses représentations, devance les ténors politiques alternatifs (ou « alternatifs »), ceux de notre gauche par exemple, pour ce qui concerne la « solution européenne » à la crise, ainsi que le bon usage de la géopolitique du monde actuel.
Chez Syriza pourtant, on fait semblant d’ignorer ce paramètre. A moins que certains contacts très récents, entre cadres syrizistes et représentants du monde politique allemand et américain, placeraient ce mouvement dans une perceptive « avant-gardiste »… encore ignorée du bas peuple ! Certains camarades issus de l’aile gauche chez Syriza en sont visiblement inquiets, (au même titre que sur l’épineuse question des transfuges Pasokiens), et ils le font savoir publiquement. Nous avons ce que nous méritons, ou presque, en politique. Prenant au mot une récente affiche du parti de la Gauche Radicale (« Syriza c’est toi »), je dirais que la mobilisation citoyenne et populaire devrait (aussi) imposer un certain calendrier et surtout des limites à briser et d’autres à ne plus dépasser. C’est certes facile à dire et bien plus délicat à réaliser, surtout lorsque nous sommes environ un tiers des citoyens décidément démocrates (à bouger).
Entre-temps, le pays tourne encore ou plutôt, fait semblant. Place de la Constitution on démonte à présent les terrasses car l’hiver arrive, tandis qu’en Grèce centrale, on peut suivre un concert de la « Crisis pop music ». Au même moment, des banderoles en noir, posées devant les hôpitaux de la capitale rappellent que certaines catégories du personnel n’ont pas reçu de salaire depuis plusieurs mois : « Sans salaire, nous avons faim ». Notre nouvelle presse anti-mémorandum quant à elle, se penche sur le véritable calvaire des (rares) grévistes potentiels du secteur privé, reportage à l’appui. Car il n’est pratiquement plus question de faire grève dans ce secteur, Spyros par exemple travaillant pour un service de l’aéroport d’Athènes et gréviste du 7 novembre, a été aussitôt licencié le lendemain. Ailleurs, les salariés grévistes, ont appris leur licenciement par SMS. D’autres entreprises, n’hésitent plus à licencier l’ensemble des salariés syndiqués pour ainsi « déminer » le terrain. Lutter au sein des entreprises (comme ne cessent de le répéter les dirigeants et cadres du parti communiste par exemple), n’est plus un casse tête pour les salaries, c’est carrément la guillotine du chômage. D’autant plus, que déjà, une presque moitié des (ex) travailleurs du secteur privé sont au chômage et que les conventions collectives sont de fait abolies. Au même titre que le débat Parlement notons-le.
C’est aussi en cela que l’on mesure l’avancement de la mise à mort du projet démocratique, car incompatible, avec la « gérance » exercée par les usuriers des dettes souveraine aux affaires (autrefois) communes des peuples et des nations. Nous nous éloignons alors rapidement de nos (naïves) certitudes d’avant. La crise… n’en est pas une, car c’est plutôt d’un changement de régime qu’il s’agit. Un Procureur depuis la Crète, a osé publiquement déclarer récemment, que « notre pays est occupé », pour aussitôt bénéficier du soutien médiatisé d’une de ses collègues. C’était sans compter sur la réaction du Procureur de la plus haute juridiction du pays, qui a entamé une procédure « visant à sanctionner, voire d’exclure les deux procureurs du corps de la justice, pour avoir tenu des propos graves et surtout incompatibles avec leurs fonctions ». L’Union des Procureurs du pays s’est prononcée en faveur des deux magistrats, et l’affaire, comme tant d’autres, inaugurera une nouvelle petite bataille, toujours utile et significative à livrer. De nombreuses mairies restent occupées cette semaine, et certaines de nos poubelles ne sont toujours pas ramassées au centre-ville, mais on comprend. Puis, des amis travaillant au sein de la fonction publique sous contrat (CDI), attendent leur licenciement alors pressenti pour bientôt.
Mais Anna et son mari, tous deux retraités de la fonction publique ne veulent plus parler politique avec nous. Ils ont toujours appartenu à l’ancien monde, celui de la Nouvelle Démocratie (la droite de Samaras) plus précisément. Ils ont perdu environ 40% de leurs revenus et surtout tout espoir. Mais ils ne changeront pas d’avis. Ils comptent même sur leurs relations auprès du parti de Samaras pour influencer la direction de l’entreprise (privé) où travaille leur fils, car cette société licencie aussi en ce moment. En Grèce nous comptons plus de trente mille nouveaux chômeurs chaque mois. C’est l’hiver européen, comme le rappelle Étienne Haug à sa manière, par son projet homonyme (et abouti) de réflexion issue d’un certain nombre de reportages réalisés sur le terrain. Temps de saison, temps historique.
Panagiotis Grigoriou