Visages et corps atrocement déformés, membres atrophiés... Au Vietnam, 200 000 enfants sont nés infirmes ou malformés au cours de ces dix dernières années, victimes contemporaines des défoliants utilisés par les Américains pendant la guerre. Plus connus sous le nom d’« agent orange », de la couleur des fûts qui les contenaient, ces produits chimiques ont été déversés en masse sur le Sud-Vietnam, entre 1961 et 1971 (1). Près d’un million et demi de personnes, sur une population de 80 millions d’habitants, sont aujourd’hui contaminées. « Les associations qui travaillent actuellement au Vietnam ne peuvent pas ignorer les victimes de l’agent orange, explique Kim Vo Dinh, secrétaire de l’Union des jeunes Vietnamiens de France, alors, plutôt que d’opérer chacun dans son coin, nous avons choisi de mettre en commun nos forces afin de faire connaître ce drame à l’opinion publique, peu informée. »
Le collectif Vietnam doxine s’est constitué il y a un an. Le 30 avril, alors que l’on commémorait les trente ans de la fin de la guerre, il organisait sa première manifestation à Paris. Pour réveiller les consciences. « La guerre a beau être finie depuis trente ans, elle tue encore aujourd’hui », insiste Marie-Hélène Lavallard, membre de l’Association d’amitié franco-vietnamienne. « On en est à la troisième génération de Vietnamiens souffrant de cancers, de malformations, de cécité et de troubles neurologiques, directement imputables à l’utilisation de l’agent orange », ajoute Kim Vo Dinh. Certes, l’impact de la dioxine sur le patrimoine génétique des êtres humains n’est pas encore scientifiquement prouvé, mais le lien entre l’exposition à la dioxine et certains cancers, certains dysfonctionnements nerveux et immunitaires, et certaines malformations est avéré. La preuve, en 1984, sept entreprises américaines ayant fabriqué l’agent orange dont Monsanto et Dow Chemical achetaient, pour 180 millions de dollars, le silence de milliers de vétérans américains, atteints de cancer et prêts à porter plainte pour empoisonnement.
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(1) Entre 1961 et 1971, les États-Unis ont déversé près d’une centaine de millions de litres de défoliants contenant plus de 400 kg de dioxine. La dioxine est une substance polluante, cancérigène et tératogène (produisant des malformations chez les nouveau-nés). Plus de 10 % de la surface du Sud-Vietnam ont été contaminés.
(2) Le collectif Vietnam dioxine regroupe l’Association d’amitié franco-vietnamienne (AAFV), Aides Vietnam, l’association républicaine des anciens combattants, le comité pour le village de l’amitié Van Canh, Défi Vietnam, le mouvement de la paix, Vietnam les enfants de la dioxine, Tam Viet, l’Union générale des Vietnamiens de France, l’Union des étudiants vietnamiens en France, l’Union des jeunes Vietnamiens de France.
Contact : 06 60 58 15 71, contact vietnam-dioxine.org
Plus d’informations sur le site www.vietnam-dioxine.org
À lire : l’Agent orange au Vietnam, crime d’hier, tragédie d’aujourd’hui, par l’AAFV, aux éditions Tirésias, 2005, 15 euros.