Le 27 octobre 2005, Zied et Bouna, fuyant la police, ont trouvé la mort à Clichy-sous-bois. Quelques heures auparavant, Jean-Claude Irvoas était victime d’une agression à Epinay et décédait dans la nuit, alors que commençait le soulèvement des banlieues. Un événement terrible et confus à la fois, où le quiproquo semble avoir joué un rôle majeur : photographiant un lampadaire pour un catalogue commercial de mobilier urbain, il aurait été pris pour un policier inspectant un lieu de deal (à moins qu’il ne s’agisse plutôt d’une tentative de vol de l’appareil photo). Un an plus tard, dans son édition du 27 octobre, Le Monde tente de faire le point sur ce drame et soulève, à raison, la question de son instrumentalisation politique.
Car manipulation il y a eu. Contre la volonté de la famille, l’extrême droite s’est saisie de la mort d’Irvoas. Un lien artificiel a été créé entre le drame d’Epinay et celui de Clichy-sous-bois, au point que parfois le photographe a été présenté comme une victime du soulèvement des banlieues, alors qu’il a été mortellement blessé avant son déclanchement. On a même évoqué un « crime anti-blanc » bien que trois des quatre hommes mis en examen sont d’origine européenne (ni africaine, ni maghrébine). Il n’y a pas eu « lynchage » : un seul coup porté à la tête, alors que Jean-Claude Irvoas s’enfuyait, semble la cause du décès.
Ces dernières années, de nombreuses agressions (réelles ou fictives) ont été l’objet de manipulations polititiques et médiatiques. Ce n’est pas banaliser une mort que de refuser son instrumentalisation.