Dans une campagne électorale où la question sociale s’invite, notamment avec la mobilisation des salariés d’Airbus, la droite veut dissimuler son bilan calamiteux et a besoin des voix lepénistes au second tour. C’est évidemment ce qui éclaire les surenchères xénophobes répétées de Sarkozy. Le ministre promet une nouvelle loi sur l’immigration, en juillet, s’il est élu président, allant jusqu’à interdire le regroupement familial aux conjoints ou enfants qui ne parleraient pas déjà français. Derrière la proposition d’un « ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale », s’insinuent deux vieux présupposés lepénistes qui contaminent depuis longtemps le débat politique : l’immigration est un « problème » et, de plus, une menace pour l’identité du pays. À quand un ministère de la Préférence nationale et de l’Épuration ethnique ?
L’immigration n’est pas un « problème » et rien ne justifie un ministère de l’Immigration, même débarrassé de l’allusion à l’identité nationale, comme le souhaite Bayrou. Le problème, ce sont les législations de plus en plus répressives, qui ont précarisé les immigrés et multiplié le nombre de sans-papiers. Le problème, c’est la criminalisation des immigrés et la stigmatisation de leurs enfants. Le problème, c’est la mise en concurrence des salariés. Le problème, c’est l’utilisation démagogique du fait migratoire et l’agitation du fantasme de l’invasion.
C’est ce que le forum organisé par le collectif Uni(e)s contre une immigration jetable développera le 24 mars, à la faculté de Censier, d’où partira une marche aux lampions en direction de l’église Saint-Ambroise. C’est aussi le sentiment massivement ressenti par la population de Montfort (Ille-et-Vilaine), scandalisée par la rafle des travailleurs maliens de l’abattoir où ils travaillaient depuis des années. C’est enfin l’exigence exprimée par le collectif des cinéastes en soutien au RESF et à tous les sans-papiers, avec ce très beau court-métrage et la pétition « Laissez-les grandir ici ». Régulariser les sans-papiers et laisser leurs enfants grandir ici, l’UMP y voit l’abâtardissement de l’identité française. Si Sarkozy n’aime pas la France multiculturelle, qu’il ne se gêne pas pour quitter définitivement le pouvoir. Nous l’y aiderons !