En 2005, nous avons rejeté la constitution Giscard. Pour prolonger cette victoire dans les urnes, des comités locaux ont réunis des militants de tous les partis de la vraie gauche : c’était l’Alternative Unitaire. Ils voulaient élaborer un programme de gouvernement, et choisir un(e) candidat(e) commun(e) pour l’élection présidentielle. Des militants du PCF, de la LCR, des Verts, des syndicalistes, des associations, et beaucoup de citoyen-ne-s non encartés ont travaillés pendant des mois ensemble. C’était du jamais vu, un rassemblement de personnes aussi diverses ! Mais la direction de la LCR a renoncé à rechercher cette unité mi 2006, et le PCF a lancé à l’automne 2006 une « OPA hostile » sur ce projet, en cherchant à imposer à tout prix son choix : la secrétaire du parti (Marie-Georges Buffet). L’instance nationale de l’Alternative Unitaire (le CIUN) se comportait de plus en plus en « politburo » plutôt qu’en instance d’animation et de coordination : des comptes-rendus de réunions furent « expurgés » ; la « votation citoyenne » proposée par José Bové fut rejetée ; le site web « alternativeagauche2007.org », hébergé par une société contrôlée par le PCF, fut soumis à la censure, puis détruit ... Ces gens-là avait enterré avec condescendance la candidature de José Bové. Ils disaient : « José ? C’est un électron libre ! Il est incontrôlable ... »
Fin 2006, l’unité était morte. Toute la gauche était divisée. Toute ? Non !!! Aux 4 coins du village planétaire, reliés par Internet, une poignée d’irréductibles n’a pas acceptée de se résigner à la division. Nous ne voulions pas nous résigner à subir pendant 5 ans le petit bonhomme qui imite Le Pen, le laudanum de TF1, l’aquarium de la gauche qui renonce, ni même le baba au rhum déconfit de cette gauche antilibérale réduite à faire de la figuration faute d’avoir su rassembler.
La toile et les pyramides
Avec un appel signé sur Internet et dans la rue par 45000 citoyennes et citoyens, nous avons imposé la démocratie, le choix du candidat unitaire par les citoyen-ne-s. Dans cette insurrection citoyenne, nous sommes 5 fois plus nombreux que les Verts et la LCR réunis, 10 à 15 fois plus nombreux que les membres et sympathisants du PCF qui avaient préférés Marie-Georges Buffet au sein des anciens collectifs de l’Alternative Unitaire, et nous sommes aussi plus nombreux que les militants du PCF qui ont votés pour imposer Marie-Georges Buffet au sein de leur propre parti. La fameuse « dynamique populaire » dont ces vieux partis rêvaient depuis si longtemps en perdant lentement leurs électeurs(trices) était là ! Et non seulement ce n’était pas grâce à eux, mais en plus, ces « zozos qui veulent changer le monde » osèrent leur reprocher de ne pas avoir été foutu de s’entendre, et de laisser ainsi le champ libre à la droite dure et à la gauche molle ! Pour certains, on n’était pas loin du crime de lèse-majesté ... Mais dans tous ces partis, des « unitaires » n’eurent pas peur d’être « dépassés » : au contraire, ils s’en s’ont félicités, et ils ont fait le choix de l’unité la plus large. C’est ainsi que la candidature collective portée par José Bové réunit des membres de tous les partis, courants, et sensibilités de la gauche altermondialiste, féministe, écologiste, solidaire, communiste, socialiste, trotskyste, et libertaire. Dans toute la France, dans les DOM-TOM, dans les facs, et même à l’étranger, des comités « Uni-e-s avec Bové » se sont crées. Et contrairement à ce qui s’était passé avec « l’Alternative Unitaire », on y retrouvait non seulement les vieux militants connus et respectés (mais qui souvent peinent à rassembler), mais aussi des milliers et des milliers de citoyen-ne-s qui choisissent pour la première fois de s’engager et de défendre leurs convictions AUSSI sur le terrain électoral. Des électrons libres...
Les électrons libres
Les électrons libres ? Ce n’est pas un parti, ni une organisation au sens traditionnel. Ce n’est pas non plus un « joyeux bordel » inorganisé qui tournerait sans but précis autour de quelques neutrons, protons et autres gluons. Les électrons libres, c’est un courant. Un courant puissant. Avec un fil conducteur qui rassemble des électrons libres du PCF, de la LCR, des Verts, du PS, de LO, ... et 80 à 90% de non-encarté-e-s : la démocratie directe. Un courant puissant, qui crée un « champ magnétique » très large autour de cette idée simple : la démocratie directe : pas étonnant qu’avec certains appareils la tension soit parfois ... électrique. Nous ne sommes pas inorganisés : nous sommes « alter-organisés », en réseau, sans « chefs ». Dans notre diversité, nous ne nous reconnaissons pas dans les formes d’organisations qui défendent la démocratie sans avoir « le produit en stock ». Nous ne voulons pas, nous ne voulons plus même cautionner des formes d’organisations hiérarchiques et pyramidales qui reproduisent les pyramides hiérarchiques de la monarchie et du patronat. Il ne suffit pas d’avoir un bon projet « pour demain », « après l’élection », pour incarner un espoir de changement crédible. Nous n’accordons plus notre confiance aux partis où le centralisme l’emporte sur la démocratie, ni à ceux où la bataille interne des motions et des tendances passent avant le débat d’idées. Nous ne sommes pas non plus spécialement « anti-partis » : nous sommes même un certain nombre à y être passés, et à y avoir beaucoup appris. Nous avons une forte demande, en politique. Mais l’offre n’y est pas. En 2002, il y a eu 12 millions d’abstentionistes. Cette année, à une semaine du premier tour, 18 millions de personnes ne savent pas encore si elles vont voter, et pour quel projet.
C’est en celà que la candidature de José Bové se distingue radicalement de toutes les autres : seule la candidature incarnée par José Bové porte un espoir réel de dépasser la 5e république, de construire enfin la première démocratie française. Il est le seul à porter cette exigence largement partagée sur le terrain électoral.
La démocratie, ce n’est pas un chèque en blanc tous les 5 ans !
La démocratie, c’est d’abord arrêter de couper les gens en deux : on n’a pas d’un côté les droits du citoyens, et de l’autres les droits du travailleur. Une « démocratie » qui s’arrêtes aux portes des entreprises, ce n’est pas LA démocratie ! La démocratie, c’est la possibilité pour les citoyens de voter les budgets, de contrôler le travail des représentants élus, la possibilité de révoquer ceux qui ne donnent pas satisfaction. La démocratie, c’est aussi des papiers, et le droit de vote, pour toutes et tous. Nous voulons la démocratie directe pour les communes, les départements, les régions, et l’état, mais nous l’exigeons aussi dès maintenant pour ce qui concerne nos formes d’organisation. Aux partis établis d’entendre cette demande, s’ils ne veulent pas que le changement que tous espèrent se fassent non pas contre eux, mais tout simplement sans eux ...
Après le 22 avril, nous préparerons le second tour, les législatives, le troisième tour social et rebelle ... À notre façon : nous envisageons de développer le réseau qui s’est créé autour de la candidature collective portée par José Bové, de « s’alter-organiser » horizontalement, démocratiquement. Nous pensons aux moyens d’instituer des « gouvernements parallèles » de 400 000, 4 000 000, 40 000 000, 4 000 000 000 000 citoyen-ne-s qui pourraient collectivement voter pour un projet de loi, ou contre un projet de budget antisocial, ou qui ferait fi des droits des générations futures ...
Pour la première fois, un Président est proposé par « la base », par des citoyen-ne-s non inscrits dans la pyramide hiérarchique d’un parti. Et nous tous, parce que nous sommes des dizaines de milliers, des centaines, des millions, nous avons déjà gagné trois fois :
– une première fois en gagnant le droit de choisir LA candidature unitaire au lieu de se résigner à la division.
– une seconde fois lorsque José Bové a été investi comme candidat unitaire le 20 janvier 2007 à Montreuil.
– une troisième fois lorsque plus de 800 militants, partout, ont réussi 10 fois plus vite que les autres candidats à gagner la bataille des « 500 signatures ».
Un autre monde est en marche
Cette campagne a été critiquée : pas assez festive, pas assez rebelle, pas assez visible ... Entre le choc des cultures entre « vieille gauche » opiniâtre et courageuse, mais peu séduisante, et France rebelle et libertaire à peine convaincue d’aller voter, entre communistes et écologistes, entre groupes trotskystes et masses rien-du-tout-tistes, le dialogue n’était pas, n’a jamais été facile. Qu’il ait pu avoir lieu est déjà une petite victoire. Qui ne restera pas sans lendemain. Oh bien sûr, dans les « vieux » appareils politiques très hiérarchisés, et même dans la campagne de José Bové, la démocratie est encore un projet plus qu’un état de fait. Il y a eu, il y a, et il y aura encore des réticences à faire confiance au peuple, y compris hélas parmis des gens qui défendent des idées très proches des nôtres sur d’autres points. Il y a eu, il y a, et il y aura encore des manœuvres d’appareils, et des intérêts politiciens, avec un petit « p », pour dévoyer ou faire échouer toutes nos bonnes intentions. Qu’importe ! Quel choix aurions nous eu pour ces élections si nous avions pas osé y aller ? Nous ne laisserons pas voler nos trois premères victoires. Et nous, c’est vous toutes, et vous tous qui allez avec nous voter José Bové. Un autre monde est en marche.
Le 22 avril 2007, nous allons pouvoir savourer ces premières victoires, en glissant le bulletin José Bové dans l’urne. Parce qu’au delà même des 125 propositions issues de l’Alternative Unitaire, le vote José Bové incarne cette aspiration commune qui nous rassemble : répondre enfin aux urgences sociales, s’attaquer vraiment aux injustices et aux inégalités, démocratiser les institutions ET les partis, préserver les droits des générations futures à une Terre en bon état.
Avec le bulletin José Bové, nous exigeons que ce soit enfin les électrices et les électeurs qui en décident.