Lors de son conseil national du 28 septembre dernier, le PCF a justement ouvert avec franchise la question particulièrement délicate du choix du candidat aux présidentielles.
Après avoir écarté à juste titre des arguments anodins ou même fallacieux (à l’encontre des partis politiques), le PCF reconnaît très honnêtement la difficulté du choix de sa secrétaire générale, au nom d’un rassemblement très large. Toutefois, les garanties formelles avancées, souvent utiles, ne peuvent évidemment pas suffire : mise en congé provisoire (ce qui est traditionnel dans tous les partis), collectif de porte-parole (ce qui est déjà convenu), conseil de campagne...
De plus, l’argument de symétrie (cela serait aussi difficile pour les communistes de soutenir un autre candidat) est contre-productif : car, cet autre candidat pourrait être, compte tenu des candidatures déposées, député membre du PCF, ou apparentée communiste, ou haut fonctionnaire, ou paysan, n’ayant aucun moyen de phagocyter la campagne à son avantage ou à celle de son réseau, et à l’encontre de ce parti. A cet égard, la comparaison avec Mitterrand, en 1965, est évidemment mauvaise, quand on sait que ce dernier disposait déjà, après plus de 20 ans de vie politique nationale, d’un réseau de clubs à sa dévotion, et qu’il ne cachait pas sa volonté de parvenir à une fusion de l’ensemble de la gauche non-communiste.
Nous sommes tous, communistes ou non, devant un fait inéliminable : si Marie-George Buffet a bien l’ensemble des qualités avancées par ses camarades, un certain nombre d’autres militants (au delà même des 5 qui se sont fait connaître) les ont également, et l’insistance des dirigeants communistes à avancer cette seule candidature ne peut avoir d’autres raisons, vues de l’extérieur, que sa position de secrétaire générale (supposée) sortante. Et c’est évidemment cela qui n’est pas acceptable pour un grand nombre de celles et ceux qui peuvent faire la richesse et le succès de notre rassemblement. Car, il ne s’agirait pas alors d’autre chose que de « nationaliser » l’expérience Ile-de-France des dernières élections régionales. Cela n’a évidemment rien de déshonorant, mais ne pourrait pas déboucher sur un score beaucoup plus flatteur : ce serait seulement un rassemblement autour du PCF, contrairement à la volonté exprimée par les uns et par les autres. Or, nombreux sont celles et ceux qui ne confondent pas cette configuration et l’ambition du rassemblement en cours. Les autres candidats à la présidentielle ne manqueraient d’ailleurs pas de montrer qu’il ne s’agirait que de moderniser la vieille pratique des « compagnons de route ». Même si la plupart d’entre nous pensent que le PCF a bien changé et que ce reproche est exagéré, la démarche même de quelque uns de ses soutiens les plus archaïques, dont la conception de « l’unité » est aux antipodes de celle que nous essayons tous de promouvoir, maintient aujourd’hui encore beaucoup trop d’ambiguïtés pour que l’on puisse sous-estimer ces réserves.
La discussion franche et sérieuse doit donc se poursuivre entre nous tous. Nous pensons qu’elle peut parfaitement se faire autour du principe clé, énoncé par le porte-parole du PCF : ni rassemblement autour de nous, ni autour de personne : composante ou personnalité porteuse d’un « destin personnel ». Mais pour que cette base de discussion soit fructueuse, il est indispensable que les responsables du PCF précisent si un ou plusieurs des 4 autres candidats déclarés est visé par ce soupçon de porter un « destin personnel », et pour quelles raisons. Personne ne peut croire que cela concerne l’ensemble d’entre eux, puisque cela reviendrait à faire de la candidature de Marie-George Buffet un préalable, ce que la direction du PCF confirme ne pas vouloir faire.