Arnaldo Otegi, porte-parole de Batasuna, a été incarcéré le 8 juin sur la base d’une condamnation ancienne à 15 mois d’emprisonnement pour « apologie de terrorisme », car il avait participé à un hommage à un militant décédé. Il n’avait pas été incarcéré jusqu’ici car, en Espagne, une personne condamnée à moins de 24 mois de prison peut être maintenue en liberté en vertu d’une décision judiciaire se fondant sur son degré de dangerosité. Cette arrestation est la revanche mesquine du gouvernement de Zapatero à l’annonce de la rupture de la trêve prononcée par l’ETA.
Avec cette mesure rétroactive, on constate que la justice espagnole est plus prompte à obéir au pouvoir en place qu’à faire la chasse aux héritiers du franquisme qui se cachent encore dans ses rangs. Avec cette politique de revanche, on peut s’inquiéter de l’issue de tous les procès en cours contre les militants nationalistes et les personnalités du monde associatif basque. On peut même craindre aussi que les juges déclarent aujourd’hui illégal le processus d’autonomie de la Catalogne, acquis par référendum l’année dernière. Le gouvernement de Zapatero, qui n’a pas su mettre à profit la période de trêve décrétée par l’ETA, adopte aujourd’hui la politique de la droite qui s’en frotte les mains. Il faut répondre à la rupture de la trêve par plus de démocratie. Il n’y pas d’autre chemin que la reconstruction d’un processus de paix basé sur le dialogue et le respect du droit du peuple basque à choisir sa destinée. Mais cela implique aussi que l’ETA fasse taire les armes et n’entame pas une nouvelle spirale sanglante.