Je diffusais plusieurs messages relatifs à l’arrestation de Boris Kagarlitsky. Nous sommes pour la défense et pour la libération de tous les prisonniers politiques en Russie et certains des lecteurs de mon blog personnel me posent des questions légitimes relatives aux raisons pour lesquelles l’arrestation de Boris Kagarlitsky serait plus importante par rapport à l’arrestation de centaines et de milliers de citoyens russes pour leur opposition à la guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine.
Cette présentation est une présentation extrêmement courte en une phrase du contexte de cette arrestation.
Il n’y avait pas de démocratie depuis trente ans dans la Russie post soviétique comme il n’y avait pas de démocratie dans l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) de Joseph Staline et de ses successeurs. C’est le contexte le plus général. Nous constatons tous les jours la crise et l’aggravation de la crise de la Russie de Vladimir Poutine et, quand nous faisons la comparaison entre la crise de l’URSS et la crise de la Russie de Vladimir Poutine, nous avons l’impression d’une répétition générale et d’un éternel recommencement.
La dissolution de l’URSS en 1991 n’était pas la fin de l’histoire, contrairement au titre du célèbre livre de Francis Fukuyama en 1992. Il y a tellement de points communs entre les dernières années de l’URSS et les dernières années de la Russie de Vladimir Poutine. Il y a tellement de points communs entre la guerre soviétique en Afghanistan et la guerre russe en Ukraine. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Des militants et des organisations écrivaient récemment des messages selon lesquels les Etats Unis ne veulent pas la chute de Vladimir Poutine. De la même manière, dans les années 1980, les Etats Unis ne voulaient pas la chute de l’URSS. La dissolution de l’URSS n’était pas la conséquence de la politique de l’impérialisme américain. Elle n’était pas non plus la conséquence de la mobilisation populaire internationale contre le régime soviétique. Elle était la conséquence des contradictions internes du régime soviétique.
Toute l’histoire de la deuxième moitié du vingtième siècle n’était pas, contrairement aux apparences, l’histoire de la confrontation entre l’impérialisme américain et la bureaucratie stalinienne, c’était l’histoire de la coexistence pacifique entre l’impérialisme américain et la bureaucratie stalinienne.
Pendant la même période, des militants et des organisations de la gauche et de l’extrême gauche occidentale considéraient toujours l’URSS et les démocraties populaires d’Europe de l’Est comme des états ouvriers bureaucratiques anti impérialistes. Ils avaient totalement tort.
Il y avait pendant les trente dernières années une intégration massive du marché russe et du marché chinois dans le marché impérialiste mondial et cette intégration provoquait la naissance et la croissance exponentielle des deux nouveaux impérialismes agressifs russes et chinois. L’oligarchie impérialiste mondiale partait du principe selon lequel la démocratie politique était la conséquence automatique de la croissance économique. Rien n’est plus faux.
Personne ne voyait la montée de l’impérialisme russe, ses guerres successives en Tchétchénie, en Géorgie, en Ukraine et en Syrie. Personne ne voyait la montée de la répression et du totalitarisme en Russie, les assassinats, les arrestations et la fermeture de toutes les organisations et de tous les médias indépendants.
Voilà où nous en sommes. La guerre de la Russie de Vladimir Poutine contre l’Ukraine n’est pas seulement une guerre ukrainienne, c’est une guerre russe, européenne et mondiale.
La défaite de la Russie en Ukraine passera par l’aide militaire massive à l’Ukraine et par un véritable boycott de l’économie russe. J’écrivais et j’écrirai d’autres messages relatifs aux questions économiques et militaires.
La défaite de la Russie en Ukraine passera en particulier par la victoire du combat pour la démocratie en Russie, par la libération de tous les prisonniers politiques russes et par le soutien et l’unification de toutes les composantes de l’opposition russe.
La défaite de la Russie en Ukraine passera par des campagnes unitaires internationales pour la libération de tous les prisonniers politiques russes, comme nous le faisions du temps de l’URSS pour la libération des dissidents soviétiques.
Il est encore fécond le ventre d’où sortait la bête immonde. Il est encore vivant le célèbre poème du pasteur Martin Niemoller. Quand ils arrêtaient les juifs, je ne faisais rien, car je n’étais pas juif. Quand ils arrêtaient les communistes, je ne faisais rien, car je n’étais pas communiste. Quand ils m’arrêtaient, il n’y avait plus personne pour ma défense.
Au vingtième siècle, les partis communistes soutenaient l’URSS. Au vingt et unième siècle, les partis d’extrême droite soutiennent la Russie de Vladimir Poutine.
Il faudrait des dizaines de pages pour la comparaison entre l’Allemagne des années 1930 et la Russie des années 2020.
Bernard Fischer