Le bilan des deux derniers attentats visant un cortège officiel à Batna et une caserne à Dellys est terrible : 52 morts et plus de 150 blessés en Algérie. L’émoi dans la population est considérable, car il semblait que, depuis quelque temps, la vague d’attentats des organisations intégristes avait décru. Un communiqué d’Al-Qaida au Maghreb islamiste revendique ces actions, qui vont, une fois de plus, contribuer à créer dans la population un sentiment de peur et de démobilisation politique ne pouvant que servir le régime.
La première vague de terreur avait eu pour effet de paralyser le monde du travail, au moment où le gouvernement prenait des mesures antisociales. En dépit de quelques mobilisations radicales dans des entreprises et parmi les enseignants, la gauche syndicale et politique a quasiment disparu, et les mobilisations populaires en Kabylie se sont éteintes. Aujourd’hui, tout en prônant une politique de réconciliation avec les islamistes, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, lance une campagne de privatisations, notamment des sources d’énergie et des universités qui, jusqu’à présent, ne rencontre qu’une faible résistance. La plupart des forces de gauche se sont plus ou moins ralliées à lui face aux intégristes, sans parler de la direction du syndicat UGTA.
Lundi 10 septembre, le pouvoir organisait des manifestations de rue ou des meetings contre les attentats et, selon son habitude, la députée Louisa Hanoune, secrétaire du Parti des travailleurs (PT, qui a obtenu plus d’une vingtaine de députés et est lié au PT français lambertiste), y avait, par sa présence, apporté sa caution. Dans cette confusion, le Parti socialiste des travailleurs, qui entretient des relations fraternelles avec la LCR et la IVe Internationale, est le seul à maintenir une politique d’indépendance de classe. Il tenait, les 8 et 9 septembre, une université d’été à Alger, à laquelle ont participé près de 200 personnes, dont notre camarade Alain Krivine. Nous y reviendrons dans le prochain numéro de Rouge.