Pour échapper à un contrôle policier, deux jeunes de Clichy sous Bois sont
morts et un troisième a été grièvement blessé après s¹être réfugié dans un
transformateur électrique. On ne sait toujours pas les circonstances exactes
qui ont conduit à ce drame.
Nous voulons que toute la lumière soit faîte sur ces évènements et que les
responsabilités soient établies. A côté de l¹enquête judiciaire, nous
demandons que soit mise en place une commission d¹enquête parlementaire, que
la parole soit donnée à la population, que ceux qui ont été témoins des
évènements soient entendus.
Des violences qui révèlent une crise sociale profonde
Depuis, chaque nuit, des jeunes des banlieues pauvres, d¹abord en Seine
Saint Denis et maintenant sur tout le territoire, expriment leur révolte par
des violences qui s¹attaquent aveuglément aux représentations publiques
comme aux maigres biens des salariés et des chômeurs. Ces violences aveugles
qui ne font qu’aggraver la situation des plus pauvres, sont un révélateur de
la crise sociale dans laquelle sont plongés des pans entiers des populations
et des territoires depuis plus de deux décennies : chômage, précarité,
exclusion, discriminations, racisme, vexations, etc. C¹est l¹expression
d¹une rage et d¹un désespoir face à une société qui ne leur fait aucune
place et ne leur offre aucune perspective. C¹est aussi une réaction au
cynisme politique qui s¹est exprimé au travers des propos provocateurs et
populistes du Ministre de l’intérieur, stigmatisant des populations entières
et ne prônant que la répression pour toute politique.
Les responsabilités du gouvernement
Le gouvernement actuel et celui qui l’a précédé portent une lourde
responsabilité dans l’aggravation de la situation. En refusant d¹entendre
les souffrances des populations et des jeunes, en étendant la précarité
sociale, en organisant le recul des services publics, en réduisant les
subventions aux associations, en supprimant la police de proximité, en
contraignant des milliers d’habitants à déménager pour cause de démolitions,
ils ont délibérément déstabilisé les fragiles liens sociaux qui demeuraient.
Leur attitude méprisante à l¹égard des populations des banlieues frappe
aussi les lycéens en grève traînés en justice, les salariés en lutte
réprimés par la force, les chômeurs radiés de l¹indemnisation. Leur
politique organise partout l¹insécurité sociale.
Le gouvernement a franchi une nouvelle étape, d¹une extrême gravité, en
réactivant une loi d¹exception datant de la guerre d’Algérie, délivrant
ainsi un message désastreux. Cette décision témoigne d¹une volonté politique
d¹escalade sécuritaire pour masquer l¹impuissance politique à apporter des
solutions de fond. Les banlieues n¹ont pas besoin d¹état d¹exception ; elles
ont besoin, désespérément, de justice, de respect et d¹égalité.
Le retour au calme est nécessaire et urgent
L¹affaiblissement des solidarités, le recul des services publics, la
pauvreté tendent à dresser les victimes les unes contre les autres. Les
violences aveugles divisent celles et ceux qui auraient besoin d¹agir
ensemble pour changer la vie. Les forces réactionnaires et d¹extrême droite
rivalisent dans la surenchère répressive. Les désordres provoqués sont
invoqués par la droite pour se présenter ‹ à des fins électoralistes ‹ comme
le meilleur rempart du « maintien de l¹ordre ». La prorogation de l¹état
d¹urgence confirme cette stratégie gouvernementale ; alors que c¹est
l¹urgence sociale qu¹il faut décréter.
Reconstruire l’espoir
Les politiques libérales n¹ont pas résolu les problèmes posés, elles les ont
aggravés, comme les vingt dernières années le démontrent. Elles ont favorisé
l¹accumulation inouïe des richesses par un petit nombre au prix du recul de
la situation du plus grand nombre et d¹un creusement des inégalités.. Partir
de ce constat est nécessaire pour tracer d¹autres orientations.
Les problèmes multiples auxquels le peuple de notre pays est confronté
appellent des réponses d¹ampleur. Nous avons des propositions d¹actions qui
doivent être menées dans différentes directions et qui changeraient vraiment
la donne : politique de l’emploi, amélioration du pouvoir d¹achat,
solidarité sociale, éducation et formation, développement des services
publics, réhabilitation et revalorisation des quartiers populaires, lutte
contre les discriminations et le racisme, droits démocratiques et citoyens.
Cela suppose que nous nous réunissions toujours plus nombreux pour une
politique qui rompe véritablement avec les politiques libérales qui
aggravent les inégalités sociales et territoriales et qui détruisent les
solidarités conquises. C’est l’objectif des collectifs du 29 mai qui
réunissent des forces diverses partageant cette volonté.