• Comment l’union de ces trois composantes a-t-elle pu se réaliser ?
Myriam Martin – Nous avons proposé le rassemblement de la gauche radicale, en toute indépendance du PS. Des rencontres ont eu lieu avec des militants antilibéraux et, parmi eux, des communistes ou des « ex », qui ne sont pas d’accord avec la politique d’alliance avec le PS. Avec les Motivé-e-s, des nuances existent depuis longtemps dans la façon dont on aborde les problèmes, les priorités que l’on se donne. Mais c’est un courant qui fait partie de la gauche radicale et qui, malgré les difficultés, a fait du bon travail au conseil municipal. La liste est animée par un collectif pluraliste. Nous voulons à la fois trouver une identité commune et faire de la diversité de sa composition un atout. C’est pourquoi nous avons désigné trois porte-parole : Salah Amokrane, conseiller municipal sortant et ancienne tête de liste des Motivé-e-s, Sylvie Lorthois, de l’Appel unitaire antilibéral, et moi-même.
• Quel lien entre cette liste et le lancement des collectifs pour un nouveau parti anticapitaliste ?
M. Martin – Nos partenaires ne sont pas tous en accord avec notre proposition de nouveau parti. Nous avons décidé d’en débattre et de respecter le point de vue de chacun. À l’issue de la campagne, peut-être – et nous l’espérons vraiment – certains souhaiteront-ils construire à égalité le nouveau parti. Mais nous ne voulions pas faire de cela une condition de l’accord.
• Toulouse, quatrième ville de France, est dirigée depuis près de 40 ans par la droite, quels sont les grands traits de sa gestion et les conséquences pour la population ?
M. Martin – Le maire actuel, comme ses prédécesseurs, se réclame de la gestion locale, de l’apolitisme. Mais le faux-nez centriste tombe vite quand on regarde la réalité. Moudenc cogne aussi dur depuis le Capitole que Sarkozy depuis l’Élysée. Bilan, cette ville est fiscalement riche, mais socialement pauvre. La jeunesse étouffe et on ne lui offre qu’un avenir de précarité. Les habitants des quartiers sont victimes de discriminations multiples et les révoltes des jeunes, notamment en 2005, en ont été l’une des expressions. Toulouse est engorgée et les mesures prises en faveur des transports en commun relèvent du prestige. Elles tournent le dos à la nécessité d’un service public efficace des transports, complémentaire et gratuit dans toute l’agglomération. On privilégie les intérêts financiers de groupes privés comme Veolia (distribution de l’eau) et Vinci (parkings, vélOtoulouse…). Après la catastrophe d’AZF, dont elle est coresponsable, la droite a protégé Total plutôt que de s’occuper sérieusement des victimes, riverains et travailleurs et de se porter partie civile.
• Quels sont les axes principaux de votre campagne ?
M. Martin – Nous voulons profiter de cette occasion pour dénoncer les méfaits de la politique du gouvernement et du Medef, mais aussi, bien entendu, celle de la droite locale. Nous proposons un plan de mesures d’urgence, celles qu’une municipalité vraiment à gauche devrait mettre en œuvre. Parmi celles-ci, l’exigence de l’application de la loi de réquisition des logements vides, la réorientation de toute la politique du logement et de l’urbanisme pour satisfaire les besoins sociaux, la gratuité des transports, le développement d’un réseau dense combinant bus, métro et tram, la piétonnisation du centre. Nous voulons une baisse radicale des prix de l’eau avec la gestion directe des services de l’eau et de l’assainissement. Enfin, nous proposons la mise en place de conseils de quartier avec budget et pouvoir de décision, et nous ferons de la lutte contre toutes les formes de discrimination une priorité.
Toulouse
Maire : Jean-Luc Moudenc (UMP)
Population : 431 500 habitants
Taux de chômage : 9,9 %
Inégalités : 60 % des ménages ont un revenu mensuel inférieur à 2 040 euros, 40 % inférieur à 1400 euros. 18 % des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté avec moins de 738 euros par mois. 3 000 ménages sont assujettis à l’ISF, avec un patrimoine moyen déclaré de 1 530 000 euros !
Logement : 9 900 logements vacants.
Le chiffre des municipales de 2001 : 12,49 % pour la liste Motivé-e-s.
Site Internet de la liste : http://www.debout2008.org.