Lutte ouvrière conteste le nombre de listes présentées ou soutenues par la LCR qui, après un pointage rigoureux, serait de 187. Certes. Mais, comme nous l’avions dit, nous étions aussi présents dans des petites communes, ce qui fait effectivement plus de 200 listes. Mais passons sur cette querelle de chiffres où, derrière la dérision, perce une certaine aigreur. L’essentiel n’est pas là.
Dans l’article, le rédacteur de LO pose la question sur nos listes : « Combien sont présentées par la LCR et combien sont des listes unitaires ? » La réponse a été donnée dans Rouge ou sur le site de la LCR : plus de la moitié sont unitaires. Nous avons même déploré qu’à de rares exceptions près, Lutte ouvrière (LO) n’ait pas pris toute sa place dans ces cadres unitaires, préférant cautionner la gauche institutionnelle. Quant au mauvais procès qui nous est fait « d’annexer » des élus des listes unitaires, il suffit de se reporter au numéro 2244 de Rouge : « Cette unité nous a permis d’avoir 99 élus, dont quelques-uns pour LO et le PT [Parti des travailleurs, NDLR], plus d’une vingtaine pour des candidats membres du PCF, autant pour la mouvance alternative et une petite cinquantaine pour la LCR. »
Enfin, le rédacteur de LO s’interroge : « Pourquoi, diable, faut-il que la LCR éprouve le besoin d’amplifier des résultats dont il n’y a pas à rougir – si tant est qu’il y ait lieu de rougir d’un résultat électoral ? » Passons sur la deuxième interrogation qui, peut-être, s’adresse plus à LO qu’à nous-mêmes. En ce qui nous concerne, nous n’avons effectivement pas à rougir de nos résultats. Bien au contraire. En revanche, on peut s’étonner de la manière dont LO rend compte des siens : « Après les deux tours, Lutte ouvrière a donc 79 élus au lieu des 33 élus lors des précédentes municipales en 2001. » À vrai dire, LO a eu, sur des listes présentées par elle seule, quatorze élus, et 65 sur ce que LO appelle des listes d’union, et que nous nommerons plus sobrement des listes conduites par le PS ou le PCF. Les bons comptes faisant les bons amis, ceci méritait d’être rappelé.
En arithmétique d’élus, le choix de LO a été payant mais, politiquement, cela se discute. Dans une dépêche de l’AFP du 19 mars, on apprend que « les conseillers LO feront partie de l’exécutif municipal et seront solidaires en votant le budget ». Là est l’essentiel, là est le fond de la divergence, et toutes les critiques sur la forme n’y changeront rien. Pas même la précision relatée dans cette dépêche : « Toutefois, ils [les élus, NDLR] garderont leurs libertés d’expression et émettront des réserves lorsque les mesures leur paraîtront insuffisantes ». Encore heureux ! Mais lorsque des mesures seront insuffisantes – qui peut en douter ? –, restera une question : pourquoi LO a choisi d’être une béquille du social-libéralisme du PS et une rustine pour un PCF déclinant, plutôt que d’opter pour une totale indépendance politique comme l’ont fait la LCR et ses partenaires ?