I. Processus constituant du NPA : des questions, des réponses (1)
• Où et comment s’implantent les comités ? En pleine extension, le phénomène dépasse déjà largement la réalité de la LCR. Les structures qui se créent disposent d’un noyau de camarades capable de les animer et d’un nombre minimum de membres. Mais ce qui frappe, ce sont les possibilités de changement qualitatif illustrées par plusieurs expériences réussies : nous visons un recrutement plus large et plus populaire que celui de l’actuelle LCR. Cela veut dire que le nouveau parti doit être mieux implanté dans les quartiers populaires et les entreprises. Ce qui suppose parfois un effort volontariste pour organiser des réunions de lancement, là où la LCR n’est pas ou peu implantée. Il existe aussi quelques initiatives ou velléités de lancement par des groupes d’individus qui ne sont pas membres de la LCR, dans quelques quartiers, des villages, des entreprises, des établissements scolaires où la LCR n’est pas présente. Si vous lisez ces lignes et que vous êtes dans ce cas, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.
• Quels contacts unitaires ? Nous savons qu’il n’existe pas, pour l’instant, de partenaire implanté nationalement pour le projet lancé par la LCR. Néanmoins, nous constatons que de nombreuses personnes qui participent au processus ont une expérience militante, associative, syndicale ou politique. Partout, les forces ou groupes susceptibles de pouvoir participer au processus, qui existent à l’échelle d’une région, d’un département, d’une ville, d’une entreprise ou d’un quartier, ont été invités à débattre. Évidemment, on ne sursoit pas à toute activité en l’attente de disposer de « partenaires », se laissant paralyser par d’interminables négociations unitaires. Mais, chaque fois que c’est possible, il est très positif qu’il y ait action unitaire avec de tels groupes de militants.
• Comment appeler les comités ? Comment sigler le matériel ? Le nom qui, provisoire par définition, semble s’imposer est « comité pour un nouveau parti anticapitaliste de tel ou tel endroit » ou « comité d’initiative pour un nouveau parti anticapitaliste ». Lancer une structure nouvelle, c’est chercher à créer une identité nouvelle et c’est dynamisant. Mais pour la populariser massivement, c’est plus dur… Ce qui est connu à une large échelle, c’est Olivier Besancenot et, dans une moindre mesure, la LCR. La notoriété dudit « comité pour un nouveau parti anticapitaliste » n’en est pas là, loin s’en faut. Ceci étant, le comité en question, ce n’est pas la LCR, et il ne faut pas que cela le soit. Comment résoudre cette contradiction ? Il n’y a pas de solution magique et unique. La plupart du temps, on voit se rajouter, dans le matériel diffusé localement, quelques phrases d’explication, du type : « La LCR et son porte-parole Olivier Besancenot ont lancé un appel pour un nouveau parti anticapitaliste. Dans nos entreprises, nos quartiers, sur nos lieux de travail et d’étude, partout, des comités se créent. Ensemble, prenons parti ! »
• Que font les comités une fois lancés ? Passé la première réunion, il s’agit de concrétiser et de pérenniser. Pour cela, il faut que les réunions soient à la fois utiles et intéressantes. Il faut donc débattre et agir. Débattre des questions brûlantes posées par l’actualité pour élaborer une orientation, ouvrir la discussion sur le programme du NPA, son profil, son fonctionnement, son nom, etc. Agir, c’est-à-dire mener des campagnes de parti en lien avec les choix d’orientation faits, participer aux campagnes unitaires, discuter de l’insertion militante au service des luttes et des mobilisations sociales. Le piège, chacun l’a compris, ce serait de s’enfermer dans de « l’interne ». Faire cela, c’est organiser peu à peu les transferts des activités entre les structures de la LCR, plus « rodées », et celles du nouveau parti. Il faut aussi penser à la formation : on ne peut pas débattre à égalité, si l’on n’a pas acquis une formation préalable suffisante pour pouvoir le faire. Et ce n’est pas qu’un problème individuel que de s’y consacrer.
* Paru dans Rouge n° 2250, 01/05/2008.
II. Processus constituant du NPA : des questions, des réponses (2)
De nombreuses questions se posent au sein des comités pour le nouveau parti anticapitaliste (NPA). Comme la semaine dernière et la semaine prochaine, « Rouge » aborde une partie d’entre elles.
• Cela veut dire quoi, concrètement, un parti de militants ? Partout cette question se pose. Parfois, on vient juste pour adhérer. Mais personne ne veut que notre nouveau parti calque ses pratiques sur celles du PS, avec des campagnes d’adhésion sur le Net à 20 euros par an. Cependant, entre cette caricature et l’autre, celle d’un parti « de moines », il y a de la marge ! Un parti de militants suppose cohésion, régularité, investissement, mais aussi diversité et souplesse. La plupart du temps, on constate une moyenne quinzomadaire pour les réunions. Dans les comités déjà constitués – comme c’est d’ailleurs aussi le cas dans la LCR –, tous les membres ne sont pas présents à chaque réunion et les niveaux d’investissement sont très variés. Nous voulons aller vers un parti de militants, dans lequel chacune et chacun puisse trouver sa place en fonction du temps que chacune et chacun souhaite, ou peut, consacrer. Il faut que l’engagement puisse durer… Pour cela, chacune et chacun doit pouvoir trouver sa place et s’insérer dans le jeu du débat et de l’action politique.
• Comment articuler réunions des comités et instances de la LCR ? Bien entendu, la LCR existe… tant qu’elle n’est pas dissoute. Et ses instances ont toute légitimité pour se réunir au rythme qu’elles souhaitent. Néanmoins, la pratique montre que toutes et tous, militants de la LCR ou pas, mettent l’effort maximum dans la construction des comités. Nul ne veut entretenir l’existence de deux identités parallèles (membres et non-membres de la LCR), là où il nous faut converger et dépasser les identités passées pour trouver une identité commune pour le futur. Le transfert des « compétences » entre les sections de la LCR et les comités se fait à des rythmes différents selon les endroits. Les directions locales et nationale de la LCR vont peu à peu, elles aussi, confier la conduite du processus aux coordinations locales et à la coordination nationale. Quant aux débats internes de la LCR, ils n’ont rien de secret pour celles et ceux qui participent à la construction du nouveau parti.
• Comment coordonner les comités ? De façon générale, une fois lancé, le comité se dote d’un bureau pour l’animer, associant des camarades issus de la LCR, d’autres de groupes militants associés, et d’autres qui ne sont issus d’aucun mouvement politique. Dès qu’il existe un nombre significatif de comités, ils se coordonnent à l’échelle d’une agglomération, d’un département, d’une région…
• Comment prépare-t-on la coordination nationale de juin ? Cette réunion est à l’appel de la direction de la LCR. Il ne peut en être autrement car, aujourd’hui, il n’y a pas d’autre structure nationale légitime pour le faire. Le but est justement de modifier cette réalité. La direction nationale de la LCR, qui se réunit mi-mai, proposera un mode d’emploi plus précis. On peut imaginer un mécanisme souple de délégation, par exemple deux délégués par comité. Cette coordination nationale peut être l’occasion d’un travail en commissions sur le programme, le nom, le fonctionnement, l’orientation politique immédiate et un comité de pilotage pourrait être désigné afin de « driver » le travail nationalement jusqu’à une nouvelle coordination nationale, en octobre.
• Quelles bases pour le débat politique ? Comment choisira-t-on le nom du nouveau parti ? Sur le nom, le débat a déjà commencé. Les idées foisonnent. Il reviendra au groupe de pilotage national de proposer une méthode de choix. Peut-être, peut-on imaginer une procédure par élimination, qui permettrait de sélectionner deux ou trois noms pour ensuite les opposer dans le cadre des congrès locaux et du congrès national de fondation ? Ou faire ce tri au congrès national ? D’ailleurs, il en va du nom comme du reste des décisions sur le programme et l’orientation. Les bases de la discussion sont connues : nous voulons construire un parti pour en finir avec le capitalisme, et donc révolutionner la société. Un parti qui privilégie les mobilisations, sans refuser par principe – au contraire – la participation aux élections et de s’appuyer sur les élus indépendants qui en découleraient. Un parti qui agisse contre l’exploitation et l’oppression, pour un programme de mesures sociales d’urgence, pour le socialisme, l’écologie et le féminisme, en œuvrant à l’unité la plus large dans le cadre des mobilisations, mais qui assume l’indépendance pleine et entière vis-à-vis de la direction du PS. À partir de là, il reviendra au congrès national de fondation de préciser l’identité politique précise du nouveau parti, et il reviendra au groupe de pilotage national, issu de la réunion de juin, d’organiser le congrès et de proposer un ordre du jour, sur la base du mandat de travail qui lui sera donné en juin.
* Paru dans Rouge n° 2251, 08/05/2008.
III. PROCESSUS CONSTITUANT : Des questions, des réponses (3)
« Rouge » termine cette semaine une série d’articles sur les questions qui se posent dans les réunions sur le nouveau parti anticapitaliste. Toutes sont toujours en train d’être débattues et, forts de nouvelles réponses, nous y reviendrons.
• Que signifie être indépendant des institutions ? Les institutions ne sont pas neutres. Elles sont au service de la défense de la société telle qu’elle est. Penser que l’on peut véritablement changer l’ordre des choses en se contentant des élections et de la participation à la gestion des institutions, c’est se tromper lourdement et, parfois, chercher à tromper la population. Mais cela ne veut pas dire, pour autant, que nous refusons d’avoir des élus ! Ce que nous refusons, c’est la cogestion de l’État ou des grandes institutions locales avec le PS, principal parti de gauche à l’étape actuelle, parce que cela conduit inévitablement à cautionner des politiques à l’inverse de ce pour quoi nous nous battons au quotidien.
• Parti ? Mouvement ? Le débat sur cet aspect recoupe des réalités différentes. Il faut cerner les éventuelles divergences. La LCR ne défend pas mordicus que le terme « parti » doive absolument figurer dans le nom que se choisira le nouveau parti. Nous sommes prêts à discuter du nom, des formes, du profil, de façon très ouverte. Mais nous tenons fermement à ce que le nouveau parti anticapitaliste soit cohérent au plan national et qu’il soit 100 % démocratique. Cela suppose des règles strictes, qui prévoient la désignation d’équipes de direction nationale et locale mandatées, contrôlées, conformes aux débats politiques qui la traversent. Cela suppose aussi qu’elles soient à l’image de l’organisation que nous avons constituée, à la fois en termes de représentations sociale et géographique. Il faut une cohérence nationale, parce que nos adversaires – la droite et le patronat – agissent de concert sur tout le territoire. Mais il faut aussi laisser une large part d’autonomie aux sections locales du nouveau parti…
• Quels liens internationaux ? Nos adversaires sont organisés à l’échelle nationale, mais aussi internationale. De même que nous construisons en France un nouveau parti, il faut aller vers une nouvelle Internationale afin de rassembler les anticapitalistes et les révolutionnaires du monde entier. Nous proposerons au nouveau parti, qui sera clairement internationaliste, d’œuvrer dans cette voie. Comme les thèses de notre congrès l’ont indiqué, nous ne demanderons pas au nouveau parti anticapitaliste d’assumer l’histoire particulière de la LCR et, donc, son affiliation à la IVe Internationale. Mais, en même temps, tant qu’une nouvelle Internationale n’aura pas surgi, il sera très important de préserver tous les liens internationaux tissés par la LCR, au sein de la IVe Internationale comme avec d’autres mouvements politiques qui se situent sur le terrain de l’internationalisme. Les formes que cela prendra doivent évidemment être soumises au débat et à l’appréciation de toutes et de tous.
• Et les jeunes ? En avril, la première réunion nationale de jeunes a été un succès, avec 250 participants et participantes. Avec 35 villes représentées, nous disposons d’une première photographie nationale : une véritable dynamique se met en place associant JCR, secteurs jeunes de la LCR, militants de petits groupes d’extrême gauche mais, surtout, des jeunes pour qui c’est le premier engagement militant. À noter qu’étaient relatées des expériences d’intervention dans les cités, aux côtés de lycéens et d’étudiants. Une autre réunion est prévue à l’automne, mais l’investissement et la présence de tous les comités jeunes lors de la réunion de coordination des 28 et 29 juin sont une priorité. D’autant que la mobilisation actuelle des
lycéens – lycées généraux comme lycées professionnels – illustre les possibilités de radicalisation et d’organisation de cette génération, décisives pour la réussite du NPA.
• À quand un site Internet national et un journal national ? Des sites Internet locaux sont nés – tant mieux – et on demande souvent pourquoi il n’existe pas encore de site national… Ce sera au comité de pilotage issu de la réunion de la fin juin de s’en charger. Pour l’instant, le site national de la LCR permet de faire circuler l’information et de populariser le projet. Cette situation correspond à la réalité actuelle. C’est le même principe en ce qui concerne le journal.
• Et l’argent ? Question omniprésente ! Normal : c’est le nerf de la guerre. Des systèmes locaux se mettent en place pour financer l’activité des comités NPA, comme il faudra financer le nouveau parti. Les participations financières à ces comités tiennent compte des différences de rémunération entre les adhérents. Le principe qui veut que l’on participe en fonction de ses revenus est bon. Il ne faut pas non plus que les cotisations aux comités constituent un surcroît, une surcharge, pour celles et ceux qui sont membres de la LCR et qui, évidemment, continuent d’y cotiser ! Dans la mesure où le transfert des activités entre les structures de la LCR et les comités NPA se fait, il est logique que les dépenses se transfèrent dans le même sens et, donc, que la LCR apporte sa contribution, sans tout payer, aux dépenses des comités. Enfin, une « souscription nationale 2008 » de la LCR est lancée. Elle est différente des précédentes, à un double titre : d’abord, parce qu’elle vise à financer la création du NPA. L’association de financement du nouveau parti n’existe pas encore, par définition ; ensuite, parce que, cette année, nous avons fixé un objectif à atteindre supérieur à celui des années précédentes, à savoir 200 000 euros. Comme nous le faisions pour les sections locales de la LCR, un système de reversement d’une partie de la souscription aux comités locaux est à l’étude.
* Paru dans Rouge n° 2252, 15/05/2008.