TOKYO CORRESPONDANT
Washington a annoncé, le 16 mai, la reprise de son aide alimentaire à la République populaire démocratique de Corée (RPDC), victime d’une grave pénurie qui risque de se traduire par une nouvelle famine. Dans la seconde partie des années 1990, le manque de nourriture avait fait près d’un million de morts (5 % de la population).
« Les deux parties sont parvenues à un accord sur les mécanismes permettant de vérifier que l’aide parviendra bien aux populations les plus vulnérables », précise un communiqué d’USAID, organisme d’assistance des Etats-Unis. Le détournement de l’aide internationale est une préoccupation constante des organisations humanitaires en RPDC. A partir de juin, les Etats-Unis doivent lui fournir 500 000 tonnes de nourriture. Ils avaient suspendu leurs livraisons, en 2006, en raison de doutes sur la distribution de celles-ci.
Selon les estimations du Programme alimentaire mondial (PAM), le déficit de la RPDC se chiffrera cette année à 1,6 million de tonnes sur les 6 millions de tonnes nécessaires pour nourrir sa population. Durant l’été 2007, de graves inondations ont endommagé les récoltes. Pyongyang est en outre victime d’une réduction de l’aide chinoise, en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires, et souffre de la suspension de l’aide de la Corée du Sud à la suite du durcissement de la politique à son égard de la part du nouveau président, Lee Myung-bak.
Le PAM avait mis en garde en avril contre le risque d’« une nouvelle tragédie humanitaire faute d’assistance étrangère ». On dénombre déjà des cas de morts de malnutrition, font valoir les organisations humanitaires sud-coréennes, dans certaines régions telles que le nord-est du pays, ainsi que parmi les populations les plus vulnérables (personnes âgées, enfants), mais aussi dans les prisons.
DÉNUCLÉARISATION DE LA RPDC
La Corée du Sud, à couteaux tirés avec le Nord depuis quelques mois, cherche à renouer le dialogue avec Pyongyang sur la question de l’aide alimentaire afin de ne pas se retrouver isolée, alors que Washington assouplit sa position à l’égard du régime.
Bien que le département d’Etat affirme que la reprise de l’aide américaine n’a pas de motivation politique, elle intervient au lendemain de la fourniture par Pyongyang, le 10 mai, de 18 000 pages de documentation sur son programme nucléaire. Une initiative saluée à Washington comme « une étape importante » dans le processus de dénucléarisation de la RPDC.
Ces documents permettront aux experts américains de vérifier la véracité de déclaration de Pyongyang sur ses programmes nucléaires. Suspendus depuis octobre 2007, les pourparlers à six (Chine, deux Corées, Etats-Unis, Japon et Russie) sur la dénucléarisation de la RPDC devraient reprendre début juin.