Il y a un an, 374 familles arrêtaient l’occupation du trottoir de la rue de la Banque, devant le ministère de la Crise du logement, en échange de la promesse de l’État d’être relogées dans le délai d’un an. Aujourd’hui, 233 familles ne sont pas relogées (et il y a eu seulement dix-neuf propositions dans les trois derniers mois). Malika, mère de quatre enfants, huit ans de galère en hôtel meublé : « Rien que cette année, j’en ai fait quatre, à Montreuil, à Drancy, puis dans l’Essonne et maintenant à Noisy-le-Grand. Le Samu social paye pour les nuitées (plusieurs milliers d’euros par mois). Je ne peux pas chercher du boulot. Les enfants ne peuvent pas suivre l’école… »
Le ministère Boutin tente de faire porter le chapeau aux familles, qui auraient refusé des relogements. Si 85 propositions n’ont pas abouti, c’est parce que 55 familles ont été rejetées par des bâilleurs, et parce que des familles ont dû refuser 30 propositions, parfois sur le même logement, car le plus souvent trop éloigné de la commune d’origine.
L’article 24 de la loi Boutin, qui régionalise en Île-de-France les propositions de relogement pour les ménages validés Dalo, permettra de la même façon de faire des propositions inacceptables à des familles, et donc de les rendre « responsables » de leur galère.
Dans le même temps, le gouvernement faisait condamner Droit au logement (DAL) et les Enfants de Don Quichotte à une amende de 12 000 euros pour le campement de 2008, au titre de l’article qui réprime le dépôt d’encombrants sur la voie publique (!) et faisait intervenir la police devant le tribunal administratif de Paris, le 1er décembre, lors de l’ouverture des recours Dalo.
À Nanterre (Hauts-de-Seine), 58 sans-papiers – les oubliés de Saint-Paul – ont décidé aussi de dormir dehors devant l’église dont ils occupaient une salle depuis six mois. Vivre et mourir dans la rue… la seule issue que laisse un monde réglé par la spéculation et le profit : La construction de logements sociaux est inexistante, des centaines d’appartements en bon état sont murés dans l’attente de leur démolition, des immeubles de bureaux restent vides…
Isabelle Guichard
* Paru dans Rouge n° 2279, 18/12/2008.