Il n’y a, pour qui fait profession d’athéisme, aucune raison de préférer l’Islam au Christianisme. Ou l’inverse. Il y a lieu simplement de rappeler, à ceux qui craignent les baïonnettes de l’Islam que seraient les minarets, les crimes commis par une religion qui a fait d’un instrument de torture, la croix, son emblème.
Combien de massacres et génocides n’ont pas été commis en son nom ? Des centaines de milliers d’albigeois exterminés au 13e siècle aux millions de femmes mortes sous les griffes de faiseuses d’anges, la liste est longue, l’acte d’accusation insensé. Combien d’expéditions guerrières, de canons bénis au nom de la Sainte Alliance du sabre et du goupillon ?
Et il y aurait lieu encore de rappeler aux pourfendeurs du seul obscurantisme musulman les noms de Giordano Bruno et Michel Servet suppliciés, l’un par l’Inquisition et l’autre par les sbires de Calvin. Et de rappeler que ce n’est qu’en 1992, trois cent soixante ans après le procès de Galilée qu’un pape a reconnu que l’Eglise s’était peut-être trompée !
Non, celui des minarets n’est pas le combat des lumières contre l’intolérance ! C’est une croisade qui s’inscrit dans une logique, celle de la guerre de Civilisation –la blanche, chrétienne et adepte du libre marché- qui se combat en Irak, en Afghanistan, au Pakistan et en Palestine.
Là-bas, la faillite de la gauche, achetée et corrompue à l’image de l’OLP, a laissé la voie libre aux religieux, à la réislamisation des populations musulmanes. Quelque chose d’analogue se produit ici.
Abandonnés par les directions syndicales, sommés de s’assimiler ou se taire, trois à quatre cent mille immigrés turcs, kosovars, bosniaques, nord-africains retrouvent dans les origines culturelles et religieuses la socialisation et les identités qui font défaut. Voilà ce que représentent les jeunes filles de la deuxième génération toujours plus nombreuses à se convertir au voile.
Ce repli identitaire fait diversion face à une politique d’intégration dont l’échec est sanctionné par le fait que, chômeurs, sous-payés, sans perspectives professionnelles, les immigrés et leurs enfants restent les premières victimes de la violence sociale.
L’initiative contre les minarets enfonce encore un peu le clou. Au fond, on veut bien leur reconnaître le droit à leurs croyances, mais qu’ils se cachent, de grâce. Voilà du pain béni pour les religieux, pour les marchands d’illusions transcendantes.
Combattre l’obscurantisme ce n’est pas soutenir une religion contre l’autre.
C’est l’intensification de la lutte contre l’occupation de la Palestine, de l’Irak, de l’Afghanistan, contre l’extension de la guerre au Pakistan combiné à celle pour l’extension des droits sociaux, des droits des femmes, pour l’égalité entre natifs et immigrés qui permettra de faire face aux fondamentalismes, quels que soient leur symboles.
Pas l’interdiction des minarets… ni des affiches, d’ailleurs.
Paolo Gilardi