Lundi 15 février se tiendra à l’Élysée une réunion sur l’agenda social 2010 avec les « partenaires sociaux ». Outre l’emploi et le chantier de la dépendance, les retraites seront au cœur de ce rendez-vous.
Tout n’est pas encore tranché sur cette question mais Sarkozy et son gouvernement veulent aller vite, entre les élections régionales et l’été. En effet, cette contre-réforme est cruciale car c’est sur cette question que Sarkozy sera jugé par ses pairs sur la réussite de sa politique.
L’enjeu est donc énorme pour eux comme pour le rapport de forces. Aussi, si nous ne connaissons pas précisément le contenu de cette nouvelle contre-réforme, le gouvernement envisage d’ores et déjà deux hypothèses. La première consiste à repousser l’âge du départ à la retraite à 65 ou 67 ans, prenant ainsi appui sur ce qui se passe dans d’autres pays européens (Allemagne, Espagne, Royaume-Uni...). La seconde possibilité est de transformer totalement le système de répartition à travers une réforme systémique qui passerait par un régime par points ou par comptes notionnels, instaurant ainsi une individualisation des retraites.
Aujourd’hui, toutes les raisons sont bonnes pour que les patrons ne paient plus pour des salariés qui sont devenus inutiles à leurs profits. La question des retraites n’est pas une question démographique mais une question décisive de la répartition des richesses, du partage du travail. Il n’y a pas trop de retraités, mais trop de chômeurs !
L’urgence est de mobiliser le plus largement possible contre cette nouvelle contre-réforme, briser le tabou du consensus national et du diagnostic partagé et non de se situer d’emblée sur le terrain de la droite, comme les récentes déclarations de Martine Aubry ou des responsables de confédérations syndicales acceptant un possible recul de l’âge de la retraite et, au nom de l’égalité public/privé, un alignement pas le bas.
Sur cette question, il faut préparer une véritable épreuve de force, un mouvement d’ensemble et une mobilisation générale !
Sandra Demarcq
COMMUNIQUÉ DU NPA. RETRAITES : NE PAS CAPITULER !
Avant le soi-disant rendez-vous social du 15 février, la campagne idéologique pour faire passer une nouvelle contre- réforme sur les retraites est relancée. La même rengaine nous est servie par le gouvernement, le patronat et les spécialistes en tout genre : on vit plus vieux, il faut travailler plus longtemps. Par l’allongement de la durée de cotisations et le recul de l’âge légal de la retraite, comme dans d’autres pays européens, ils veulent s’attaquer aux montants des pensions, nous faire payer la facture de leur crise et préparer le terrain aux fonds de pension.
L’urgence est donc de mobiliser le plus largement possible, dans des cadres unitaires, contre cette nouvelle contre-réforme. Briser le tabou du consensus national et du diagnostic partagé et non de se situer d’emblée sur le terrain de la droite, comme les déclarations- cafouillages de Martine Aubry ou ceux, très clairs, de François Hollande, lors de la récente émission « A vous de juger » au cours de laquelle il a confirmé qu’il faudrait « cotiser plus longtemps », allant ainsi dans le même sens que Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP. Avant même que la contre-réforme soit annoncée les propos des dirigeants du PS n’aident pas à la mobilisation nécessaire, pire accompagnent clairement une réforme cruciale de la droite.
Pour le NPA, ce n’est pas un problème démographique mais un problème de répartition des richesses et de partage du temps de travail. Il n’y a pas trop de retraités, mais trop de chômeurs et de précaires.
C’est pourquoi, une mobilisation unitaire pour défendre la retraite à 60 ans, pour 37,5 annuités de cotisation avec une pension à 75% du meilleur salaire doit se construire sans délai pour faire échec à la politique de régression sociale de N. Sarkozy.
Le 12 février 2010
APPRENTIS : TRAVAILLER PAYÉ UNE MISÈRE, ET EN PLUS ON NOUS SUCRE LA RETRAITE !
Un arrêté gouvernemental du 22 janvier prévoit de modifier le calcul des cotisations de retraite des apprentis, en faisant passer le nombre d’heures servant à cotiser pour la retraite de 169 heures de travail par mois aujourd’hui à 151 heures. Cela signifie une perte de deux trimestres de cotisation pour 15% des jeunes apprentis, et une perte de un trimestre pour encore 15%, soit 30% des jeunes apprentis touchés ! Les cotisations retraites des apprentis ne sont pas calculées sur la base du temps de travail ou du salaire réel touché, mais par rapport à une assiette forfaitaire. Les apprentis touchent un salaire limité entre 14 et 70% du SMIC selon leur année d’apprentissage. Par exemple, pour un jeune touchant 14% du SMIC, seul 4% du SMIC par heure de travail servira à alimenter sa retraite. Avec la réforme prévue, les apprentis perdraient 18 heures de cotisation par mois, alors même que le montant de la cotisation est déjà minime !
Favoriser l’apprentissage, vraiment ?
Aujourd’hui, 600000 jeunes travaillent en alternance, et le gouvernement affiche sa volonté de doubler ce chiffre d’ici 2015. 50 grandes entreprises se sont déjà engagées à développer l’alternance dans les années à venir. D’un coté, Sarkozy annonce vouloir développer l’apprentissage, en expliquant que ce serait la meilleure voie pour trouver un futur emploi. De l’autre, on sucre les retraites des apprentis, ce qui n’est vraiment pas attractif pour s’engager dans cette voie. Cherchez l’erreur. Et tout cela pour économiser 70 millions d’euros. Une somme dérisoire ! Surtout comparé aux 1 milliards d’euros offerts en 2009 aux traders, pour les remercier d’avoir su faire rapporter des bénéfices juteux aux banquiers et aux grands actionnaires.
Salariés, apprentis, tous concernés !
Les conditions de travail sont aujourd’hui tellement dégradées que des jeunes de 30 ou 35 ans souffrent de troubles musculaires ou squelettiques, ne supportent plus d’aller travailler. La plupart des salariés s’arrêtent de travailler avant d’atteindre une retraite à taux plein, car ils sont épuisés par le travail ou parce que leur employeur a jugé qu’ils n’étaient plus rentables. Et maintenant, les apprentis devront travailler un à deux trimestres de plus avant de toucher une misère en fin de carrière ! Sarkozy l’a annoncé, 2010 sera « l’année du grand chantier des retraites », avec le report après 60 ans de l’age légal de départ. Cette réforme se fait uniquement dans l’intérêt des patrons toujours plus exonérés, alors que les travailleurs sont censés travailler jusqu’à la tombe.Nous sommes tous concernés, salariés comme apprentis ! Contre ce gouvernement de combat qui veut détruire tous nos droits, il va falloir réagir tous ensemble. Cela veut dire préparer des maintenant une mobilisation générale pour préserver nos retraites, mais aussi contre la précarité, pour que tous les travailleurs y compris les apprentis et les stagiaires soient au minimum payés au SMIC à 1500 euros.
COMMUNIQUÉ DU NPA. MARTINE AUBRY CAPITULE SUR LES RETRAITES
En acceptant le report de l’âge légal de départ en retraite de 60 à 61 ou 62 ans, Martine Aubry vient de donner un sacré coup de main à N. Sarkozy, juste avant le rendez-vous du 15 février avec les « partenaires sociaux » pour fixer l’agenda social de 2010, agenda qui doit intégrer de nouvelles attaques contre le droit à la retraite.
Il n’est un secret pour personne que l’allongement de la durée de cotisations à 41, 42 ans est déjà programmé et que le Medef pousse fortement pour repousser l’âge légal de départ en retraite.
Les conditions mises sur la prise ne compte de la pénibilité du travail, de l’emploi des seniors ne sont là que pour masquer le ralliement de la première secrétaire du Parti socialiste à une réforme libérale des retraites.
Lorsque la direction du PS s’intéresse aux questions sociales c’est pour avaler les couleuvres des réformes libérales : un vrai coup de poignard dans le dos des salariés et de la population.
Pour le NPA, il n’est pas question de laisser passer une nouvelle dégradation du système de retraite par le biais de l’allongement de la durée de cotisations dont l’engrenage infernal débouche sur des pensions de plus en plus riquiqui pour les retraités.
Dans les mobilisations pour la défense des retraites, le NPA se mobilisera pour le maintien du système de répartition, des 60 ans comme âge de départ légal, et à 55 ans pour les métiers pénibles, avec une pension à hauteur de 75% du meilleur salaire, pour 37,5 annuités.
Le 20 janvier 2010
NE BATTONS PAS EN RETRAITE !
Fidèle a sa tactique, le gouvernement a lancé une campagne de désinformation et de démoralisation sur la question des retraites avant « les négociations » avec les « partenaires sociaux » qui doivent s’ouvrir avant l’été 2010.
Les prévisions pour le régime d’assurance vieillesse seraient inquiétantes : 8,2 milliards d’euros de déficit cette année, 30 milliards en 2011, 58 milliards à l’horizon 2013.
Sondages à l’appui, il s’agit de préparer l’opinion publique au pire. 76 % des Français inquiets sur le montant de leur retraite, mais une majorité attachée au système de répartition et voulant le préserver. L’âge moyen auquel ils pensent partir est de près de 62 ans, mais une majorité préférerait cotiser davantage pour partir plus tôt.
Ce désarroi, perceptible parmi les salariés, est renforcé par les déclarations de certains « responsables » politiques et syndicaux. Pour Martine Aubry, secrétaire nationale du Parti socialiste, « on doit aller très certainement, on va aller très certainement, vers 61 ans ou 62 ans ». François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, emboîte en souhaitantun débat « sanstabou » sur la question, espérant un « consensus national ». Pour lui, « les éléments de la réforme de 2003 ne sont plus contestés et la France n’a pas besoin d’un conflit sur ce sujet », jugeant au passage que « c’est une bonne chose que le PS pose les vraies questions... Pourvu que ça dure ». Il souhaite que tous les sujets soient abordés : l’âge de départ à la retraite, la pénibilité du travail, l’emploi des seniors et la durée de cotisation. Pour lui, la borne de 60 ans est « déjà dépassée » car, dans les faits, la liquidation intervient en moyenne à 61 ans. Elle doit toutefois rester une « référence » pour les salariés ayant commencé à travailler jeune. Autre tabou à lever : les retraites dans la fonction publique. « Il ne faut pas recommencer ce mauvais scénario » de la réforme Balladur de 1993 qui avait modifié les règles pour les salariés du privé et laissé inchangées celles des fonctionnaires. La CFDT milite pour « un rapprochement » des règles « progressivement ».
De son côté, le secrétaire général de la CGC estime indispensable d’augmenter le nombre d’années de cotisations et de reculer l’âge légal de départ. Si FO, la CFTC et la CGT affirment leur volonté de défendre le système de retraites par répartition et refusent tout allongement du temps de cotisations et le recul de l’âge légal de départ, beaucoup d’ambiguïtés peuvent se cacher derrière la « maison commune des retraites » et surtout le refus de réaffirmer le retour aux 37,5 annuités de cotisation.
Le Medef s’engouffre dans la brèche, affirmant que le sujet est beaucoup plus consensuel que l’on croit et qu’il faut s’attaquer au système par répartition. Il s’agit de mettre en place un système par capitalisation ou par points permettant aux salariés les plus aisés de mettre leur pension à un niveau acceptable, en confiant leurs cotisations aux banques. La grande masse des salariés devenant des retraités pauvres, ils rejoignent ainsi les « économiquement pauvres » de l’après-guerre.
Pourtant, les moyens de financement existent : de la suppression de toutes les exonérations de cotisations patronales à l’augmentation de ces mêmes cotisations, en puisant dans les faramineux profits réalisés par les entreprises, même dans la dernière année de « crise ». Refusons l’allongement de la durée de cotisation, qui n’est qu’un moyen de baisser le montant des retraites. Maintenons le droit à la retraite à 60 ans ou après 37,5 annuités de cotisation, avec 75 % du salaire et un revenu minimum de 1 500 euros net. Refusons d’augmenter le temps de travail des « seniors ».
Pour gagner, il faudra bien briser le tabou du consensus national et du diagnostic partagé qui ont sapé les mobilisations de 2003 et 2007. La bataille sur les retraites doit emprunter la voie de la mobilisation pour le« non » au référendum sur le Traité sur la Constitution européenne ou celle du CPE, en nous souvenant que c’est la mobilisation des jeunes, à la base, qui a imposé l’unité aux confédérations et fait reculer le gouvernement.
Robert Pelletier
* Paru dans Hebdo TEAN # 40 (28/01/10).