Trois mois après la publication d’une étude choc par le CNRS et le Muséum d’histoire naturelle, le bilan 2018 de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB) [1], publié lundi 18 juin, le confirme : les populations d’oiseaux connaissent un déclin vertigineux.
Ce projet participatif, piloté par l’Agence française pour la biodiversité (AFB), qui agrège les données sur le vivant récoltées par des dizaines d’organismes en métropole et outre-mer, montre notamment une baisse des espèces d’oiseaux agricoles de 30 % entre 1989 et 2017.
Toutes les espèces d’oiseaux diminuent, selon le bilan 2018 de l’Office national pour la biodiversité.
Selon Julien Massetti, chef de projet à l’AFB, ce déclin touche aussi les oiseaux des villes, comme les moineaux parisiens, et même depuis 2005 les oiseaux « généralistes » (qui vivent dans tous types de milieux) qui, avant, contrebalançaient la disparition des autres. Le « phénomène [est] en train de changer d’ampleur », dit-il.
40 % de chauves-souris en moins
Les oiseaux ne sont pas les seuls menacés. Le rapport de l’ONB met aussi en évidence une diminution considérable des effectifs de chauves-souris, mammifères insectivores : près de 40 % en dix ans. Une tendance « à mettre en perspective avec la diminution de 76 % de la biomasse en insectes volants, constatée par une équipe de recherche entre 1989 et 2016, dans les aires protégées en Allemagne ».
La diminution du nombre d’insectes pourrait expliquer la chute brutale des populations de chauves-souris.
L’Office fait état de plusieurs menaces pesant sur les 180 000 espèces présentes sur le territoire français et rappelle que « métropole et outre-mer confondus, près d’une espèce vivante sur trois est en danger de disparition ».
Principale cause désignée de cette hécatombe : la consommation de pesticides en agriculture, qui a augmenté de 18 % entre la période 2009-2011 et la période 2013-2015, selon le bilan de l’ONB.
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L’artificialisation des sols est également mise en cause : « Entre 2006 et 2015, la France métropolitaine a perdu 590 000 hectares de terre agricole et d’espaces naturels », dénonce l’ONB, soit « l’équivalent d’un département comme celui de Seine-et-Marne ».
L’AFB s’inquiète aussi du sort de poissons qui vivent entre mer et eau douce, comme l’anguille et le saumon atlantique. Pour ce dernier, qui se reproduit dans une cinquantaine de fleuves et rivières français, (Rhin, Loire, Garonne, Dordogne…), le linéaire de cours d’eau qu’ils fréquentent a baissé de 70 % depuis 1900, selon l’AFB.
Dans la Loire, le nombre de saumons par an est passé de 100 000 au XIXe siècle à moins de 1 000 aujourd’hui, « en dessous du seuil minimum pour assurer le maintien des stocks ».
Le Monde.fr avec AFP