Rencontre avec Nicolas Hulot
Par Olivier Besancenot, le janvier 2007 (sur son blog de campagne)
La rencontre avec Nicolas Hulot était dans l’air depuis quelques temps. Nous lui avions déjà répondu par écrit que nous ne souhaitions pas signer le pacte écologique de sa fondation en l’état, mais que nous étions disposés à en discuter avec lui. C’est ce que nous avons fait et la rencontre a été loin d’être inutile. Elle a été plus que courtoise ou diplomatique et franche respectueuse des approches différentes, des désaccords et même plutôt militante. Evidemment nous ne sommes pas revenu sur notre décision de ne pas signer, mais nous avons pu approfondir certains points et mieux cerner les différences de priorités. Sur le constat d’urgence général, ainsi que sur les objectifs globaux, il y a un cadre d’accord pour s’attaquer au réchauffement climatique et diminuer par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Il y a surtout une ambition partagée pour produire, consommer, se déplacer, se chauffer différemment. Sur les propositions concrètes, nous avons fait part de notre accord pour mieux éduquer et sensibiliser à l’écologie l’ensemble de la population, pour développer la démocratie participative (à condition qu’il ne s’agisse pas de consultations bidons qui servent d’alibi comme ça a été le cas pour l’EPR récemment) et pour développer une autre agriculture (à condition qu’elle rompe avec la PAC et le modèle productiviste européen actuel qui accorde 80% des subventions à 20% de riches exploitants agricoles).
Nous avons également fait part de nos réserves sur l’idée d’un ministre, numéros deux du gouvernement qui sur la question de l’écologie pourrait très vite, en l’absence de politique globale, servir de gadget et de caution. Nous avons aussi expliqué concernant la proposition de taxe sur le carbone notre opposition à tout projet qui pourrait recycler le combat écologique dans de nouvelles taxes qui reposeraient une fois de plus sur les mêmes (nous tous qui sommes déjà pris à la gorge par la baisse du pouvoir d’achat) et qui épargnerait les gros pollueurs (les industries automobile, routières, militaires…). Enfin, nous avons expliqué la raison principale pour laquelle nous ne signons pas ce pacte : le consensus semble si large autour de cette charte. Pour nous, ce pacte, en limitant volontairement sa portée et ses ambitions afin de rassembler presque tout le monde, risque par la même de ne pas orienter le combat vers les solutions que les pouvoirs publics pourraient pourtant mettre en œuvre actuellement dans l’urgence. En premier, le transport : en s’opposant aux diktats de la Commission de Bruxelles, nous pourrions développer le service public ferroviaire afin d’inciter les usagers à prendre les transports en commun plutôt que la voiture (étendre la gratuité…), et afin de mettre les camions de transport de marchandises sur les rails plutôt que sur les routes (ferroutage…). En deuxième, l’habitat : il s’agit d’isoler les logements afin de réaliser des économies d’énergie et de les équiper en utilisation des énergies renouvelables (panneaux solaires…). Et en troisième, imposer des normes contraignantes à l’industrie permettraient de peser à la fois sur la façon dont produisent les entreprises et à la fois sur ce qu’elles fabriquent (baisse de la consommation d’énergie, norme (industrie automobile pour brider les moteurs et favoriser les véhicules non polluants), idem pour l’électroménager…
L’échange aura duré plus d’une heure et demie. Il a été fructueux et plutôt chaleureux (sans mauvais jeux de mots). Tout le monde a commencé en se vouvoyant et a fini par se tutoyer, avec l’envie de continuer à débattre. Affaire à suivre donc…
Communiqué de la LCR
Le mercredi 10 janvier, O. Besancenot a rencontré N. Hulot : 1 heure et demi d’échanges fructueux.
O. Besancenot a rappelé pourquoi la LCR n’avait pas signé le pacte écologique dont le caractère très général et minimaliste ne permet pas d’orienter la lutte vers de véritables solutions écologiques aux problèmes actuels.
Un accord et une ambition partagée se sont dégagés pour s’attaquer en urgence au réchauffement climatique, diminuer par quatre les gaz à effet de serre, développer une éducation à l’écologie afin de produire, consommer, se déplacer, se déplacer, se chauffer différemment.
Au sujet de la taxe sur le carbone, O. Besancenot a fait part de son opposition à un projet qui dédouanerait les gros pollueurs en capacité de payer pour polluer. O. Besancenot a fait part de ses réserves quant à l’efficacité d’un vice-premier ministre en charge de l’écologie qui, en l’absence d’une politique globale, servirait plutôt de caution.
En effet, une véritable politique écologique ne peut que s’affronter aux diktats de la Commission de Bruxelles. Il est, par exemple, indispensable de prendre des mesures pour développer le service public ferroviaire, le ferroutage au niveau européen, favoriser les transports en commun, remettre en cause le modèle productiviste européen en matière d’agriculture qui réserve 80% des subventions à 20% des exploitations.
Le 11 janvier 2007