L’épreuve de cet homme commence en 2014 après la publication d’un article sur internet. Il y dénonçait l’instrumentalisation de la religion pour justifier des discriminations. Un article jugé blasphématoire envers le prophète de l’islam. Le blogueur est condamné à la peine de mort pour apostasie.
S’enchaîne alors un long combat ponctué d’une série de procédures judiciaires et de repentances à la télévision et postées sur sa page Facebook. La justice mauritanienne a finalement commué cette sentence en une peine de prison de deux ans. Elle l’a placé dans une résidence surveillée avant de le libérer.
Dans sa première déclaration depuis la France après sa libération le 29 juillet, Mohamed Ould Cheikh Mkhaitir considère que son emprisonnement est une affaire de discrimination ethnique et du racisme en Mauritanie.
« Pendant la première année de mon emprisonnement, je pensais que ceux qui avaient manifesté contre moi voulaient exprimer leur colère. Plus tard, j’ai remarqué que d’autres personnes avaient écrit des choses qui allaient dans le même sens de ce que j’ai écrit, sans qu’elles ne soient inquiétées. Personne n’est sorti pour manifester contre elles, pour demander leur emprisonnement ou pour réclamer la peine de mort contre elles. J’ai alors compris que mon emprisonnement était lié à une affaire de classe sociale, que les manifestations visaient, à travers ma personne, une composante précise de la société mauritanienne. J’ai compris que ces manifestations sont incitées par l’État ou par des religieux au service de l’État. Ces manifestations ne visaient à travers moi que la communauté Lim’alim qui vit en Mauritanie. Preuve en est que les fils d’autres classes sociales plus élevées ont écrit plus que moi, ont touché à tout ce qui sacré et personne n’a pas demandé à ce qu’on leur applique la peine de mort. »
RFI
• RFI Publié le 16-08-2019 Modifié le 16-08-2019 à 00:01 :
http://www.rfi.fr/afrique/20190816-blogueur-mauritanien-Mohamed-Mkhaitir-libere-discrimination-sociale-ethnique
Le blogueur Mohamed Mkhaïtir remis en liberté
Pendant la détention du blogueur Mohamed Mkhaïtir des manifestant savaient appelé à son exécution. (Photo prise devant la mosquée de Nouakchott le 10 novembre 2017) © STR / AFP
Après cinq ans de prison pour un article jugé blasphématoire, Mohamed Ould Cheikh Mkhaïtir a été libéré lundi 29 juillet. Ce blogueur avait dans un premier temps été condamné à mort pour apostasie, depuis il était en résidence surveillée.
L’épreuve de Mohamed Ould Cheikh Mkhaïtir commence en 2014 après la publication d’un article sur internet. Il y dénonçait l’instrumentalisation de la religion pour justifier des discriminations, selon Reporters sans frontières. Discriminations sur la comunauté des forgerons en Mauritanie. Un article jugé blasphématoire envers le prophète de l’islam. Le blogueur est alors condamné à la peine de mort pour apostasie.
S’enchaîne alors un long combat ponctué d’une série de procédures judiciaires et de repentences à la télévision et postée sur sa page Facebook. Sa peine est finalement ramenée à deux ans d’emprisonnement par la cour d’appel. « Il était libérable en 2017 », rappelle RSF dans une de ses vidéos.
Video ici 0:47 : Reporters Sans Frontières
12:32 - 30 juil. 2019
Pourtant, le jeune homme était toujours en résidence surveillée. Deux jours avant l’élection présidentielle en juin dernier, le président sortant avait évoqué sa détention administrative : « C’est pour sa sécurité personnelle et aussi pour celle du pays », justifiait Mohamed Ould Abdel Aziz.
Finalement, le blogueur a été libéré le lundi 29 juillet à l’aube, selon l’une de ses avocates Fatimata Mbaye, citée par l’Agence France-Presse. Trois jours avant l’investiture du nouveau président élu Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.
Mais il n’est plus en Mauritanie, selon Me Mohamed ould Moine, un autre de ses défenseurs. « Je pense qu’il était contraint de quitter le territoire mauritanien après la vulgarisation de son image par une vidéo montrant ses aveux sous pression filmés dans la grande mosquée de Nouakchott, explique l’avocat. Un traitement humiliant et dégradant qui viole les règles élémentaires des droits de l’homme et les conventions internationales entre la Mauritanie et la communauté internationale. » Pour l’heure, son pays d’exil n’a pas été révélé.
Avant sa libération Mohamed Ould Cheikh Mkhaïtir a, une nouvelle fois, exprimé son repentir devant des leaders religieux. « La justice mauritanienne a libéré mon client depuis deux ans. Il a purgé sa peine depuis bientôt trois ans », rappelle-t-il.
Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières, salue cette libération qui intervient en pleine transition politique.
Audio : Cette libération intervient dans un contexte très précis, post-électoral, de transition, avec une passation de pouvoir qui doit avoir lieu d’ici la fin de la semaine. On savait que cette période était une période clé.
Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières
31-07-2019 - Par Laure Broulard
RFI
• RFI Publié le 30-07-2019 Modifié le 31-07-2019 à 01:12 :
http://www.rfi.fr/afrique/20190730-mauritanie-blogueur-mohamed-mkhaitir-remis-liberte