Il s’agit d’une importante mobilisation contre le nouveau réacteur, dit EPR, dont le déploiement est envisagé en France, notamment avec un premier réacteur à Flamannville en Normandie et dont un premier chantier à commencé en 2005 Finlande, marqué d’ailleurs par d’incessant problèmes.
Conçu par Framatome et Siemens dès 1992, ce type de réacteur est prôné comme relevant d’une nouvelle génération de chaudières à plutonium, plus sûres. C’est du baratin : la conception de l’EPR est largement identique et ses prétentions à être plus sûr méritent le même crédit que celles des fabricants, dont chaque lessive, depuis 50 ans, lave « plus blanc ».
EPR : vers des Tchernobyl... en pire !
Au contraire, ce réacteur risque potentiellement de lessiver l’Europe, plus salement que Tchernobyl, notamment parce qu’avec ses 1600 MW il est plus puissant que la génération précédente et concentre ainsi plus de radioactivité que ses prédécesseurs, mais aussi parce qu’il est prévu qu’il recourre à 100% au combustible MOX dans lequel on incorpore du plutonium tiré du combustible « brûlé » par les centrales actuelles. Ce combustible implique une chaîne de retraitement des déchets nucléaires, polluante et dangereuses, comme l’ont démontré les usines de Sellafield et de La Hague. Il est plus radiotoxique que le combustible classique à l’uranium et pose des problèmes particuliers de conduite des centrales... et il y aurait bien d’autres critiques à évoquer. A ce propos, on trouve sur le site de Greenpeace le résumé – en français – d’une étude par un spécialiste britannique parue ce 22 février qui confirme la dangerosité particulière du réacteur.
Mais au-delà de l’EPR et de ses caractéristiques, ce rendez-vous tombe particulièrement bien pour nous. En effet, en Suisse aussi le lobby atomique met le turbo et la relance de la mobilisation de terrain contre le nucléaire s’impose.
Le Conseil fédéral roule pour le lobby nucléaire
En effet, à mi-janvier, le Conseil fédéral mettait en consultation un projet concernant le stockage des déchets hautement radioactifs (v. ci-dessous), laissant entendre qu’on trouverait une solution consensuelle à ce problème rédhibitoire. En février le gouvernement publiait ses « scénarios » énergétiques, dont aucun n’exclut le recours à l’atome, même le plus « audacieux », le scénario IV, intitulé « Cap sur la société à 2000 watts ».
Puis, quelques jours après, il annonçait sa « nouvelle politique énergétique » en prétendant y associer trois « pilliers » : efficacité énergétique, énergies renouvelables... et « grandes centrales ». Habile manœuvre pour vendre l’idée que les mesures d’utilisation rationnelle de l’énergie et de développement du renouvelable ne permettent pas de se passer de ces nouvelles « grandes centrales » qui seront... atomiques. Les centrales à gaz sont d’ailleurs vendues comme devant être une « transition », non pas vers un avenir sans nucléaire, mais vers un avenir atomique.
A propos des centrales à gaz d’ailleurs, toute une série de représentants de milieux bien peu écologistes, que la pollution – et le CO2 – lié au trafic automobile, n’ont jamais vraiment incommodé et qui ne bouderont pas le Salon de l’Auto qui s’ouvre sous peu, ont commencé à pousser des cris d’orfraie... en trouvant intolérable ce CO2 là, venant de centrales qui se présentent en alternative, fut-elle partielle et limitée dans le temps à leur nucléaire adoré.
Et alors que sur les plans de la réduction du gaspillage énergétique ou de l’investissement dans les renouvelables on ne voit rien venir de concret, dans les trois jours suivant l’annonce du Conseil fédéral, des promoteurs du nucléaire – en l’occurrence ATEL par la voix de son directeur – annonçaient la constitution d’un consortium avant la fin de l’année pour construire une ou des centrales atomiques... et revendiquait en la matière une accélération des procédures. Sacrées batailles en perspective, nous y reviendrons.
Déchets radioactifs et consultation alibi
Dites son fait au Conseil fédéral ! Le 12 janvier, le Conseil fédéral ouvrait une procédure de consultation concernant l’entreposage des déchets radioactifs issus des centrales helvétiques. Il s’agit de consulter le public sur la « procédure conceptuelle » destinée à la sélection des sites de dépôt « en couches géologiques » profondes...
Rappelons au niveau des « procédures » démocratiques que la nouvelle loi sur l’énergie nucléaire (LENu) a déjà retiré son veto aux populations locales des sites visés. Suite à la consultation en cours, le gouvernement a prévu de se prononcer cet été, mais l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) prévoit encore 7 ou 10 ans pour aboutir à une demande d’autorisation générale pour un dépôt de ce type à inaugurer « avant la seconde moitié de ce siècle. »
Offensive pronucléaire
En clair, on continue à balader le monde. Pendant, ce temps, les centrales actuelles continuent à produire des tonnes de déchets hautement radioactifs et on évoque et on prépare la construction de nouvelles centrales qui aggraveront cette situation, avec la bénédiction du même Conseil fédéral.
Ce qui est nouveau avec cette « consultation » c’est la gesticulation qui l’entoure, le Département de Leuenberger (DETEC) a organisé trois « manifestations publiques », soit des assemblées à Lausanne, Berne et Zurich, lors desquelles ses émissaires étaient chargés de vendre le projet : une « campagne offensive », censément annoncée à cor et à cri par la presse et constituant une « procédure de participation d’envergure nationale », selon l’OFEN.
L’OFEN fait un bide...
Or – heureusement – en matière d’offensive cette campagne a plutôt été un flop. Les quelques dizaines de personnes s’étant déplacées à l’assemblée de Lausanne le 22 janvier étaient essentiellement des antinucléaires, dont la présidente de ContrAtom, avec un message simple et clair : la première urgence en matière de déchets nucléaires, c’est d’arrêter d’en produire !
Quel crédit d’ailleurs accorder aux « experts » qui – en leur temps – ont, par exemple, donné leur bénédiction, comme solution au problème de certains déchets, de les balancer à la mer dans des containers prétendument sûrs pour des siècles qui se sont dégradés au bout de quelques années. Tant que l’industrie nucléaire exploitera des centrales, demander aux spécialistes liés à ce lobby, de juger objectivement les « solutions » proposées, c’est comme de demander aux multinationales du tabac de confirmer qu’on peut fumer sans risques ! Ils l’ont fait volontiers pendant des années, mais on en meurt encore !
A la carte !
En attendant, il faut marteler comme seule contribution réelle au problème des déchets, qu’il faut cesser d’en produire. La Fondation Suisse de l’Energie (SES) a produit des cartes postales de réponse à la consultation qui explique pourquoi les citoyen-ne-s qui l’envoient refusent cette consultation alibi. Elles peuvent se commander à ContrAtom, case postale 65 1211 Genève 8, ou en passant un coup de fil à solidaritéS au 022 740 07 40. A renvoyer jusqu’au 16 avril !