La police et l’armée patrouillaient dans les rues de Rangoon et de Mandalay le mercredi 17 mars, menaçant de tirer sur les maisons des habitants à moins que ces derniers ne déplacent les barricades, raconte Myanmar Now.
Une vidéo montrant les forces du régime en train de proférer ces menaces a circulé sur les réseaux sociaux. Myanmar Now a contacté des riverains qui ont confirmé avoir entendu de tels propos.
“Nous n’avons pas enlevé les barricades, explique un des habitants. Nous avons seulement construit des barricades dans nos quartiers. S’ils ne tiraient pas, nous n’aurions pas besoin de ces barricades. Mais, du fait des tirs, les gens ont eu besoin d’installer ces barrages.”
Menaces des soldats
“Une femme vivant dans le quartier de Hlaing Tharyar, où a eu lieu, durant le week-end, le plus important massacre depuis le coup d’État du 1er février, a indiqué que les barrages avaient été enlevés après les menaces des soldats de tirer sur les maisons. Une fois les barricades enlevées, les convois militaires sont entrés dans le quartier.”
D’après Myanmar Now, les soldats ont arrêté des personnes, les forçant à déplacer les sacs de sable et les barricades sur plusieurs artères principales de Rangoon.
Pour The Irrawaddy, les scènes couvertes par les journalistes dans les rues de Rangoon ressemblent de plus en plus à des scènes de guerre évocatrices des affrontements en Syrie. Le journal estime que le bilan, difficile à établir, des personnes tuées dans la répression des manifestations contre le coup d’État du 1er février devrait excéder les 200. Dans plusieurs régions du pays les nombres de tués et de blessés demeurent approximatifs mais ils pourraient être bien plus élevés que les chiffres donnés par les médias nationaux et internationaux, estime The Irrawaddy.
La loi martiale a été imposée dans plusieurs quartiers de Rangoon. Les témoignages se multiplient au sujet de forces de sécurité entrant dans les maisons, et battant et arrêtant les gens.
Colère et désespoir
“Dans certains quartiers, l’atmosphère a radicalement changé par rapport à celle qui prévalait au lendemain du coup d’État. Le centre de Rangoon, un temps rempli de manifestants créatifs donnant à leur opposition une tonalité carnavalesque, est désormais déserté. L’air est chargé de colère, de peur et de désespoir quand les manifestants regardent les rues sillonnées par les camions de soldats et de policiers.
“Les jeunes se préparent à se défendre seuls, avec des armes de fortune, comme des cocktails Molotov et des frondes. La Birmanie plonge dans les abysses. Un journaliste, à Rangoon, compare les militaires à des animaux sauvages pourchassant les habitants dans la ville pour les tuer.”
Courrier International
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