« Il n’y a pas d’innocent·es à Gaza » n’est pas seulement une affirmation inhumaine, c’est aussi une affirmation dangereuse. La seule façon de l’interpréter est d’en faire un blanc-seing pour justifier le massacre à grande échelle d’hommes, de femmes et d’enfants de Gaza dont le seul crime est de vivre de l’autre côté de la barrière.
« Ils ont voté pour le Hamas », répètent de nombreuses personnes en Israël et dans le monde, en se référant à des élections qui ont eu lieu il y a 18 ans. La plupart de celles et ceux qui vivent aujourd’hui à Gaza n’étaient même pas né·es à l’époque, y compris les plus de 6 000 enfants dont on estime qu’elles et ils ont été tué·es au cours des dernières semaines.
Il n’existe aucun moyen de mesurer l’impact de cette rhétorique sur les opérations des FDI, mais les chiffres sont terrifiants. Les autorités israéliennes affirment que 5 000 des 16 000 Palestinien·nes tué·es jusqu’à présent étaient des agents du Hamas. Même si c’est vrai, le nombre de civil·es tué·es pour chaque agent du Hamas est stupéfiant.
D’anciens soldats des FDI qui ont participé aux combats à Gaza lors de l’opération « Bordure protectrice » en 2014 ont témoigné avoir rencontré des civil·es innocent·es qui étaient restés dans les zones que les FDI avaient jugées « stériles » après les avoir averti·es d’évacuer.
Le massacre du 7 octobre est impensable. Plus de 1 200 mort·es, 240 otages. Presque chaque Israélien·ne connaît quelqu’un·e qui a été kidnappé·e, assassiné·e, violé·e. Pourtant, des affirmations méprisantes telles que « il n’y a pas d’innocent·es à Gaza » mettent sciemment en danger les 138 Israélien·nes toujours retenu·es en otage à Gaza.
Emily Hand et Hila Shoshani – deux enfants – ont été transportées de maison en maison sous les bombardements *israéliens*. Nous avons mis en danger et continuons de mettre en danger la vie des otages, tout comme celle d’innombrables enfants, femmes et personnes âgées palestinien·nes.
Les habitant·es de Gaza sont pris au piège entre le Hamas, qui opère au sein de la population civile et des infrastructures, et la réalité quotidienne de l’occupation et du siège israéliens qui ont transformé Gaza en une prison à ciel ouvert. Ce n’est pas une raison pour ignorer ou être indifférent à leur sort. Au contraire.
Celles et ceux qui disent « il n’y a pas d’innocents à Gaza » facilitent, consciemment ou non, les plans criminels de nettoyage ethnique par le biais de transferts forcés, ainsi que les massacres de civil·es innocent·es. Les mots prononcés par les décideurs politiques deviennent des politiques. En tant qu’Israélien·nes, nous ne devons pas rester silencieuses et silencieux.
Avner Gvaryahu, directeur exécutif
Breaking the Silence