La direction d’EDF veut faire du nucléaire la source d’énergie électrique Reine en France (ce qu’elle est déjà) comme dans le monde (ce qu’elle est très loin d’être). La même direction absorbe, avec l’avidité des nouveaux convertis, la culture « compétitive » du capitalisme libéral. Les conséquences de tels choix se font sentir jusque dans le domaine si vital de la sûreté, ce que démontre un dossier diffusé le 20 février dernier par le Réseau « Sortir du nucléaire ». Pour augmenter leur rentabilité financière, la durée de vie officielle des centrales est arbitrairement passée de 30 à 40 ans (plus elles vieillissent, plus elles sont dangereuses). Des restrictions budgétaires ont été imposées, impliquant les effectifs, le nombre d’embauches et le volume des opérations de maintenance. Les règlements ont été opportunément assouplis lors de la canicule de l’été dernier...
Ces mesures provoquent, depuis 2001, des réactions syndicales. La CGT de la centrale de Chinon a dénoncé un harcèlement managériale conduisant à des dépressions professionnelles. Celle de Belleville s’est élevée contre l’augmentation des risques encourus par le personnel et la population. Onze salariés de Dampierre ont affirmé qu’il leur est demandé de ne pas respecter les règles élémentaires de sûreté. Quant au secrétaire général CGT du Bugey, il a déclaré, au congrès de sa fédération : « On va vers un AZF nucléaire ». Dans ce climat, la centrale de Cattenon a connu des problèmes en chaîne. Et dans celle de Fessenheim, 15 salariés ont été contaminés, il y a 15 jours.
Faut-il vraiment attendre un « AZF nucléaire », pour que la question du danger nucléaire soit enfin discutée en France ?