Il a tant rêvé sa Palestine, ce jeune révolutionnaire né à la politique au temps de la première Intifada ! Olivier Besancenot foule enfin sa Terre promise. L’homme du refus simple appréhende l’Orient compliqué et s’émerveille de ne pas tout saisir, star des sondages en France mais simple militant ici. « C’est chaud », lance-t-il parfois, quand la réalité lui saute au visage.
Il est à Jérusalem ce samedi matin, arrivé dans la nuit à l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv. C’était son anniversaire, il a littéralement fêté ses 35 ans avec des officiers de sécurité israéliens, bagages passés au peigne fin et fouille au corps : ils n’avaient pas reconnu le facteur trotskiste mais s’interrogeaient sur un de ses amis, militant trop connu des réseaux de soutien aux Palestiniens ! Il a passé la nuit à Jérusalem, chez l’avocate Lea Tsemel, figure des antisionistes pacifistes israéliens. Il doit rester jusqu’à mardi, espère entrer à Gaza lundi, se promet de tout comprendre de la Palestine mais de saisir aussi ce qu’est Israël ?
Porte de Damas, ce matin, en attendant un taxi-bus qui doit l’emmener vers Naplouse, il découvre justement un Israël, qu’il ne soupçonnait pas : une petite tour de Babel, ces Arabes qui font leurs courses, ces soldats de Tsahal qui ne sont que des gamins, ces jeunes Russes... Le mélange semble possible quand tout est calme. Ensuite, Besancenot prend la route, vers la Cisjordanie réelle. Un guide l’accompagne, Raed, militant palestinien, passé par la fac de Montpellier. Le chemin est initiatique. Sur la route, Besancenot croise des mythes. Le mur de séparation d’abord, qui surgit soudain, bloc de béton qui le saisit : « C’est chaud, c’est incroyable, c’est encore plus grand que je ne le croyait ! » Raed lui raconte les familles séparées par la « barrière ». Besancenot écoute, dévore du regard. On croise l’université de Bir Zeit, phare du nationalisme palestinien. « Tiens, j’avais manifesté pour jumeler Nanterre avec cette fac ! »
La Palestine ne ressemble pas à l’image qu’il s’en était faite. Il s’émerveille devant ces champs d’oliviers à perte de vue, il s’étonne de ces paysages désertiques puis des concentrations d’habitations, villes palestiniennes ou colonies israéliennes. Raed lui montre les toits rouges typiques des colonies. Besancenot réalise : « Elles sont plus concentrées que je croyais. Je pensais qu’ils ne construisaient plus, en fait, ils avancent, ils spolient les paysans... »
« Je viens du pays du Zidane »
« L’occupation militaire israélienne », c’était des tracts ou des slogans. Il la découvre vraiment à Balata, un camp de réfugiés près de Naplouse : 20 000 habitants sur un kilomètre carré, des ruelles si étroites qu’on peut à peine y passer, et tous ces gamins qui traînent dans les rues ! Et ces visages peints sur les murs, « si jeunes », ces portraits en exvoto... Les « martyrs », lui dit-on. « Ceux qui se font sauter avec des bombes », se demande-t-il ? Non. Pas seulement. Dans une maison, un vieillard de 73 ans lui raconte son fils et son petit-fils tués par l’armée israélienne, lors d’une incursion dans le camp. Les martyrs... Le vieil homme montre la photo des disparus. L’atmosphère est lourde. Un militant du Fatah intervient : « Heureusement il nous reste le rire ! » Dans la journée, Besancenot se détend. On l’appelle « Zitouni », olive en arabe : « Mes potes rebeus m’appelaient comme ça à l’école ! » Il aperçoit un gamin, un ballon à la main ? « Je viens de France, le pays du foot et de Zidane ! » Il aimerait jouer avec les petits dans le camp comme il l’a fait dans les favelas brésiliennes.
Mais il est en visite quasi officielle, cornaqué par Hussan Khader, un député du Fatah, qui vient de passer cinq ans en prison mais qui se reconnaît si peu dans l’Autorite palestinienne. Besancenot se force aux convenances et au protocole de l’Orient, lui qui n’aime que ce qui est spontané. Les cafés qu’il faut accepter à chaque rendez-vous, les mains qu’il faut serrer, les rencontres qu’il faut multiplier sous peine de vexer quelqu’un. « On est content de voir un jeune dirigeant politique comme toi, ironise un responsable du Fatah. Chez nous, en dessous de 70 ans, on ne peut pas avoir de responsabilité ! Le Hamas a présenté des jeunes, il a gagné ! » La Palestine devient soudain familière.
* Par Cécile AMAR, à Naplouse, Le Journal du Dimanche, 18 avril 2009.
Olivier Besancenot et le NPA en Palestine
Communiqué du NPA
Une délégation du Nouveau Parti Anticapitaliste, conduite par Olivier Besancenot, vient d’arriver à Tel Aviv et se rendra dans les territoires palestiniens jusqu’au 21 avril 2009.
Trois mois après l’agression israélienne contre la bande de Gaza et quelques semaines après les élections israéliennes et l’inquiétante arrivée au pouvoir de Benyamin Netanayahu, cette délégation a pour objectif principal de témoigner de notre solidarité avec la population palestinienne et avec ceux qui, en Israël, s’opposent à la politique criminelle de leur état. La délégation ira en Cisjordanie et à Gaza où elle rencontrera l’ensemble des forces politiques palestiniennes représentatives et de nombreux acteurs de la société civile (ONG, associations). Elle se rendra également en Israël pour rencontrer les forces qui, à contre-courant du consensus politique israélien, s’opposent à l’occupation, à la colonisation et à l’enfermement des palestiniens.
Au-delà de ce témoignage de solidarité et de ces échanges qui s’avèreront sans aucun doute fructueux, il s’agira également pour le NPA d’imposer dans le débat français la question de la tragique situation du peuple palestinien. La campagne pour les élections européennes sera notamment l’occasion d’exiger des sanctions politiques, économiques, sportives ; diplomatiques et culturelles contre Israël, à commencer par la suspension immédiate de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, tant que ce dernier ne se conformera pas au droit international et aux résolutions de l’ONU.
Le 18 avril 2009.
Israël empêche Olivier Besancenot d’entrer à Gaza
Le leader du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) voulait, en se rendant à Gaza, « témoigner de sa solidarité avec la population palestinienne et avec ceux qui, en Israël, s’opposent à la politique criminelle de leur Etat ». Peine perdue : Olivier Besancenot a été refoulé, lundi 20 avril, à la frontière entre Israël et la bande de Gaza.
« On a été reconduits par les autorités israéliennes », a expliqué M. Besancenot. C’est un « refus catégorique. On nous a dit non », a-t-il ajouté en précisant avoir attendu deux ou trois heures en vain au point de passage d’Erez, entre Israël et le territoire palestinien. « La raison invoquée, c’est que les délégations politiques n’ont pas le droit de rentrer à Gaza », contrairement aux délégations humanitaires et diplomatiques.
Un responsable militaire israélien a expliqué ne pas être au courant du cas spécifique de M. Besancenot et de sa délégation, indiquant que « pour obtenir l’autorisation d’entrer à Gaza, une demande doit être déposée plusieurs jours à l’avance auprès de l’armée qui décide en dernière instance ».
Le dirigeant du NPA a rencontré samedi des militants d’extrême gauche, israéliens et palestiniens, juifs et arabes, engagés « dans la lutte contre l’occupation israélienne ». Il s’est entretenu dimanche à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, avec Hussein Khader, député du parti Fatah de M. Abbas. Son retour en France est prévu mardi.
* AFP | 20.04.09 |
Olivier Besancenot empêché de se rendre à Gaza
Communiqué du NPA
Depuis samedi, la délégation du NPA (conduite par Olivier Besancenot et Myriam Martin) a pu rencontrer en Cisjordanie les forces politiques palestiniennes représentatives, ainsi que de nombreux acteurs de la société civile (ONG) et les organisations israéliennes qui s’opposent à la colonisation et à la logique de guerre.
En revanche, aujourd’hui, les autorités israéliennes viennent d’interdire à la délégation de se rendre à Gaza.
Le NPA proteste contre cette décision arbitraire : trois mois après l’intervention israélienne à Gaza, le gouvernement israélien tente d’empêcher les anticapitalistes et anti-impérialistes français de manifester leur solidarité avec le peuple palestinien et de témoigner du sort qui lui est fait.
Plus que jamais, au côté du peuple palestinien !
Montreuil, le 20 avril 2009
Un lien vers le reportagevidéo tourné par Julien Salingue avec la délégation NPA, conduite par Olivier Besancenot, en Palestine (17-21 avril 2009).