Du 17 au 19 janvier 1975 le 4e Congrès national des femmes se tient à Berne. Il va servir de plateforme de discussion par rapport à différents enjeux concernant la place des femmes dans la société. Pour protester contre ce congrès officiel qui fait l’impasse sur la question de l’interruption de grossesse, des groupes issus du nouveau mouvement féministe mettent sur pied leur anti-Congrès qui se déroule parallèlement au premier. Deux courants du mouvement féministe vont ainsi se confronter publiquement lors de ces deux événements. D’un côté, les organisations féminines traditionnelles, dont certaines ont été fondées durant la deuxième moitié du 19e siècle déjà. De l’autre, celui qu’on appelle le nouveau mouvement féministe, proche de la nouvelle gauche et du mouvement estudiantin. Les divergences entre ces deux composantes sont perceptibles et concernent tant le choix des thèmes que la manière de les traiter, mais aussi les formes d’action à développer.
Les néo-féministes zurichoises font parler d’elles dès novembre 1968. Cette année-là, l’association cantonale pour le droit de vote de la femme fête ses 175 ans d’existence. Profitant de cette occasion, les nouvelles féministes interviennent pour dénoncer le fait que l’introduction timide du droit de vote dans quelques cantons n’a pas effacé les inégalités entre les sexes. Contrairement au mouvement des femmes traditionnel qui vise l’égalité juridique et politique effacée des femmes, les néo-féministes attaquent la division entre privé et public en affirmant – un slogan devenu fameux par la suite – : « le privé est politique ». Le nouveau mouvement met l’accent sur le droit à une sexualité libre, non-dictée par des normes. Par conséquent, comme ses homologues français, allemand ou italien, il fait du droit à l’avortement un cheval de bataille. Au niveau théorique, il se reconnaît dans certaines analyses marxistes tout en les combinant à une critique du patriarcat. Les féministes des années 70 développent de nouvelles stratégies pour combattre l’oppression spécifique des femmes, tant du point de vue juridique, que culturel, ou économique. À côté des Zurichoises, des groupes sont fondés dans plusieurs villes : les FBB (Frauenbefreiungsbewegung) en Suisse alémanique, les MLF (Mouvement de libération des femmes) en Suisse romande et les MFT (Movimento Femminista Ticinese) au Tessin.
Le 4e Congrès national des femmes suisses à Berne
1975 est proclamée « Année internationale des femmes » par l’ONU. Durant douze mois, diverses manifestations doivent se tenir sous le signe de l’égalité, du développement et de la paix. Point culminant de cette mobilisation : la première conférence mondiale de l’ONU sur les femmes, convoquée à Mexico City, à l’été 1975, avec la participation de déléguées de 133 pays. Son but déclaré : entamer un dialogue, au-delà des frontières nationales, sur l’égalité des sexes. À cette occasion, une structure ad hoc est mise sur pied, qui doit répercuter le message onusien en Helvétie. « La Suisse de l’année des femmes », comme va s’appeler cette structure, est présidée par une juriste zurichoise, qui sera élue plus tard Conseillère nationale radicale : Lili Nabholz-Haidegger. À l’enseigne du slogan « Partenaires », le congrès envisagé par les initiantes se doit d’examiner la place des femmes dans la société, ainsi que les relations femmes-hommes à l’intérieur du couple. Au sein du groupe de travail, quelque 80 associations hétéroclites, confessionnelles et de bienfaisance, ainsi que des corporations diverses, côtoient l’Association pour les Droits de la Femme. Afin de ne pas froisser les sensibilités des unes et des autres, et pour ne pas heurter les femmes catholiques, les organisatrices sont amenées à faire beaucoup de compromis. Ceci explique pourquoi la question de l’avortement est laissée de côté au cours des travaux préparatoires.
Pendant toute la durée du Congrès, du 17 au 19 janvier 1975, des conférences, des tables rondes et des expositions sont organisées sur des sujets tels que « La ménagère et la famille dans une société en pleine mutation », « Les problèmes économiques et financiers des femmes », ou encore « La femme dans le monde du travail ». Sept résolutions sont aussi votées. L’une d’elles préconise la création d’un Bureau fédéral sur la condition féminine, une autre entend ancrer dans la Constitution le principe de l’égalité entre les sexes. Cette dernière résolution déclenche un vif débat parmi les congressistes. Les femmes radicales et libérales en particulier sont réticentes, arguant du fait que le droit au suffrage féminin a été acquis depuis trop peu de temps. C’est pourquoi une résolution dans ce sens est refusée par un gros tiers des voix (375 NON contre 682 OUI). Dans un premier temps, l’Alliance des Sociétés Féminines (ASF) et son pendant alémanique, le Schweizer Verband für Frauenrechte ne soutiennent pas cette idée. Cependant le Congrès va poser les premiers jalons d’une collaboration entre les féministes traditionnelles, qui appuient les projets égalitaires, et le nouveau mouvement des femmes, qui conduira in fine à l’ancrage du principe de l’égalité des sexes dans la Constitution, en 1981.
L’anti-Congrès : protestations, fête et discussion
Alors qu’elles vont par la suite collaborer avec les associations féminines traditionnelles, les militantes du nouveau mouvement féministe critiquent le fait que les organisatrices du Congrès ont laissé de côté la question de l’avortement. C’est la raison qui pousse ces militantes à organiser un anti-Congrès à Gäbelbach, dans la banlieue bernoise. Venues de Zurich, Bâle, Genève, Lausanne, Neuchâtel et Bienne, et appartenant à des courants différents, les unes se disant « autonomes », les autres se revendiquant de « Femmes en lutte », etc., elles réussissent à mettre sur pied un anti-Congrès, parallèlement au Congrès officiel.
« Ensemble nous sommes fortes », devise de l’anti-Congrès, exhorte les femmes du mouvement à être solidaires entre elles et unies dans l’action. Pour la première fois, les différentes branches locales du FBB et du MLF s’affirment au niveau national par une démarche commune. Sur les tracts d’invitation à l’anti-Congrès, elles exposent leurs positions, critiquant en particulier le fait que le Congrès officiel soit financé par des banques et des grandes sociétés, donc par des entreprises qui, sur les lieux de travail, oppriment les femmes. Elles prétendent que le Congrès est « une manifestation de privilégiées pour des privilégiées », et que celles qui subissent l’oppression spécifique le plus durement, tant à la maison que sur les lieux de travail, n’ont aucune place dans ce conclave officiel.
Elles s’attaquent aussi au choix des thèmes retenus pour les débats en arguant, que « les grands discours sur la collaboration et l’égalité, loin de poser les véritables problèmes des femmes, ne font que les masquer », ou que « le thème du Congrès ne peut intéresser, et encore, que celles qui ont la possibilité de se libérer individuellement ». Elles dénoncent enfin le fait « que le Congrès a rejeté délibérément la question de l’avortement ». Au-delà du choix des thèmes retenus (qui renforcent l’image traditionnelle des femmes), les reproches des militantes du mouvement à l’égard des congressistes visent la façon dont ils sont traités. La pléthore d’interventions [50 en trois jours, NDT] et la difficulté d’avoir une image claire de leur déroulement interdit toute possibilité de débat et de dialogue. De surcroît, les 500 francs de droits d’inscription exigés des groupes pour participer sont considérés comme prohibitifs pour le Mouvement, qui s’est vu ainsi privé de parole pour les travaux préparatoires [décisionnaires sur le choix des thèmes, NDT].
C’est ainsi que, parallèlement au Congrès officiel, se tient l’anti-Congrès, les 18 et 19 janvier 1975. Les militantes des FBB/MLF exposent les raisons de leur manifestation à la presse : « L’anti-Congrès n’est pas une manifestation contre les participantes au Congrès officiel, mais contre leur approche erronée. Nous renonçons aux longs exposés de personnalités bien connues (...) Nous voulons une manifestation où chaque femme puisse débattre librement de ses problèmes qui sont aussi les nôtres. Des films, des jeux, des cabarets, une fête, etc. Nous donnerons des impulsions. Nous allons extérioriser le refoulé, parler de nos émotions ». L’anti-Congrès ne devait pas être planifié jusqu’au moindre détail, mais avoir plutôt le caractère d’un happening et garder un esprit ludique : « Notre souci n’est pas la perfection mais la créativité et l’ouverture ». Contrairement au Congrès officiel, où c’est un homme qui tient le discours d’inauguration, le Conseiller fédéral Hans Hürlimann (PDC), la manifestation est organisée par des femmes pour des femmes. Des hommes ont été enrôlés pour tenir la garderie et vendre sandwichs et boissons.
Nouvelles questions féministes
Le sujet principal de l’anti-Congrès est certes l’avortement, mais ses protagonistes abordent aussi des thèmes comme l’homosexualité, le salaire ménager, la condition des ouvrières, ainsi que celle des détenues et des immigrées. À l’ouverture, elles entonnent des chants féministes dans les différentes langues du pays. De brèves productions théâtrales ou de cabaret, des films, des spectacles audiovisuels ou des textes diffusés précèdent à chaque fois une vingtaine de débats. Des immigrées italiennes témoignent de leur condition. Le film français « Histoire d’A » est projeté, qui présente à la fois les activités du Mouvement pour la liberté de l’avortement et la contraception (MLAC) et la pratique de l’IVG selon la méthode Karman, qui a été interdite en France pendant quelques mois. Non seulement, ce film présente une activité réprimée par la loi, mais il heurte les « bonnes mœurs » de l’époque, constitue une forte provocation et brise un tabou.
L’homosexualité féminine est un autre thème important de l’anti-Congrès. Dans les années 70, ce sujet s’impose aussi au nouveau mouvement féministe. Plusieurs petits groupes de lesbiennes qui ont vu le jour font ainsi de l’anti-Congrès l’une de leurs premières apparitions publiques.
Une pièce de théâtre présentée par un groupe de lesbiennes zurichoises montre ainsi les difficultés des jeunes filles d’orientation lesbienne au niveau familial et social. Les Genevoises s’en prennent aux préjugés contre l’homosexualité féminine en présentant le « labyrinthe lesbien », à la sortie duquel on voit sa propre image projetée dans un miroir et accompagnée du commentaire suivant : « voilà à quoi ressemble une lesbienne ». Une grande fête clôt les travaux de cet anti-Congrès, auquel participent quelque 500 à 600 personnes.
Renate Schär retrace ensuite les péripéties de la décriminalisation de l’avortement, qui constitue alors un délit pour lequel le Code pénal suisse prévoit des peines allant jusqu’à 10 ans de réclusion. Une initiative pour la décriminalisation de l’avortement est ainsi lancée en 1971, et refusée en votation populaire. Nonobstant, le Département fédéral de justice et police met sur pied une commission d’experts qui a pour tâche d’examiner la question et de proposer des mesures législatives appropriées. Il en ressort trois propositions : la solution des « indications », des « indications sociales » et « des délais », dont aucune ne trouve grâce aux yeux des militantes du Mouvement, qui réclament la liberté totale et la gratuité de l’avortement, des cours sur la sexualité à l’école, de même que la gratuité des anticonceptionnels. La législation suisse sur l’avortement ne sera révisée qu’en 2002, soit 27 ans après l’anti-Congrès, avec l’adoption d’une loi qui permet l’interruption de grossesse sur simple décision de la femme pendant les douze premières semaines.
Débats internes et divergences théoriques
Lors de ses contacts avec la presse, et vis-à-vis de l’extérieur en général, le nouveau mouvement féministe donne une image d’unité. Pourtant, des conflits en son sein se manifestent dès les travaux préparatoires de l’anti-Congrès. C’est ainsi que les rivalités entre les Femmes progressistes de Suisse (FPS) et l’aile alémanique du Frauenbefreiungs bewegung (FBB) éclatent au grand jour. Les FPS ont été constituées en 1975, par des militantes des POCH (Organisations progressistes de Suisse, de tendance néo-communiste). Par la suite, elles sont restées proches de cette formation qui se revendique de la lutte des classes. Le désaccord entre le FBB et les FPS porte sur des questions relatives aux aspects fondamentaux de la stratégie à suivre (par les militantes féministes), tout particulièrement en ce qui concerne l’autonomie du mouvement. Autonomie définie comme prise en charge de la défense des intérêts spécifiquement féminins par des groupes de femmes non-mixtes.
D’après le FBB, seul un mouvement des femmes indépendant des organisations politiques de la nouvelle gauche peut faire avancer la cause de l’émancipation (féminine). Il y a alors, d’un côté, le mouvement autonome FBB, qui fait de la critique du patriarcat son cheval de bataille, et de l’autre les FPS, pour qui l’oppression des femmes n’est qu’un aspect de la question plus générale de la lutte des classes dans une société bourgeoise. Le dépassement du capitalisme, l’émancipation de la classe ouvrière, conduiraient ipso facto à la libération des femmes, affirment ces dernières. En outre, le FBB critique les comportements militants des hommes de la nouvelle gauche qui perçoivent la discrimination des femmes comme une « contradiction secondaire du capitalisme », et pire, la reproduisent dans leurs propres rangs, créant des rapports de subordination des militantes à leurs camarades masculins.
Le FBB/MLF est dès le début critique quant à la participation des FPS à l’anti-Congrès. Par la suite, il leur reprochera de ne s’être impliquées que de manière minimale à sa mise sur pied et d’avoir utilisé adroitement les conférences de presse pour faire croire que l’anti-Congres était leur œuvre. « Incontestablement, ce qui importe aux POCH (les Femmes progressistes) est d’être au centre de l’actualité politique. Elles se croient, elles seules, détentrices du message de salut public, donc hors des POCH point de salut ». D’après les critiques du FBB/MLF, « le but de la présence des FPS à Berne est de faire parler de leur parti et de son rôle dirigeant dans la lutte des classes par tous les moyens » ; or, « vouloir attirer l’attention par de telles pratiques est minable et nocif ».
Toutefois, le mouvement reconnaît qu’en amenant la problématique « femmes immigrées », les FPS ont donné une nouvelle impulsion à l’anti-Congrès. Le FBB/MLF s’efforce ainsi de se démarquer du mouvement traditionnel tout en refusant de passer sous la tutelle des organisations de la nouvelle gauche, dominées par les hommes. D’après les analyses du FBB/MLF, ces organisations ne s’opposent pas assez rigoureusement à la discrimination des femmes. Pour cela, la collaboration avec des groupes de femmes qui, en soi, leur sont politiquement proches, est marquée de tensions. En 1977, le groupe FPS se dissout en faveur de l’OFRA (Organisation pour la cause des femmes), une organisation de femmes autonome à vocation nationale. Ainsi, l’organisation nouvellement créée s’aligne-t-elle sur les positions du FBB/MLF concernant l’autonomie du mouvement.
Provocations et actions de « rupture » lors du Congrès
Les militantes du nouveau mouvement des femmes ont recours à différents moyens pour faire entendre leur voix au sein même du Congrès officiel et attirer l’attention sur la question de l’avortement. Alors qu’elles critiquent cette conférence, à Berne et à Zurich, ces femmes entendent y être présentes. Elles y distribuent des tracts et y montrent des films. Notamment, celui qui présente les témoignages de cinq femmes qui se sont fait avorter par des moyens non conformes à la loi. La provocation par l’action est à l’ordre du jour et fait même partie intégrante de la stratégie des FBB/MLF : choquer pour faire parler les médias, déclencher des réactions parmi leurs adversaires et influencer l’opinion publique. Elles procèdent ainsi à des actions spectaculaires, appelées « ruptures de règle » ou « Normbruch ».
Ces interventions sont chargées d’humour, en voici un premier exemple. Le Congrès officiel avait prévu un défilé de mode. C’est alors que quelques femmes du Mouvement, déguisées en clowns, font irruption en sifflant dans le prestigieux Kursaal ; elles montent sur la passerelle et singent les mannequins, ceci pour dénoncer l’utilisation de la femme comme objet sexuel. Autre exemple : alors que Jeanne Hersch, professeur de philosophie à Genève, donne une conférence inscrite au programme, une centaine de militantes du MLF pénètrent dans la salle en sifflotant. Elles y déploient des banderoles sur lesquelles on peut lire dans les trois langues nationales : « Des enfants OUI ou NON, c’est nous qui décidons », ou « Notre ventre nous appartient », et commencent à interpeller les congressistes sur la question de l’avortement. Les organisatrices leur cèdent le micro et les laissent alors exposer par quelques brèves interventions leurs arguments sur la question.
En reprochant aux congressistes d’avoir voulu écarter l’avortement de la liste des thèmes à discuter, les militantes FBB/MLF parviennent malgré tout à ce que, sous une forte pression, les organisatrices acceptent la tenue d’une « tribune libre », c’est-à-dire d’un débat public sur l’avortement. À l’issue de cet échange mené en français, elles peuvent présenter en plénière une résolution sur « la protection de la grossesse ». Curieusement, cette résolution ne déclenche pas de débat et est acceptée sans problème majeur, il est vrai, sans les voix des femmes du PDC et des représentantes des associations catholiques…
Bilan et conclusions
De plusieurs points de vue, l’anti-Congrès a été un succès pour le nouveau mouvement des femmes. Les divers groupes néo-féministes ont réussi une entrée spectaculaire et médiatique sur la scène publique. Ceci, malgré leurs désaccords internes et leurs divergences théoriques. Leur démarcation nette des organisations féminines traditionnelles et la confrontation directe avec elles y ont été pour quelque chose. À travers leurs actions médiatiques et les débats politiques qu’elles ont menés, les FBB/MLF ont enfin réussi à mettre à l’ordre du jour la thématique de l’interruption de grossesse. Grâce à ce sujet précis, sur lequel s’est focalisé le débat, les différents groupes ont pu intensifier leur collaboration, déclenchant ainsi de belles mobilisations. Cet esprit solidaire s’est clairement affirmé à l’occasion des manifestations du 8 mars pour la Journée internationale des Femmes, tout au long des années 70, au cours desquelles l’avortement est resté au centre de l’attention.
Après 1975, les femmes du Mouvement ont été aussi davantage enclines à collaborer avec les organisations féminines traditionnelles sur des questions légales. En fait, le mouvement des femmes traditionnel n’était pas homogène. Il se composait de diverses associations féminines poursuivant des buts différents les unes des autres. Mais déjà, l’anti-Congrès avait démontré que dorénavant, les questions à débattre ne viendraient plus de la « vieille » frange du mouvement des femmes, mais du nouveau mouvement aux sensibilités sociales déclarées. Appelé à intervenir lors des débats, et même à en fixer le contenu, le mouvement se devait d’avoir une meilleure structuration. Même si ces considérations n’ont pas conduit à la création d’une organisation nationale, les néo-féministes ont ainsi commencé à établir des liens avec d’autres mouvements et à influencer les partis politiques institutionnels, comme le Parti socialiste. [Mais ceci est une autre histoire, NDT].
Renate Schär
Méthode Karman
La méthode Karman préconise une aspiration du fœtus au moyen d’une canule. Elle porte le nom du médecin qui l’a pratiquée le premier aux États-Unis. Elle peut se faire de façon ambulatoire, ce qui réduit le caractère invasif de l’intervention, évite à la patiente une absence prolongée et lui épargne ainsi les questions indiscrètes de son entourage. Autre avantage : l’IVG peut être pratiqué par un personnel médical bien formé, sans requérir l’intervention d’un-e gynécologue. Pour l’anecdote, le Dr Karman, proche des milieux féministes de Chicago, avait même réussi à pratiquer cette intervention dans un bus, et ceci dès la fin des années 60. -A.S.
Pour en savoir un peu plus
sur l’histoire du MLF…
Vient de paraître :
• Carole Villiger, Notre ventre, leur loi. Le mouvement de libération des femmes de Genève, Neuchâtel, éditions Alphil, 2009.
Ce livre traite des revendications féministes de l’après 1968, et de la lutte de ses militantes pour « l’avortement libre et gratuit » et la contraception accessible à toutes. Son auteure, Carole Villiger a utilisé les archives du mouvement et interviewé des militantes. L’ouvrage comporte aussi une riche iconographie.
Deux classiques :
• Maryelle Budry et Edmée Ollagnier (éd.), Mais qu’est-ce qu’elles voulaient ? Histoires de vie du MLF à Genève, Lausanne, Éditions d’en bas, 1999.
Un classique essentiel à lire et/ou à consulter, conçu pour transmettre aux générations ultérieures quelques fragments de l’histoire du MLF.
• Julie de Dardel, Révolution sexuelle et Mouvement de libération des femmes à Genève (1970-1977), Lausanne, Éditions Antipodes, 2007.
Un livre incontournable : quelle compétence, quelle précision, et sans pédanterie…