Si le nombre de militant·e·s présents était un peu en dessous des attentes, cela a eu le mérite de permettre des discussions plus approfondies. La relativement faible représentation des différentes forces constitutives de cette Gauche, ainsi que des cantons, aurait pu induire une note pessimiste. Pourtant, au final des débats intéressants et constructifs ont pris le dessus. Une délégation de solidaritéS était présente, et c’est à regret qu’elle s’est retrouvée assez seule comme porte-parole de la Suisse romande. Ni le POP vaudois, ni les « communistes » genevois, ni encore d’autres « électrons libres » de la gauche n’ont fait le déplacement… De même, les Suisses alémaniques présents venaient presque tous de l’Alternative Liste zurichoise.
Des attentes divergentes
Le débat a été surtout centré sur des thèmes qui pourraient faire l’objet d’une initiative fédérale. En partant des principes larges que défend La Gauche des propositions plus concrètes ont émergé. Une division de fond s’est vite fait sentir : d’un côté, les partisans du lancement d’une initiative « unitaire » à laquelle pourraient sans problème s’associer le PS et les Verts et qui aurait ainsi toutes ses chances d’aboutir ; de l’autre, ceux qui voient dans ce projet le moyen de faire une propagande forte pour une alternative à la politique du PS et des Verts. solidaritéS a affirmé sa position dans ce sens et proposé quatre ébauches d’initiatives. En bref :
1 Assurons ensemble nos retraites vise la fusion du 1er pilier (AVS) et du 2e pilier (prévoyance professionnelle), avec maintien des droits acquis, dans le but de combattre la capitalisation au profit d’un système de retraites solidaire.
2 Pour une assurance nationale perte de gain santé regrouperait en une seule assurance fédérale les régimes de maladie, accident et invalidité actuellement distincts.
3 Parc immobilier : stop au gaspillage d’énergie propose la constitution d’un office fédéral qui assurerait la mise aux normes énergétiques des biens immobiliers, notamment en obligeant les propriétaires à assainir les habitations sans que les locataires n’en subissent le prix.
4 Transports publics accessibles à tous prévoit la gratuité des transports liés au travail ainsi qu’une baisse globale des tarifs.
Nous avons mis l’accent tout particulièrement sur le premier projet, qui est aussi celui qui a été le plus apprécié par les autres camarades présents. En vrac, parmi les autres propositions débattues, figuraient des projets pour : l’abolition des forfaits fiscaux ; un impôt national sur les droits de succession ; la semaine de 35 heures ; ou encore la proposition d’un revenu minimum inconditionnel…
Des revendications à la mobilisation
Pour une nouvelle organisation telle que La Gauche, cherchant à se construire comme alternative aux partis de la gauche traditionnelle, il nous paraît essentiel d’insister sur la nécessité de profiter de cette initiative pour mener une campagne de rupture, qui puisse trouver écho dans les mobilisations sociales. A ce stade, le but d’une telle initiative ne devrait pas être de gagner à tout prix en votation, et donc de choisir un thème peu revendicateur, mais au contraire d’organiser et de fédérer les mouvements anticapitalistes, et ce à travers une campagne commune forte.
Le choix définitif du sujet devrait être fait lors du prochain congrès de La Gauche, en mars à Zurich. Pour le moment, suite à un vote consultatif, c’est l’initiative pour l’abolition des forfaits fiscaux qui a remporté le plus de succès, suivie de près par notre projet de fusion AVS – IIe pilier, puis par celui du regroupement des assurances pertes de gain et santé.
solidaritéS continue donc à prendre part à ce processus d’unification des organisations de la gauche de la gauche, notamment parce qu’il est vital de tisser un réseau militant qui traverse la Sarine. Si La Gauche est encore fragile, malheureusement, autant sur le plan fédéral que cantonal, et si parfois nous rencontrons des désaccords (sur le rapport aux institutions, sur les liens aux autres partis de gauche, sur l’Union européenne et la libre circulation des personnes), elle a néanmoins le mérite de favoriser les échanges entre militant·e·s de groupes et d’origines différents.
Giulia Willig