Hommage à Claire Villiers
Claire Villiers est décédée ce vendredi 3 décembre 2010 d’un cancer vieux de 15 ans et qui a fini par l’emporter. Et pourtant quelle énergie elle avait mis pour le mettre à distance, le dominer, l’obliger à ne garder que la place qu’elle voulait bien lui laisser. Elle savait que le combat serait inégal, mais tant qu’elle le pourrait, elle voulait continuer à lutter, à participer, à vivre. Parce que pour Claire, vivre c’était forcément lutter.
Nous nous souviendrons de ses emportements devant les injustices et les inégalités. Nous nous souviendrons de son engagement total, toujours aux côtés des plus faibles, des opprimés, des réprouvés. Et parce que la maladie lui donnait un horizon à une échéance donnée, nous admirions son refus obstiné de considérer qu’un combat pouvait ne pas valoir d’être tenté tout de suite et maintenant.
Claire était l’absolu exemple du refus de baisser les bras. Comme beaucoup d’entre nous, elle a vécu les défaites. Mais jamais, au grand jamais elle n’en fut atteinte. Et si le doute pouvait la saisir, ce n’était pas pour désespérer du combat, mais pour se reprocher ou regretter ses erreurs ou pour fustiger les désertions.
Claire a vécu ensemble ou successivement nombre d’engagements civils, associatifs, syndicaux, politiques. C’était une figure évidente et éclatante de l’engagement. Rien à voir avec la commisération. Rien à voir avec la charité. Rien à voir avec la rédemption. Si cela avait été le cas, elle n’aurait pas été capable d’avoir ces fulgurances de pensée qui ont marqué toutes celles et tous ceux qui ont vécu à ses côtés militants.
Claire Villiers était un mélange de rage, d’intelligence, d’humanité et de fermeté. Elle était une puissante réponse à la controverse qui prédisait la fin des militants. Claire, figure majeure de l’engagement social, rigolait beaucoup devant ces auto-justifications fallacieuses des propres renoncements de leurs auteurs.
Les militantes et les militants de la LDH se souviendront que lors du congrès du centenaire, en 1998, Claire fut l’une de nos grands témoins. Elle qui partageait avec nous, le combat de tous les droits pour tous et partout.
Ligue des Droits de l’Homme
Notre camarade Claire Villiers nous a quitté
Communiqué de la FSU
Les Lilas, le 5 décembre 2010
Le souvenir de Claire Villiers restera pour toutes et tous celui d’une femme qui n’a eu cesse de porter ses convictions et de les mettre en œuvre.
Cofondatrice d’« AC ! Agir ensemble contre le chômage », militante syndicale et vice présidente du conseil régional d’Ile de France, mais aussi féministe et internationaliste, elle a su anticiper et animer beaucoup des débats de société. Elle a aussi beaucoup contribué à notre réflexion collective.
De la CFDT-ANPE dont elle fut l’une des responsables, jusqu’à la FSU qu’elle rejoignit avec l’ensemble de son syndicat après la signature du PARE, elle avait toujours su lier son parcours professionnel à son engagement syndical, pour y défendre farouchement ces valeurs de solidarité et d’humanisme autour desquelles elle avait si solidement muri ses convictions.
Son combat a été permanent contre toutes les injustices sociales, les inégalités et les souffrances humaines.
La FSU lui rend hommage et salue une femme de conviction qui fût à nos côtés, de toutes les luttes et de tous les combats contre les injustices de ce temps.
Hommage à Claire Villiers
Claire Villiers est morte le vendredi matin 3 décembre 2010. Elle avait un cancer depuis 15 ans, qui a fini par prendre sa vie malgré toute la rage qu’elle a mis à le tenir à distance, en continuant ses combats, en affirmant ses convictions, alors que l’ombre de la maladie s’étendait sur elle. Elle nous a tant appris.
Claire vivait au quotidien son engagement contre l’injustice sociale et contre ce capitalisme financier qui écrase nos vies. Elle le vivait dans ses relations avec les autres, dans ses choix personnels et politiques.
Elle était une de ces militantes de la JOC, qui a très vite décidé de prolonger son engagement chrétien en s’inscrivant dans le syndicalisme militant à la gauche de la CFDT. Elle a été l’une des figures essentielles de l’opposition à la ligne de cogestion de ce syndicat, qu’elle quitta avec d’autres pour militer au SNU.
Elle est entrée à l’ANPE en 1975 et ne cessait d’expliquer combien le chômage déstructurait les individus et pulvérisait leur rapport au monde. Elle fut co-fondatrice d’ AC ! et très impliquée dans le mouvement des chômeurs et précaires de la fin des années 1990.
Estimant nécessaire de faire le lien entre son engagement dans le mouvement social et la construction d’une alternative politique au libéralisme, elle a été, avec Marie-Georges Buffet, tête de liste de la Gauche Alternative et Citoyenne aux élections régionales d’Ile de France en 2004. Elue conseillère régionale dans les Hauts-de-Seine, elle était devenue vice-présidente de la région chargée de la démocratie sociale jusqu’en 2010. Plus que tout, elle aurait voulu continuer de combattre concrètement et localement les discriminations, de soutenir les associations de jeunes, de femmes, de luttes pour les droits, qui étaient pour elle l’expression vivante de la démocratie.
Elle considérait comme essentiel cet espace de pensée, cette passerelle entre le mouvement social et la gauche de transformation qu’est la Fondation Copernic dont elle a été Co-Présidente jusqu’en 2004. Elle a d’ailleurs activement participé à la campagne de la gauche antilibérale contre le Traité constitutionnel en 2005, avec la Fondation Copernic, puis a soutenu la candidature de José Bové à l’élection présidentielle de 2007, devenant l’une de ses porte-parole de campagne. Elle avait ensuite rejoint la FASE, dans le même esprit de construction d’une force alternative et sociale à gauche de la gauche.
Mais toute cette cohérence personnelle entre ses idées, sa vie et ses combats, ne suffirait pas vraiment à expliquer ce que nous avons perdu en perdant Claire, son exceptionnelle imagination politique, son éternel sourire, sa bienveillance paisible, son souci absolu de l’autre, bien plus que d’elle-même.
Nous sommes aux côtés de sa famille et de ses proches, dont nous partageons l’infinie tristesse.
Fondation Copernic
3 décembre 2010
HOMMAGE À CLAIRE VILLIERS
Notre camarade Claire Villiers est décédée le vendredi 3 décembre. Elle a marqué l’histoire sociale, syndicale et politique de notre pays. D’abord au travers de son engagement syndical en tant que dirigeante de la CFDT-ANPE et de la gauche CFDT bataillant contre le libéral-syndicalisme de la direction confédérale de la CFDT où elle a eu également un investissement important dans la région interprofessionnelle Île-de-France.
Comme responsable syndicale, elle a eu un rôle décisif dans la construction du mouvement « Agir ensemble contre le chômage ». Salariée de l’ANPE, responsable CFDT, elle devint porte-parole du mouvement des chômeurs. Elle était reconnue pour son humanisme, son inflexibilité face à l’injustice et à l’exclusion sociale.
Le mouvement des chômeurs a surgi en 1994 avec la marche nationale qui a traversé le pays, puis les marches européennes et le mouvement de l’hiver 1997/98.
Une grande partie du monde des « sans-emploi/sans-logement/sans-papiers » a retrouvé dans ce combat sa dignité, sa verticalité, donnant quelques cauchemars aux dominants et divers gouvernements. Elle avait une capacité extraordinaire à faire réfléchir les gens ensemble, à les mettre en mouvement.
Claire était également extrêmement attachée à l’unité syndicale, au caractère interprofessionnel du syndicalisme et était viscéralement internationaliste et féministe.
Lors de la rupture de la CFDT-ANPE avec la confédération CFDT, elle participa à la construction du SNU-ANPE au sein de la FSU devenant ensuite SNU-Pôle emploi.
Claire, avec quelques autres, a décidé d’investir son expérience sociale et syndicale dans la sphère politique, en participant à un regroupement politique, l’Alternative citoyenne. Élue conseillère régionale puis vice-présidente de la région, chargée de la démocratie régionale, elle était de nouveau candidate aux régionales mais sa sensibilité issue du mouvement social a été broyée par les tractations finales d’appareil entre le PCF et le Parti de gauche. Elle en avait ressenti une certaine amertume.
La disparition de Claire laisse un grand vide. Nous avions des désaccords, des débats politiques en particulier concernant la présence de « représentants » du mouvement social dans les institutions, les alliances de gestion avec le PS.
Avec Claire disparaît une représentante de ce catholicisme social qui tendait à l’expression d’une sorte de « théologie de la libération à la française ».
Comme disent les camarades latino-américains : Claire présente ! Nous la continuons dans nos luttes.
NPA
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 81 (09/12/10).
Claire Villiers !!!
Beaucoup d’entre nous ont rencontré Claire durant les mobilisations contre le chômage et les précarités menées par AC !, en lien avec d’autres mouvements de luttes, associations des « sans », d’autres ou des syndicats.
S’il avait fallu détailler les qualités humaines et politiques de notre camarade, de notre sœur, on n’aurait pas su par où commencer, et en plus ca l’aurait gênée : elle nous aurait raillés !
Alors, autant être direct : la lutte contre le chômage, la résistance à la précarisation, le mouvement AC !, le syndicalisme de lutte, la critique concrète du libéralisme lui doivent beaucoup. Nous lui devons beaucoup.
Que nous ayons pu – insuffisamment mais par l’action collective – changer le regard sur les « exclu-es » reconnu-es acteurs d’un mouvement social et gagner des droits n’est évidemment pas le fruit de la volonté d’une seule personne, mais nous pouvons témoigner que son engagement sincère, sa disponibilité, ses capacités d’écoute et de propositions, sa recherche du consensus le plus haut ont largement aidé à rendre tout cela possible.
L’action collective a parfois sauvé certain-es d’entre nous du pire en nous aidant à retrouver du sens. Nous étions ensemble, toutes et tous ensemble, pour la justice sociale.
L’automne avait bien commencé : la lutte va continuer car personne ne veut plus payer pour leurs crises et nous manifesterons demain. Mais là, on est très, très tristes.
Nous pensons très fort à sa famille et à ses proches.
Paris le vendredi 3 décembre 2010
AC !
Hommage à Claire Villiers
Avec Claire Villiers a disparu, vendredi 3 décembre, l’une des figures les plus marquantes du mouvement social et politique de ces dernières décennies et une femme « bien » comme il est de coutume de dire de celles et ceux dont on sait qu’ils vont vraiment nous manquer. ...
Du mouvement social et politique, car elle n’a cessé de vouloir abattre les frontières entre les luttes sociales et l’alternative politique. C’était pour elle l’une des conditions de la recomposition politique jugée si nécessaire à la gauche. C’est pourquoi, connue pour ses engagements syndicaux - à la CFDT - et associatifs à AC ! qu’elle a cofondé et dont elle aura été longtemps la figure principale, Claire a sauté le pas en 2004 en conduisant la liste « Gauche populaire et citoyenne » pour les régionales en Ile de France.
Cette alliance électorale entre le PCF, mouvements politiques et acteurs du mouvement social comme Claire fut une des premières tentatives concrètes de regroupement de la gauche de gauche. Vice-présidente du Conseil régional de 2004 à 2010, Claire s’y était engagée pleinement, son combat en faveur d’une plus grande démocratie régionale fut un des plus remarqués. Elle aura été ensuite de tous les combats de « notre » gauche : contre le TCE ou pour tenter de déboucher sur une candidature commune à la Présidentielle de 2007, capable de porter les valeurs du « non » de gauche. Elle fit finalement campagne pour José Bové, même si la maladie qui allait l’emporter, l’a empêché, dès lors, de pouvoir mener ces batailles avec toute la capacité physique qu’elle jugeait nécessaire de mobiliser. Cela la faisait souvent enrager tant elle en sentait l’urgence toujours plus grande. Mais sa combativité, elle, ne fut jamais amoindrie, tant contre le mal qui la rongeait que dans ses engagements maintenus avec ses camarades d’Alternative Citoyenne.
Nous partagions avec Claire bien des valeurs et des combats : de justice sociale, contre la précarité, les inégalités et les discriminations, Pour l’égalité entre les hommes et les femmes, la défense du service public et bien évidemment le lien entre « la rue et les urnes ». Elle va manquer à toutes ces batailles mais aussi à toutes et tous les militants de la gauche de transformation dont nous sommes.
L’ensemble des militant-e-s du Parti de Gauche lui rendent hommage et s’associent à la peine de sa famille, de ses amis et de ses camarades.
Parti de Gauche
4 décembre 2010
Claire Villiers, en souvenir et pour inspiration
Claire Villiers est décédée le 3 décembre. Une grande et belle figure des luttes associatives, syndicales et politiques disparaît. Nous l’avions rencontrée lors du mouvement des chômeurs et des précaires de l’hiver 1997/1998, auquel elle avait activement contribué. Nous l’admirions beaucoup. Vous (re)trouverez l’entretien, « on veut aller où ? », qu’elle avait accordé à Vacarme au printemps 2000 : http://www.vacarme.org/article35.html.
Vacarme
3 décembre 2010
HOMMAGE : Claire Villiers, ou l’éthique de l’engagement
Claire Villiers, cofondatrice d’Agir contre le chômage et ancienne vice-présidente de la région Île-de-France s’est éteinte ce 3 décembre. La rédaction de Basta ! lui rend hommage.
Le militantisme au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne, où elle entre dès 14 ans, dans les années 1960. Le syndicalisme de transformation sociale avec la CFDT dans les années 1970 et 1980 alors qu’elle travaille à l’ANPE. La lutte auprès des mouvements de chômeurs dans les années 1990, avec la fondation d’Agir contre le chômage (AC !). Puis la construction d’alternatives politiques à gauche dans les années 2000, avec l’élection au Conseil régional Île-de-France sous l’étiquette Alternative citoyenne, et la vice-présidence en charge de la démocratie régionale. Mais la fille d’ouvrier se désespère de l’absence d’unité, des mesquines querelles d’appareils et du manque d’ambitions à gauche du PS, avec le résultat que l’on sait au premier tour de l’élection présidentielle de 2007. Tels sont le riche parcours et les multiples combats de Claire Villiers, qui s’est éteinte, victime d’un cancer, dans la matinée du 3 décembre.
Toujours disponible, toujours sincère, des mobilisations de la rue jusqu’à son siège d’élue, Claire incarne une éthique de l’engagement, qu’on aimerait déceler plus souvent avec une si déconcertante régularité chez soi-même comme chez les autres. Au sein du Conseil régional, elle était l’une des rares à vouloir que les élus du peuple réinvestissent la question du travail, laissée de côté par les politiques régionales. « La démocratie s’arrête à la porte des entreprises », disait-elle souvent. Pour elle, pas de démocratie sans démocratie dans le travail. Ce travail, aujourd’hui malmené par la précarité, les pénibilités et les diktats financiers, constitue pour Claire l’un des principaux terrains d’expérimentation de l’oppression néolibérale. Vice-présidente de la région, au nom d’une vision peu orthodoxe d’une démocratie régionale revigorée, elle n’a pas hésité à fortement appuyer l’émergence de nouvelles expressions associatives, quitte à déplaire.
Si vous ne la connaissiez pas ou si vous l’avez juste croisée, vous pouvez lire le long entretien que la revue Vacarme avait publié, ou voir l’interview filmée que Basta ! avait réalisée avant le dernier scrutin régional.
La rédaction de Basta ! (6 DÉCEMBRE 2010)
Le MRAP salue avec émotion et respect la mémoire de Claire Villiers
Claire Villiers, militante contre l’injustice sociale, avait partagé les combats de la JOC puis rejoint un syndicalisme profondément engagé ainsi que les mouvements de chômeurs et précaires des années 1990. C’est alors qu’elle fut co-fondatrice d’AC ! (Agir Ensemble contre le Chômage) et membre du Conseil d’orientation de la Fondation Copernic dont elle resta co-présidente jusqu’en 2004.
Elue au Conseil Régional d’Ile de France en 2004, après avoir mené campagne en tant que tête de liste de la Gauche Alternative et Citoyenne, elle prolongea son engagement par la recherche d’une alternative sociale et politique, menant combat pour les droits des femmes, les droits de jeunes, les droits des plus précaires, pour les associations de défense des droits, contre les discriminations, contre le racisme...
Le MRAP, qui partage aujourd’hui comme hier nombre de ces luttes pour l’égalité, rend un hommage respectueux à l’engagement citoyen de cette femme de convictions et de combats. Il salue avec émotion sa mémoire et participe à la profonde tristesse de sa famille, de ses proches.
Paris, lundi 6 décembre 2010
Hommage des Alternatifs : Claire Villiers nous a quittés
Atteinte d’un cancer depuis une quinzaine d’années Claire Villiers trouvait la force de caractère pour surmonter la maladie et avait poursuivi son activité militante sur beaucoup de terrains. Elle nous a quittés.
Après un premier engagement à la JOC, elle a mené pendant de très nombreuses années une forte activité syndicale à l’ANPE. Elle était une des animatrices de la gauche syndicale CFDT qu’elle avait fini par quitter avec ses camarades pour fonder le SNU TEFI (FSU).
Travaillant à l’ANPE, constatant l’explosion du chômage et de la précarité, la faible prise en considération de cette question cruciale par le monde syndical et politique, et consciente de la nécessaire auto-organisation des chômeurs/ses, elle participa à la création d’A C ! dont elle fut la porte parole pendant de nombreuses années.
Estimant nécessaire de faire le lien entre son engagement dans le mouvement social et la construction d’une alternative politique au libéralisme, elle a été tête de liste de la Gauche Populaire et Citoyenne aux élections régionales d’Ile de France en 2004. Elue conseillère régionale dans les Hauts-de-Seine, elle fut vice-présidente de la région jusqu’en 2010. Ce fut pour elle l’occasion de poursuivre son activité militante sur le plan institutionnel en appuyant l’action du monde associatif.
Elle avait rejoint la FASE ainsi que le groupe Alternative Citoyenne issu de cette expérience. Nous avons eu l’occasion d’agir ensemble pour un Non de gauche au projet de traité constitutionnel européen ou pendant la campagne Bové pour les élections présidentielles de 2007. Elle participait aux activités de la Fondation Copernic dont elle fut un temps co-Présidente en réfléchissant à l’alternative « pour remettre à l’endroit ce que le libéralisme fait fonctionner à l’envers ».
Claire, c’était une femme de cœur d’une grande intelligence, directe et chaleureuse, une amie qui nous était chère.
Notre amitié à son fils, sa famille, ses proches, et aux compagnons/compagnes de ses combats, qui furent aussi les nôtres.