Le colmatage du réacteur n° 2 de Fukushima échoue
Malgré tous les efforts déployés par les ingénieurs de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima Dai-Ichi, de l’eau contaminée continuait, lundi 4 avril, à se répandre dans l’océan Pacifique en raison d’une fuite du réacteur n°2, comme l’ont montré les tests d’étanchéité effectués sur place à l’aide de colorants.
Cette annonce intervient après plusieurs tentatives, pendant le week-end, de colmater la fissure découverte samedi dans un puits de béton de ce réacteur, à l’aide de mélanges de sciure, de journaux, de polymères et de ciment. « Nous espérions que les polymères fonctionneraient comme des absorbants, mais ils n’ont encore produit aucun effet visible » et n’empêchent pas l’eau de s’écouler, a déploré Hidehiko Nishiyama, directeur général adjoint de l’Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle.
REJET DE MILLIERS DE TONNES D’EAU CONTAMINÉE
L’agence de presse japonaise Jiji a par ailleurs annoncé, lundi, qu’en plus de cette fuite, l’exploitant de la centrale de Fukushima, l’opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), allait rejeter dans la mer 11 500 tonnes d’eau radioactive qui s’est accumulée dans les installations accidentées par le séisme et le tsunami du 11 mars.
Un porte-parole de la société Tepco a précisé que « quelque 10 000 tonnes d’eau stockées dans des cuves et 1 500 tonnes actuellement dans les réacteurs 5 et 6 » seront déversées dans l’océan Pacifique : une « mesure de sécurité » selon le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano, qui a souligné qu’il s’agissait d’une eau faiblement radioactive. Tepco a cependant précisé que ce liquide dépassait de cent fois les seuils autorisés de radioactivité.
La société Tepco a enfin fait savoir qu’au moins quatre des six tranches de la centrale seraient mises hors service une fois la crise actuelle réglée, ce qui pourrait prendre plusieurs années, voire plusieurs décennies. « Nous ne sommes pas sortis de la situation d’urgence, mais elle est à peu près stabilisée. La principale préoccupation des Japonais est de savoir quand la fuite de substances radioactives s’arrêtera », a déclaré dimanche Goshi Hosono, collaborateur du premier ministre japonais, Naoto Kan. « Combien de temps cela prendra ? Je pense que l’échéance pourrait être fixée à plusieurs mois », a-t-il ajouté.
LE GOUVERNEMENT SÉVÈREMENT JUGÉ
Très impopulaire avant même la catastrophe, le chef du gouvernement, Naoto Kan, qui s’est rendu pour la première fois samedi dans la zone dévastée, a été sévèrement mis en cause pour sa discrétion dans la gestion de la crise nucléaire et de la situation humanitaire, trois semaines après la catastrophe qui a plongé le Japon dans une crise sans précédent depuis la seconde guerre mondiale.
Selon les derniers bilans, le séisme et le raz-de-marée du 11 mars ont fait près de 28 000 morts et disparus. Plus de 163 000 sinistrés sont toujours hébergés dans des structures provisoires, et Tokyo a évalué le coût de la catastrophe entre 190 et 298 milliards de dollars.
Tombée à 24 % d’opinions favorables, la cote de popularité de Naoto Kan s’est toutefois redressée ensuite pour atteindre désormais 31 %, selon un sondage réalisé pour le quotidien Yomiuri. Près de 70 % des personnes interrogées jugent néanmoins qu’il n’est pas à la hauteur de ses responsabilité et 19 % réclament sa démission, tandis que les deux tiers des Japonais se disent également favorables à la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Le Parti démocrate, dont est issu Naoto Kan, a indiqué avoir engagé des discussions avec le Parti libéral-démocrate (PLD), principale mouvement de l’opposition, en vue de la formation d’un tel gouvernement de coalition. Mais rien n’indique qu’un accord soit en vue.
UN LOURD IMPACT SUR L’ÉCONOMIE
Les chefs d’entreprise du secteur manufacturier sont en outre pessimistes en ce qui concerne l’évolution des affaires pour les trois prochains mois, selon l’enquête Tankan, de la Banque du Japon. La baisse de l’indice trimestriel est toutefois moins importante que certains analystes le craignaient.
La crise nucléaire risque par ailleurs d’entraîner une révision des objectifs de Tokyo en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a averti le vice-ministre de l’environnement, Hideki Minamikawa. « Il est vrai que notre objectif pourrait être affecté de façon importante », a-t-il confié au Yomiuri.
« Des implications énormes pour l’énergie nucléaire »
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie nucléaire (AIEA), Yukiya Amano, a inauguré, lundi 4 avril, à Vienne, la réunion de la Convention sur la sûreté nucléaire, qui intervient alors qu’une crise nucléaire majeure frappe le Japon et la centrale de Fukushima.
La Convention sur la sûreté nucléaire, adoptée en 1994 par les membres de l’AIEA, approuvée par la France un an plus tard, est aujourd’hui ratifiée par tous les pays exploitant des réacteurs nucléaires.
Lors d’un discours d’introduction à cette réunion, qui doit durer jusqu’au 14 avril, Yukiya Amano a indiqué que trois des six réacteurs de la centrale dont le combustible menaçait d’entrer en fusion sont désormais dans un état stable.
Mais il s’est également exprimé concernant l’impact de la catastrophe industrielle en cours : elle aura selon lui « des implications énormes pour l’énergie nucléaire et nous confronte tous à un défi majeur. (...) Nous ne pouvons pas reprendre une approche routinière » après un tel accident, a-t-il souligné. « Les inquiétudes de millions de personnes à travers le monde sur la sécurité de l’énergie nucléaire doivent être prises au sérieux ».
« L’adhésion rigoureuse aux normes de sûreté internationales les plus robustes et une transparence totale, en temps normal comme en temps difficile, sont vitales pour rétablir et conserver la confiance du public », a enfin déclaré Yukiya Amano.
* LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 04.04.11 | 07h59 • Mis à jour le 04.04.11 | 15h49.
Les « liquidateurs » de Fukushima tentent de colmater une fuite sur le réacteur 2
Les ouvriers de Tepco, l’opérateur de la centrale de Fukushima, tentaient dimanche 3 avril de colmater à l’aide de colle polymère une brèche sur un puits du réacteur n°2 d’où s’échappait de l’eau hautement contaminée directement dans l’océan Pacifique. Du béton y a été injecté en vain la veille.
« Nous espérons que les polymères absorberont l’eau et combleront la conduite pour l’empêcher de fuir », a expliqué Hidehiko Nishiyama, directeur général adjoint de l’Agence de sûreté nucléaire et industrielle. Aucune autre fissure n’a été découverte lors de l’examen des cinq autres réacteurs de la centrale.
Des analyses d’échantillons d’eau de mer, pratiquées le 30 mars à 40 km au sud de la centrale, ont révélé un taux d’iode radioactif 131 de 79,4 becquerels par litre, alors que la limite légale est de 40 becquerels par litre. L’Agence de sûreté nucléaire a toutefois affirmé que cette substance radioactive se diluait dans l’océan et que cette pollution n’était pas dangereuse pour la santé.
Une plateforme flottante en acier de 136 mètres de long et 46 mètres de large devrait arriver dans les prochains jours en face de Fukushima Dai-Ichi. Ses réservoirs d’une capacité de 10 000 tonnes pourraient servir à évacuer l’eau contaminée de la centrale. Deux barges de la marine américaine ont également acheminé de l’eau douce, qui est en cours de transvasement dans des cuves utilisées pour le refroidissement des réacteurs et des piscines de combustible usé. Selon le journal Yomiuri Shimbun, 550 tonnes d’eau sont injectées chaque jour dans les réacteurs.
LES CORPS DE DEUX EMPLOYÉS RETROUVÉS
Tepco a par ailleurs annoncé la découverte des corps de deux employés portés disparus depuis le 11 mars. L’opérateur estime que les deux hommes, âgés de 21 et 24 ans, ont probablement été tués par le tsunami. Les responsables du groupe ont toutefois été pressés de questions par les journalistes pour expliquer pourquoi les corps n’ont pas été trouvés plus tôt et comment les deux employés sont morts, alors que d’autres ont survécu, pendant qu’ils vérifiaient l’état des installations après le séisme.
Plusieurs centaines de Japonais ont manifesté à Tokyo devant le siège du premier groupe énergétique d’Asie, dont l’action a perdu 80 % de sa valeur depuis le début de la crise.
La situation reste précaire sur le site de Fukushima. Les barres de combustible sont toujours en surchauffe et une radioactivité 4 000 fois supérieure à la limite légale a été détectée au large de la centrale. « Nous ne sommes pas sortis de la situation d’urgence, mais elle est à peu près stabilisée. La principale préoccupation des Japonais est de savoir quand la fuite de substances radioactives s’arrêtera », a souligné dimanche Goshi Hosono, collaborateur du Premier ministre Naoto Kan, qui s’est rendu pour la première fois la veille dans la zone dévastée.
* LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 03.04.11 | 13h15 • Mis à jour le 04.04.11 | 17h43.
Une fissure découverte sur le réacteur n°2 de la centrale de Fukushima
L’opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-Ichi, au Japon, a annoncé samedi 2 avril la découverte d’une fissure sur une structure en béton du réacteur n°2 et indique que de l’eau radioactive s’écoule en mer. Selon la Tokyo Electric Power (Tepco), la radioactivité mesurée à cet endroit est de 1 000 milliSieverts par heure.
Cette fissure pourrait être à l’origine de la radioactivité mesurée au large de la côte nord-est du Japon où se trouve la centrale accidentée. On ignore en revanche si l’eau contaminée provient du réacteur lui-même. L’importance de la fuite – et donc la quantité d’eau radioactive rejetée en mer – reste également à déterminer.
Tepco a d’ores et déjà annoncé qu’il pratiquerait des analyses du niveau de radioactivité de l’eau de mer, en prélevant des échantillons près de la centrale ainsi qu’à trois endroits différents situés à 15 kilomètres du site. L’opérateur a par ailleurs l’intention d’injecter du béton pour colmater la fissure.
Afin de maintenir le combustible à une température inférieure au point de fusion, des milliers de tonnes d’eau ont été déversées sur les réacteurs. Conséquence de ce « lessivage », d’énormes quantités d’eau contaminée se sont infiltrées dans des galeries techniques souterraines et ont ruisselé jusque dans l’océan Pacifique tout proche. Cette accumulation d’eau hautement radioactive dans le site est très problématique en termes de stockage et de traitement et entrave fortement les opérations visant à relancer les circuits de refroidissement de la centrale.
PLUS DE 27 000 MORTS ET DISPARUS
Cette annonce intervient alors que le premier ministre japonais, Naoto Kan, effectue sa première visite dans la zone du nord-est de l’archipel dévastée par le séisme et le tsunami du 11 mars. Le bilan officiel provisoire de la catastrophe s’élève à plus de 27 000 morts et disparus, dont 2 300 pour le seul petit port de pêche de Rikuzentakata, où le chef du gouvernement s’est entretenu avec des sinistrés.
Naoto Kan, dont la popularité était en berne avant même la catastrophe, a été mis en cause pour sa gestion de la crise humanitaire et de l’accident nucléaire de Fukushima. Il n’avait que survolé des zones sinistrées le lendemain du désastre, avant d’annuler une première visite sur place à cause du mauvais temps.
* LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 02.04.11 | 09h19 • Mis à jour le 02.04.11 | 17h34.