Le NPA souhaitait la constitution de listes unitaires avec toutes les forces politiques qui entendent se situer en opposition au gouvernement, à la droite et à l’extrême droite et rejettent toute forme de nationalisme et de souverainisme. Il s’est donc adressé publiquement à LO et aux partis du Front de gauche.
Malheureusement, Lutte ouvrière n’a pas voulu entendre parler de notre proposition.
Quant au Front de gauche, ses propres difficultés et tensions internes n’ont pas permis d’engager de réelles discussions pour tenter de surmonter les désaccords qui existent entre nous.
Car il y a, bien entendu, des positions différentes sur la question européenne : le Parti de la gauche européenne, dont est membre le Front de gauche, se prononce pour une refondation de l’Union européenne qui ressemble plutôt à une tentative de réforme, alors que les anticapitalistes se battent pour la rupture avec les institutions européennes.
Mélenchon peut faire des déclarations ambiguës contre « l’Europe allemande » ou pour « le protectionnisme solidaire », alors que nous défendons une politique internationaliste sans concession aux nationalismes.
Tout en affirmant la « condamnation des ingérences impérialistes et néocoloniales », les listes du Front de gauche ne disent pas un mot sur les interventions de la France en Afrique.
Ces ambiguïtés n’empêchent pas, dans la dénonciation comme dans un ensemble de propositions, de larges accords, critique du capitalisme, de l’austérité, des politiques libérales de la fausse gauche, féminisme, écologie, défense des immigrés… Ces accords existants entre nous pouvaient permettre d’envisager la constitution de listes d’opposition au gouvernement et à l’Europe de l’austérité. Nous regrettons que cela n’ait pas été possible. Le débat politique continue.
Les désaccords qui s’expriment dans le cadre des élections européennes rejoignent nos désaccords au niveau de la politique hexagonale. Rompre avec le capitalisme tant au niveau national qu’européen, c’est rompre avec des institutions vouées à le servir pour inscrire notre programme dans une perspective de transformation révolutionnaire.
Mais nous pouvons nous féliciter d’avoir contribué à ce que toute une partie de la gauche syndicale, politique et associative descende, ensemble, dans la rue le 12 avril et nous militons pour que ce ne soit qu’une étape. Le combat pour rassembler toutes celles et ceux qui veulent résister aux politiques d’austérité et se battre pour la solidarité des travailleuses et des travailleurs par delà les frontières continue… Il est le sens même de notre campagne.
NPA
Après le 12 avril – Front de gauche : fin de non recevoir
À la suite de la lettre que nous avions adressée au Front de gauche et à Lutte ouvrière [1], une rencontre avec différentes composantes du Front de gauche (PCF, PG, Fase et PCOF) s’est donc tenue le mardi 15 avril.
Dans cette lettre, nous analysions le rapport de forces comme fortement dégradé pour le monde du travail. Le désaveu du gouvernement PS/Medef, le rejet des politiques d’austérité, le désespoir souvent engendré par l’aggravation du chômage et de la précarité, s’est traduit aux municipales par la montée des idées réactionnaires de la droite et de l’extrême droite en l’absence de riposte de masse des salariés. D’où l’importance de réussir le 12 avril comme première reprise de la rue et de l’initiative. D’où aussi la volonté du NPA d’être présent dans les élections européennes et le souhait de constituer des listes unitaires avec toutes les forces politiques qui veulent se situer en opposition au gouvernement, à la droite et à l’extrême droite. L’idée est de « rassembler contre les politiques européennes d’austérité, et pour une Europe de la solidarité et de la coopération entre les peuples », écrivions-nous.
Lors de la rencontre, nos interlocuteurs ont jugé notre démarche « importante », porteuse d’un réel « espoir » : dans la situation marquée par la déroute du PS, la montée de la droite et de l’extrême droite, la mise en œuvre du Pacte de responsabilité et la nomination de Valls, il est urgent de réagir ensemble. Le succès du 12 avril qui a rassemblé des dizaines de milliers de manifestantEs est à mettre en lien avec l’accélération de la dégradation de la situation politique et sociale. Mais ce succès a aussi été rendu possible grâce au nombre important des forces associatives, syndicales et politiques qui appelait ensemble. L’aspiration à l’unité est donc forte.
Pas de débat
Lors de cette rencontre, nous avons dit qu’une démarche unitaire nous paraissait plus adaptée à l’échelle de ces échéances européennes qu’à celle des municipales où les composantes du Front de gauche avaient eu des positionnements différents, en particulier par rapport au Parti socialiste, et que nous pouvions partager des orientations proches concernant l’Europe que nous voulons.
Nous avons énoncé les grandes lignes d’un programme européen d’urgence sociale et écologique, de solidarité, d’égalité des droits, autour desquelles nous aurions pu ouvrir le débat, mais les représentants du Front de gauche ont estimé notre démarche tardive car elle arrivait à la fin de trois mois de négociations internes sur leur programme, et que maintenant la campagne allait être lancée puisque le calendrier l’imposait : « Les délais ne sont pas un prétexte mais il faudrait du temps pour des discussions politiques sérieuses. » Le Front de gauche sera donc présent dans toutes les circonscriptions avec l’espoir « de bouleverser le rapport de forces derrière Tsipras, qui sera candidat à la présidence de la Commission européenne ».
Ils nous ont dit rester disponible pour envisager des suites au 12 avril, des suites qui ne peuvent être une journée isolée, et ouvert pour des rencontres avant d’autres échéances électorales. Mais concrètement, pour les élections européennes, c’est non !
Roseline Vachetta et Pierre Baton
* Paru dans Hebdo L’Anticapitaliste - 239 (24/04/2014) : https://npa2009.org/content/front-de-gauche-fin-de-non-recevoir