Les 24 et 25 mars, l’Unef a célébré son centenaire, à l’occasion de son 80e Congrès. Un an après le mouvement contre le CPE en France, 650 délégués assistaient à ce congrès, qui se voulait historique. L’existence d’un véritable syndicat étudiant national est une exception en Europe. Et c’est un élément qui joue positivement sur la capacité de lutte des étudiants. Le rôle de l’Unef a été important contre la guerre d’Algérie. Et, en 2006, l’Unef a joué un rôle important dans le lancement du mouvement contre le CPE, même si elle est loin de l’avoir dirigé.
La direction de l’Unef a écarté tout réel débat sur les raisons de la faiblesse actuelle du syndicalisme étudiant (moins de 1 % d’étudiants syndiqués, 13 000 adhérents à l’Unef). Pour la tendance majoritaire de l’Unef, ce devait être un congrès d’interpellation des candidats à la présidentielle, qui sont venus s’exprimer devant les congressistes (Olivier Besancenot y a reçu un bon accueil). Résultat, le congrès s’est polarisé sur les élections, sans possibilités de réel débat sur le fond, alors que le processus de libéralisation de l’enseignement supérieur a commencé. La prochaine étape est la mise en place de l’autonomie des universités : division entre universités prestigieuses et « facs poubelles » ultra-professionnalisées. Mais la direction de l’Unef n’a pas souhaité interpeller les candidats sur cette question et n’a pas clairement adopté un plan de mobilisation.
L’élément le plus intéressant de ce congrès, c’est la naissance d’un nouveau courant au sein de l’organisation : la Tendance pour une Unef unitaire et démocratique. Elle fait suite à la rupture de plusieurs équipes militantes avec la majorité du syndicat. Elle regroupe des militants de traditions très différentes autour de deux objectifs. Tout d’abord, lutter fermement contre le projet de libéralisation de l’enseignement supérieur, mis en œuvre à travers les réformes actuelles (LMD, loi sur la recherche...). Ensuite, se battre pour un syndicalisme démocratique capable de regrouper la nouvelle génération militante.
En effet, non seulement la grande masse des étudiants n’est pas syndiquée, mais la très grande majorité des étudiants ayant participé à la bataille contre le CPE n’a pas rejoint l’Unef. Le manque flagrant de démocratie dans le principal syndicat étudiant y est pour quelque chose : la direction de l’Unef avait notamment exclu 40 militants qui s’étaient opposés à elle lors du mouvement contre le CPE. Une partie de ces exclus fait partie des JCR. Mais, suite à une bataille menée par les collectifs pour une Unef unie et démocratique, formés à la suite de l’exclusion et par la Tendance pour une Unef unie et démocratique, la réintégration, en juillet, des 40 militants exclus a été acquise à ce congrès. C’est un pas vers la formation d’un syndicalisme étudiant réunifié et massif.