Nous avons longtemps cru que Gérard était immortel. Il était l’incarnation de l’ubiquité : partout en même temps. Contrairement à ce prétendent les charlatans – qu’il combattait avec les armes de la science, de l’humour et de la dialectique – les journées de Gérard ne comptaient pas 24 heures mais 48. C’était même un peu juste pour lui. Il était tour à tour, et en même temps, docteur en médecine, brillant immunologiste, directeur de recherches émérite au CNRS, syndicaliste, révolutionnaire permanent, pilier du service d’ordre de la FSU, trotskiste variant, rigolo et vulgarisateur scientifique hors norme. Sans oublier gentil et généreux. Il nous prend à contre-pied en nous quittant en pleine pandémie, alors que nous avions encore besoin de ses lumières pour comprendre ce virus et les autres. Nous avions encore besoin de lui pour combattre les politiques de santé et de recherches du capitalisme réellement existant qui nous ont amenés là où on en est, au bord du gouffre.
Nous avions encore besoin de lui pour penser l’après, l’après-virus, l’après-capitalisme. Il avait tenu pour Syllepse la chronique politico-virologique du livre hebdomadaire que nous avions publié pendant le premier confinement, Covid-19, un virus très politique. Il avait également publié, lors d’une précédente pandémie, un Petit manuel à l’usage de ceux qui vont attraper la grippe (et des autres). Nous aurions dû mettre en route un autre livre. Gérard nous quitte en emportant avec lui un peu de notre jeunesse. Il nous laisse ses nombreux engagements à poursuivre. Ce n’est qu’un début, continuons le combat…
L’équipe des Editions Syllepse