De Rome,
L’évidente crise que traverse le gouvernement de Romano Prodi, comme l’affrontement qui oppose entre elles ses composantes, marquent la faillite du projet de l’Union, la coalition qui a gagné les élections de 2006 mais qui est incapable de représenter une réelle alternative politique et sociale à la droite. En se présentant comme une solution de continuité dans la politique italienne, il s’est révélé être, comme il était prévisible, un gouvernement hostile aux travailleurs, aspiré par la politique guerrière des États-Unis. La réforme des retraites, approuvée dans la nuit du 19 au 20 juillet, a pleinement démontré la nature antipopulaire de l’exécutif : elle prévoit un relèvement de l’âge de la retraite et la révision de ses taux.
Cette affaire des retraites illustre également la faillite de la ligne suivie par le Parti de la refondation communiste (PRC). Partie prenante de l’Union et participant au gouvernement, ce dernier a tenté de « limiter les dégâts », mais il se confronte aujourd’hui à une logique qui frappe directement les travailleurs. La crise irréversible du PRC provient de cette faillite. Sa fonction politique se trouve affaiblie, à la fois par l’impossibilité de jouer le moindre rôle de médiation avec les forces vives des bourgeoisies italienne ou européennes, et par son incapacité à rester partie prenante des mouvements sociaux. L’affaiblissement du PRC est souligné par la tentative du groupe dirigeant de dénouer la crise par la droite, au moyen d’une « refondation socialiste » renouant avec la modération classique de la gauche italienne et se situant dans une perspective de gestion sociale et gouvernementale de l’existant.
C’est donc l’existence d’un projet anticapitaliste cohérent, quelles qu’en soient les difficultés, sur une ligne d’indépendance de classe et alternatif au centre droit autant qu’au centre gauche, qui vient à manquer. Dans ce contexte, la Gauche critique défend une alternative radicale : une sortie à gauche de la crise, en se tournant vers les mouvements sociaux et vers la mobilisation populaire, en renouant avec l’autonomie politique et la perspective révolutionnaire, hors du gouvernement et des solutions imposées par le Parti démocrate1, en se situant au cœur de l’opposition sociale.
La Gauche critique s’engage dès à présent dans ce projet, en proposant à toutes les forces disponibles d’initier une phase constituante de la gauche alternative, anticapitaliste, écologique, féministe, internationaliste. Un processus de recomposition politique ouvert, sur le moyen terme, qui se réapproprie le meilleur de l’expérience du PRC, qui porte l’ambition de reconstruction d’une autre gauche, qui réactualise la thématique de la révolution, qui parie sur les dynamiques sociales.
Les membres du PRC adhérant à la Gauche critique ont demandé à la direction nationale du parti, les 14 et 15 juillet, la convocation d’un congrès extraordinaire avant l’automne, afin de présenter notre proposition de construction d’une nouvelle gauche alternative et anticapitaliste, permettant une sortie à gauche de la crise du PRC et alternative à la « refondation socialiste » proposée par la majorité. Ce projet, nous le construirons immédiatement après le congrès du PRC et nous l’annonçons d’ores et déjà. Pour préparer au mieux cette nouvelle phase, la Gauche critique tiendra un premier séminaire national du 20 au 23 septembre, puis elle organisera une conférence nationale de l’association qui se conclura, les 9 et le 10 novembre, par une assemblée nationale donnant corps à ce projet.
Note
1. Le Parti démocrate, soutenu par Romano Prodi, devrait voir le jour le 16 octobre prochain. Il réunira les Démocrates de gauche et la Marguerite.