A en croire la presse tunisienne de ces derniers jours, Le Monde ouvre ses colonnes à une « pseudo-journaliste », « Florence la terreur », « psychotique, hystérique », qui plus est « maléfique » « et par-dessus le marché idiote », pour couvrir l’actualité en Tunisie... A l’occasion de l’élection présidentielle tunisienne - qui a vu, dimanche 25 octobre, le président Zine El-Abidine Ben Ali reconduit sans surprise à la tête de l’Etat, pour un cinquième mandat consécutif, avec un taux officiel de presque 90 % des voix -, les journaux gouvernementaux tunisiens se déchaînent avec une rare violence contre l’envoyée spéciale du Monde, Florence Beaugé, expulsée de Tunisie mercredi 21 octobre, après une nuit passée sur un siège de l’aéroport de Tunis-Carthage. Pour justifier leur geste, les autorités tunisiennes ont évoqué « une malveillance patente à l’égard de la Tunisie et des partis pris systématiquement hostiles ».
La campagne de presse qui a aussitôt suivi à Tunis est menée notamment par As-Sabah et Le Temps - deux titres qui sont la propriété du gendre du président Ben Ali, Sakhr El-Materi -, par Le Renouveau, l’organe officiel du parti au pouvoir le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), ainsi que par La Presse, As-Safah et Ach-Chourouk. Elle fait suite à la publication par Le Monde, les 22, 23 et 24 octobre, de trois reportages signés Florence Beaugé. Les bons comme les mauvais côtés de vingt-deux ans de bénalisme y étaient soulignés, y compris l’exaspération de la population tunisienne face à la façon dont la famille Ben Ali et celle de son épouse, Leïla Trabelsi, s’accaparent les richesses du pays.
Pour avoir soulevé ce sujet tabou - beaucoup plus que la question des droits de l’homme -, notre consoeur se voit accuser d’« appeler au meurtre », « au coup d’Etat et à l’attentat en Tunisie », au moment où le pays « franchit un nouveau pas important en matière de démocratie et de pluralisme ». Dressant une comparaison avec la radio des Mille Collines et le génocide de 1994 au Rwanda, La Presse réclame en conséquence « la justice pénale internationale » pour Le Monde et Florence Beaugé, « transie de haine », « bonne pour la psychanalyse » et ses articles « scandaleux » qui ne visent qu’à « casser de la Tunisie ».
Samedi, à la veille de la présidentielle, alors que la campagne électorale était terminée depuis vingt-quatre heures, le président Ben Ali a fait une déclaration solennelle à la télévision, accusant ses détracteurs de mener « une campagne désespérée » auprès de « certains journalistes étrangers » avant de les menacer de poursuites judiciaires s’ils émettaient « des accusations ou des critiques concernant l’intégrité de l’opération électorale », sans fournir « de preuves concrètes ».
Christophe Châtelot
* Article paru dans le Monde, édition du 27.10.09. LE MONDE | 26.10.09 | 15h19 • Mis à jour le 26.10.09 | 15h19.
Sur la Une du “Monde” : Incitation à la haine, à la mort et à l’attentat contre la Tunisie
Document : un article publié par Le Temps
[La réponse du pouvoir en Tunisie au Monde et à Florence Beaugé.]
Du temps de son fondateur Beuve Mery, le journal Le Monde s’est taillé une dimension internationale grâce à son sérieux, la fiabilité de ses informations et le sens de la mesure qui prévaut dans ses commentaires.
“L’information est sacrée, le commentaire est libre” disait Beuve Mery. Un commentaire libre est un commentaire responsable et mesuré.
Or, à la faveur d’un incroyable retour des choses, Le Monde ouvre ses colonnes et de surcroît la première page à un tract dans les règles, distillé au vitriol par une “pseudo-journaliste” répondant au nom de Florence Beaugé. Elle appelle les Tunisiens à se révolter. Elle appelle à la haine. Elle appelle surtout à la violence et à la mort.
D’où tient-elle que le régime “pèse sur les Tunisiens” ? D’où tient-elle que “les Tunisiens ne sont pas contents” ? Quand les appels au terrorisme sont alignés en première page du quotidien le plus prestigieux de France, et qu’ils soient publiés dans le pays des Droits de l’Homme et de la Déclaration de 1789, voilà qui donne à réfléchir.
N’en déplaise à notre chère Madame Florence Beaugé, les Tunisiens vivent dans la stabilité et la sécurité grâce à la perspicacité du Régime du Président Ben Ali. Les Tunisiens protestent énergiquement contre les poisons de l’outrance et l’extrémisme d’où qu’il vienne. Car c’est encore grâce au régime avant-gardiste tunisien que toute la région s’est stabilisée et a recouvré paix et quiétude. Les Tunisiens, toutes tendances confondues, s’élèvent à l’unisson contre ces manipulations malsaines. Et qui plus est dévoilent ce côté morbide, épidermique et à la limite futile dans ce genre d’articles.
A quoi ressemble-t-il ? A quelle typologie journalistique correspond cet article ? Est-ce la vocation d’un reporter que de verser dans des réquisitoires passionnels, alimentés par des rumeurs indécentes, et nourries par des traîtres qui errent comme des âmes en peine dans d’obscurs salons français ?
S’est-elle posé cette question : pourquoi six millions de touristes affluent-ils sur la Tunisie ? Pourquoi les Français apprécient-ils le pays du Jasmin ?
Ce qu’elle feint d’ignorer, c’est que beaucoup de Français s’expatrient chez nous, acquièrent des propriétés et vivent en toute quiétude parmi nous.
De toute évidence, Madame “Florence la terreur”, celle qui incite au terrorisme alors que le combat de toutes les nations se concentre justement contre l’extrémisme, a la vocation d’un poseur de bombes.
Femme psychotique, hystérique, elle est bonne pour la psychanalyse.
Ce qui est sûr, c’est que les Tunisiens sont jaloux de leurs acquis, de leur stabilité, de leur sécurité et de leur bien-être.
Il fait bon vivre en Tunisie. Et les Tunisiens sont solidaires. Et ils ne sont guère disposés à écouter les “conseils” maculés de sang d’une femme maléfique, et par-dessus le marché idiote.
Raté, Madame “Florence La Terreur”
Raouf KHALSI
http://www.letemps.com.tn/logo_page.gif
Samedi 24 octobre 2009