Le CIF est une structure qui existe depuis la période de préparation du FSE de Paris-Saint-Denis, et qui a pris la décision de se maintenir après. C’est en son sein que les discussions ont eu lieu pour préparer le FSE de Londres du côté français. Réunissant des organisations syndicales et des associations diverses, le CIF est parvenu, grâce à un travail commun et malgré les divergences qui parfois séparent ses diverses composantes, à une compréhension commune du rôle que doivent jouer les forums sociaux européens.
Les interventions ont été nombreuses : LDH, CGT, FSU, Attac, réseau Babels, ACG, Rouge, No Vox se sont exprimés sur le sujet. Les difficultés que nous avons rencontrées ont été mentionnées et débattues. Elles concernent deux aspects, d’une part la façon donc le FSE a été organisé, d’autre part les questions stratégiques qui sont posées au mouvement. Sur le premier point, la rigidité du comité d’organisation anglais a été soulignée, dans la mesure où elle a empêché que certains problèmes politiques inévitables soient résolus dans le courant du forum, notamment sur la préservation d’un cadre de débat démocratique entre positions divergentes, que ce soit sur l’Irak, sur le voile ou l’intervention du maire de Londres, Ken Livingstone. Cette rigidité est aussi responsable de la place insuffisante laissée à des questions considérées comme centrales dans les précédents forums, en particulier les questions féministes, mais aussi l’insertion concrète des jeunes dans les débats. En ce qui concerne les questions stratégiques, les problèmes sont complexes : comment parvenir à démontrer l’utilité des forums, et à faire en sorte que l’ensemble des dimensions du processus soit approprié par tous les acteurs ? Ce devrait être plus nettement le rôle de l’Assemblée des mouvements sociaux.
Pourtant, la tonalité générale des discussions était loin d’être centrée sur les aspects négatifs. Tous les intervenants s’accordent pour dire que le bilan du FSE de Londres est positif : les débats, notamment sur les questions sociales et européennes, ont été très intéressants, et sont allés plus loin dans l’élaboration et la mise en commun que lors des précédents forums. De même, du point de vue des rencontres et de la mise en place de réseaux, le FSE a permis d’avancer et d’approfondir les liens entre les organisations venues de toute l’Europe. En cela, les objectifs fixés ont été remplis. Il faut insister, Londres ne constitue absolument pas un coup d’arrêt au processus européen initié lors de la préparation de Florence et il n’est pas question, pour les forces investies, de prendre leurs distances. C’est un démenti cinglant à l’offensive de la presse au lendemain du FSE, qui visait à faire croire qu’on était au « début de la fin », et que Londres avait été le terrain de jeu des affreux « islamo-gauchistes », expression inventée l’an dernier et qui avait déjà eu son heure de gloire lors du FSE de Paris-Saint-Denis.
Les discussions vont se poursuivre, notamment dans la perspective du prochain FSE, qui devrait se tenir à Athènes au printemps 2006. À suivre...
Ingrid Hayes