KAZAKHSTAN
Le conflit entre les travailleurs du pétrole et la direction de QarazhanbasMunai JSC, une filiale de la compagnie nationale KazMunaiGaz (gaz et pétrole) a débuté en décembre 2010. Les travailleurs réclament une augmentation de salaire équivalente à celle obtenue après avoir fait grève par leurs collègues de OzenMunaigaz, une autre filiale de KazMunaiGaz.
Le secrétaire général du syndicat de l’entreprise, Erbosyn Khosarkhanov, s’est rangé du côté des patrons. Les militants syndicaux ont alors lancé une campagne pour élire un nouveau secrétaire syndical. Ils ont aussitôt subi une vague de répression mise en peuvre des gros bras réquisitionnés par le patron. En janvier, des militants syndicaux ont été rossés par ces brutes. La police n’a pas mené d’enquête sur ces actes criminels alors que leurs auteurs sont parfaitement connus.
La campagne pour l’élection d’un nouveau secrétaire général du syndicat a eu lieu en mars-avril et Erbosyn Khosarkhanov a finalement été révoqué au cours d’une conférence. Mais la direction n’a pas voulu reconnaître le nouveau secrétaire général. Le 9 mai, une immense grève de la faim a commencé. 1 400 personnes ont refusé de prendre leur repas du midi et du soir en signe de protestation. La police et les autorités locales ont alors commencé à réprimer les syndicalistes.
4 500 travailleurs sont partis en grève le 17 mai dont 150 en faisant la grève de la faim. La plupart des grévistes de la faim ont été licenciés sans respecter les procédures de licenciement réglementaires. La grève a été déclarée illégale. L’avocate du syndicat, Natalia Kosolova, a été arrêtée durant onze jours. Le jour de la grève, le patron a annoncé que tous les grévistes seraient licenciés et, de fait, huit syndicalistes ont été licenciés le jour même. Les femmes en grève de la faim ont été particulièrement brutalisées.
Le patron a demandé aux autorités de poursuivre la dirigeante syndicale Natalia Sokolova pour « incitation à la haine sociale ». Le 31 mai, son appartement a été fouillé par la police qui a saisi ses ordinateurs et ses dossiers d’avocat. Des dizaines de militants sont également poursuivis pour offenses administratives.
Le 26 mai, 22 ouvriers de OzenMunaiGaz se sont à leur tour mis en grève de la faim par solidarité avec leurs collègues de QarazhanbasMunai. Ils ont été rejoint le lendemain par 8 000 ouvriers de leur entreprise qui se sont mis en grève pour des hausses de salaires et la libérations des syndicalistes arrêtés ainsi que de Natalia Kosolova. 17 grévistes de la faim ont été licenciés mais les autres continuent leur grève, entourés d’un piquet immense de 2 000 travailleurs qui les protègent de la police.
D’autres entreprises sont également en grève pour leurs salaires, avec grèves de la faim. En tout, dans la région, 15 00 travailleurs sont actuellement en lutte. Ils pourraient être rejoints par d’autres et la grève pourrait devenir un grève générale.
Le pétrole est une ressource stratégique de ce pays dont les réserves sont immenses et attirent les investisseurs étrangers, occidentaux comme chinois, depuis l’indépendance de 1991. Le pouvoir ne supporte pas l’arrêt de la production. Il interrompt régulièrement les communications internet, distribue des tracts à la population pour montrer que la grève est illégale, envoie des nervis et des policiers habillés en civil pour organiser des provocations. Des centaines de personnes sont arrêtées et la police est excessivement violente.
Les grévistes ont besoin de notre soutien. Des militants et syndicalistes russes ont constitué des piquets de protestation à Moscou, Saint-Saint-Pétersbourg et dans d’autres villes de la Russie
Jacques Radcliff