Aujourd’hui, qu’il s’agisse d’islamophobie, d’antisémitisme, de négrophobie, de rromophobie, de stigmatisations anti-asiatiques… le racisme sous toutes ses formes prospère, nourri de dizaines d’années de politiques d’État réactionnaires et antisociales et puisant aux sources d’une domination coloniale et néo-coloniale passée et présente.
Aujourd’hui les discriminations, les stigmatisations, les violences, notamment policières (pouvant conduire jusqu’à la mort) frappent au quotidien jeunes et moins jeunes racisé.e.s dans les quartiers populaires.
Ce ne sont pas des « dérapages », des « bavures », mais bien la conséquence d’un racisme systématisé et banalisé. L’islamophobie tient une place particulière dans ce sinistre concert. Propagée par une stratégie consciente de l’extrême droite occidentale, elle s’appuie sur l’idée nauséabonde de « choc des civilisations » qui a favorisé les gains électoraux, de Le Pen à Trump.
Mais elle ne se cantonne pas à l’extrême droite : dès 1983 on a vu des ministres socialistes dénoncer les grèves des ouvriers de l’automobile en les accusant d’être manipulées par des« musulmans, des chiites, des religieux », les grévistes étant pour la plupart des travailleurs immigrés. C’est pourtant pour leurs droits d’ouvriers et leurs salaires qu’ils se battaient. Elle est devenue un invariant des diversions d’État face aux mobilisations sociales : depuis 2003, il n’est pas de mouvement social qui ne soit immanquablement suivi d’une affaire du « voile » ou du « burkini », orchestrée pour l’occasion en psychodrame national.
Nous voulons le dire ici avec force : le racisme, dans toutes ses dimensions, contribue à diviser toutes celles et tous ceux qui subissent une société d’injustice fondée sur la domination d’une classe sociale qui organise et profite du système capitaliste sur une autre qui produit les richesses et fait fonctionner la société quotidiennement par son travail.
Si les discriminations ne se réduisent pas à la domination sociale, elles s’articulent à celle-ci pour la renforcer. Combat social et antiraciste, loin d’être antagoniques, doivent se nourrir l’un l’autre. Il n’y a pas de place pour les divisions racistes dans nos luttes et nos résistances, et nous devons nous y opposer partout où elles se manifestent. Les alternatives élaborées dans nos mobilisations portent la revendication de l’égalité.
Sur les lieux de travail nous combattons les discriminations et mesures racistes. Bien des travailleurs et travailleuses racisé.e.s s’organisent d’ailleurs syndicalement. Nous sommes de longue date au côté des travailleurs et travailleuses sans papiers et dans les réseaux de solidarité avec les réfugié.e.s. Dans la société, dans les quartiers populaires, l’auto-organisation des victimes du racisme progresse. Les organisations syndicales n’ont pas à s’y substituer, mais elles doivent activement la soutenir. Les mobilisations pour la justice et la vérité pour Adama Traoré, pour la justice pour Théo Luhaka, ne faiblissent pas. La marche pour la justice et la dignité du 19 mars, initiée par les familles des victimes de violences policières est maintenant appelée par de nombreuses organisations. Une force, un front antiraciste et social peut se dessiner, c’est en tout cas une urgence à laquelle il faut s’atteler. Les syndicalistes doivent pour cela prendre une part active à la réussite de cette marche.
Parce que notre syndicalisme ne s’arrête pas aux portes des services et des entreprises mais qu’il porte résolument en lui une autre société, où l’égalité n’est pas négociable.
Nous marcherons le 19 mars.
Premiers signataires :
Verveine Angeli (Solidaires), Jean-Baptiste Boissy (Fédération des sociétés d’études CGT), Matthieu Brabant (Ferc-CGT), Annick Coupé (Solidaires), Laurence De Cock (Snes-FSU), Fabien Delmotte (CNT-SO), Gaëlle Differ (Secrétaire fédérale SUD PTT), Hervé Falcetta (CGT Construction Bois Ameublement Toulouse), Anaïs Flores (SUD éducation 93), Guillaume Goutte (Syndicat des correcteurs CGT), Jean-Yves Lesage (Syndicat du Livre CGT), Alexis Louvet (CGT RATP Bus), Hugo Reis (Secrétaire fédéral SUD PTT), Théo Roumier (Solidaires Loiret)
Les signataires au 15 mars :
Verveine Angeli (Solidaires), Enaut Aramendi (Secrétaire LAB Nord), Armando Avalone (IWW Belgium), Jonhatan B. (Fédération des sociétés d’études CGT), Benjamin Bauné (SUD éducation Paris), Grégory Bekhtari (militant Snes-FSU 93), Jean-Baptiste Boissy (Fédération des sociétés d’études CGT), Mathieu Borie (SUD-Rail Paris-Est), Antoine Boulangé (CGT éduc’action Créteil), Sidi Boussetta (syndicaliste CGT Blois), Matthieu Brabant (Ferc-CGT), Jean Brignole (Secrétaire général du STC), CGT Saint-Gobain Aubervilliers, Antoine Chauvel (SNUipp-FSU), Nara Cladera (Union locale Solidaires Comminges), CNT Bas-Rhin, Sébastien Compagne (CNT), Annick Coupé (Solidaires), Amel Dahmani (SUD Collectivités territoriales Mairie de Saint-Denis), Dominique Dall’armi (Snupfen-Solidaires Midi-Pyrénées), Laurence De Cock (Snes-FSU), Didier Dejean (SUD PTT Haute-Garonne), Badra Delhoum (membre de la CE du SNASS CGT), Fabien Delmotte (CNT-SO), Tarek Dengou (CGT Caisse des dépôts et consignations), Jean-Paul Dessaux (Secrétaire fédéral SUD PTT), Marc Destruhaut (CGT AXA), Gaëlle Differ (Secrétaire fédérale SUD PTT), Franck Duport (CGT CARSAT Aquitaine), Simon Duteil (Union locale SUD-Solidaires Saint-Denis), Marc Escoute (retraité, SUD PTT Bouches-du-Rhône), Hervé Falcetta (CGT Construction Bois Ameublement Toulouse), Anaïs Flores (SUD éducation 93), Myriam Garcia (SUD éducation Loire), Clément Gautier (Secrétaire fédéral de Solidaires étudiant.e.s), Vincent Gay (Snes-FSU 93), Guillaume Goutte (Syndicat des correcteurs CGT), Natacha Grelot (Co-secrétaire nationale SNPES-PJJ FSU), Yann Guittier (CGT hôpital Robert Debré AP-HP), Boualem Hamadache (Secrétaire général SUD CD 93), Gaétan Helon (Syndicat étudiant et lycéen – CGT Valenciennes), Hervé Heurtebize (Snuter-FSU), Faiza Hirach (IWW Belgium), Charles Hoareau (CGT Marseille), IWW Belgium, Danièle Jeammet (SNJ-CGT), Manue Karinos (militante Solidaires, Paris), Isabelle Krzywkowski (Snesup-FSU), Reynald Kubecki (CGT Le Havre), Christian Leblanc (SYNPTAC-CGT), Jean-Yves Lesage (Syndicat du Livre CGT), Marion Letzelter (CGT Caisse des dépôts et consignations), Alexis Louvet (CGT RATP Bus), Christian Mahieux (Solidaires Val-de-Marne), Audrey Mariette (Ferc-Sup CGT), Valérie Martin (Commission Femmes de Solidaires Loiret), Alexis Merlaud (IWW Belgium), Jean-Luc Morucci (Secrétaire aux relations internationales du STC), Jean-Michel Nathanson (Solidaires Finances publiques), Marie-Ange Papais (SUD Collectivités territoriales Haute-Garonne), Denis Petitjean (retraité, SUD Santé Sociaux Loiret), Christian Pigeon (Secrétaire fédéral SUD PTT), Bruno Poncet (membre du Bureau fédéral de SUD-Rail), Thierry Porré (retraité, Syndicat des correcteurs CGT), Nicolas Poulin (SUD éducation Alsace), Jéronimo Prieto (LAB), Hugo Reis (Secrétaire fédéral SUD PTT), Fabrice Riceputi (SUD éducation Franche-Comté), Céline Rico (SUD Collectivités territoriales Haute-Garonne), Julien Rivoire (syndicaliste FSU), Théo Roumier (Solidaires Loiret), Olivier Sagette (syndicaliste CGT Paris), Eric Santinelli (Fédération SUD-Rail), Pierre Stambul (Snes-FSU), Christian Taillandier (membre du Bureau national du Snuitam-FSU), Eddy Talbot (SUD PTT), Véronique Vaslot (SNUTer-FSU des territoriaux d’Ivry), Boris Vigneault (Secrétaire général CGT Caisse des dépôts et consignations), Sophie Zafari (syndicaliste FSU), Ali Zyani (SUD PTT TMT)
Pour nous contacter ou nous rejoindre : syndicalistes19mars gmail.com
Toutes les informations sur la Marche du 19 mars pour la justice et la dignité sur le blog dédié : https://blogs.mediapart.fr/marche19mars/blog