Plus d’une centaine de femmes musulmanes, journalistes ou activistes, ont trouvé leur nom sur un site proposant de les “vendre aux enchères”. La plateforme en question “utilisait leurs photos sans leur consentement, pour accompagner un texte dégradant qui sous-entendait qu’elles étaient à vendre aux enchères”, apprend-on dans The Indian Express.
“Cela intervient à peine six mois après la création d’un autre site Internet similaire, qui utilisait également GitHub, un fournisseur d’hébergement Internet pour le développement de logiciels”, poursuit le quotidien.
“Avilir et humilier”
“En juillet, l’année dernière, une application et un site web appelé Sulli Deals avaient créé des profils pour plus de 80 femmes musulmanes – utilisant des photos trouvées en ligne – et les décrivaient comme des ‘affaires du jour’”, détaille la BBC. “Sulli” est un terme dérogatoire en hindi, utilisé par les trolls de la droite hindoue pour désigner des femmes musulmanes.
“Dans les deux cas, il ne s’agissait pas de ventes réelles, mais le but était d’avilir et d’humilier des femmes musulmanes – dont beaucoup donnent de la voix contre la montée du nationalisme hindou depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi”, poursuit le site de la BBC.
Droite hindoue
“Certaines des victimes ont fait part de leurs frustrations”, jugeant que les mesures prises la fois précédente avaient été insuffisantes, “permettant aux coupables de continuer à sévir impunément”, explique The Indian Express. La police avait à l’époque ouvert une enquête, mais personne n’avait été poursuivi. Cette fois, la police en a ouvert dans au moins trois États, selon la BBC.
“La police indienne a arrêté un homme de 21 ans, précise BBC Marathi. Il s’agit d’un étudiant en informatique de la ville septentrionale de Bangalore dont l’identité n’a pas été révélée.” Les accusations qui pèsent contre lui ne sont pas claires, mais il serait un “utilisateur assidu” de l’application, selon la police citée par BBC Marathi.
Cette application, qui a suscité l’indignation et la colère dans le pays, a depuis été placée hors ligne. En 2018, un rapport d’Amnesty International sur le harcèlement en ligne en Inde montrait que plus une femme était active et s’exprimait en public, plus elle avait de risques d’être prise pour cible. Un risque qui augmentait si les femmes étaient issues de minorités religieuses ou des castes les plus désavantagées.
Courrier International
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