Une année d’engagements
• Notre champ de responsabilité concerne avant tout un certain nombre de pays asiatiques où nous collaborons avec des réseaux et mouvements, devenus nos partenaires réguliers aux Philippines, au Pakistan, au Bangladesh, en Indonésie.
• Du fait du putsch militaire en Birmanie et de la situation exceptionnelle qu’il a créé (tant par l’ampleur de la répression que par celle de la résistance populaire), nous nous sommes immédiatement engagés dans une campagne de solidarité, qui s’est pérennisée. Notre soutien est initialement allé au Mouvement de Désobéissance civile (MDC), un cadre rassembleur. La situation a beaucoup évolué depuis, avec notamment la généralisation d’une situation de guerre et nous nous appuyons sur nos partenaires dans la région pour assurer le maintien d’une aide financière efficace.
Notre association a contribué activement à initier en France la solidarité avec la Birmanie (Myanmar). Nous étions malheureusement trop peu nombreux à le faire. Nous avons engagé à cette occasion une collaboration fructueuse avec le Réseau international de Solidarité et de Luttes, qui s’est élargi à d’autres secteurs. Dès sa création, nous avons collaboré avec la Communauté Birmane de France.
• Nous avons aussi accordé une importance particulière à la résistance opposée par la population de Hong Kong à la main mise exercée par le régime de Xi Jinping, popularisant les campagnes de solidarité et offrant une information en continu et très complète.
• Pour la deuxième année consécutive, une partie notable de notre soutien financier a été utilisée pour faire face aux épidémies de Covid-19. La pandémie nous a posé et nous pose, dans tous les pays, de multiples questions. Nous avons voulu que notre site Internet soit un instrument utile pour tenter d’y répondre, ou du moins d’y réfléchir. De nombreuses rubriques ont été créées à cette fin – elles traitent aussi bien des données scientifiques que des politiques sanitaires, sur les plans international ou nationaux.
Nous avons participé au lancement de campagnes pour la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid et pour la mise en œuvre d’une politique sanitaire qui permette aux pays du Sud de les produire et de les utiliser dans les meilleures conditions possibles : dans le cadre de « Stop Brevets sur les vaccins, Réquisition ! » et avec le CADTM [1]. Nous nous sommes joints à des initiatives initiées en Asie, dont les appels ont notamment été diffusés dans le cadre du Forum populaire Asie-Europe (AEPF) auquel nous participons.
• Nous nous sommes, de façon générale, mobilisés en défense des droits des personnes, des droits de peuples, des droits sociaux et politiques, ainsi qu’en réponse aux catastrophes, quelle qu’en soit l’origine (typhons, militarisation, sanitaires…). Nous revoyons à ce sujet à l’article que nous avons publié le 9 janvier dernier [2].
• Nos partenaires doivent faire face à la violence de pouvoirs établis qui peut prendre plusieurs formes suivant les moments, régions et pays : régimes dictatoriaux, propriétaires fonciers, mouvements fondamentalistes extrémistes…, violences qui peuvent aller jusqu’à une guerre totale (Birmanie). Nous devons parfois en tenir compte pour ne pas les mettre plus encore en danger.
• Notre association étant basée en France, nous avons été sollicités par des mouvements des « deux rives » de la Méditerranée pour des appels en défense des droits vitaux des migrant.es, de prisonniers d’opinion et de mouvements démocratiques en Afrique du Nord. Nous y avons évidemment répondu, même si nous sortions ce faisant de notre domaine propre de compétence asiatique. Nous avons pu apprécier l’utilité du Cedetim dans la diffusion de ces appels et la qualité de l’information assurée par le blog « Entre les lignes entre les mots ».
• C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès de deux ami.es avec qui nous avons beaucoup collaboré : « Boboy » aux Philippines et Shahnaz Iqbal au Pakistan. Boboy, dans le cadre du réseau Mihands que nous soutenons, avait déployé toute son énergie à aider les victimes de catastrophes humanitaires, étant lui-même survivant d’une inondation meurtrière – la pandémie de Covid-19 ne l’a pas épargné. Malgré son cancer, Shahnaz a poursuivi ses activités à la Labour Education Fondation, partenaire d’ESSF, aussi longtemps que ses forces le lui ont permis [3].
Introduction au bilan financier
Une crise des ciseaux surmontée
Nous avons dû faire face en 2021 à une « crise des ciseaux ».
Nous avons commencé l’année avec un Fonds de solidarité permanent d’un montant similaire à celui de janvier 2020, mais nous avons dû répondre à des urgences multiples (putsch birman, Covid, militarisation accrue dans certains pays…). Nous avons donc dépensé bien plus que durant une année « standard », si bien qu’en septembre nous n’avions plus que 2.000 € de réserve sur notre compte – ce qui signifiait la paralysie.
Cette crise a été surmontée en deux temps.
• Une très bonne réponse à l’appel que nous avons lancé en septembre, des dons provenant d’un large éventail de pays incluant notamment le Japon, les Etats-Unis, le Canada, un plus grand nombre de pays européens…
• Une bonne réponse à l’appel annuel lancé en novembre pour abonder le Fonds de solidarité permanent 2022.
En chiffres ronds, nous avions 16.000 € en caisse au 5 janvier 2022, comparé à 21.000 € au 5 janvier 2021, soit 5.000 € de moins, mais après avoir transféré un total de 56.370 € en 2021 (comparé à 30.500 € en 2020, pas loin du double).
Nous avons ainsi la possibilité de rétablir une réserve de 7.000 € (pour être à même de réagir à des urgences, en attendant les résultats d’un appel aux dons) tout en soutenant significativement financièrement l’activité de nos partenaires en début d’année 2022.
Il est clair que les besoins en 2022 ne seront pas moins pressants que l’année passée. Le défi auquel nous sommes confrontés et de maintenir, au moins, le même niveau du soutien, ce qui demandera un effort de mobilisation.
Bilans synthétiques par pays
Récapitulons : en 2021, ESSF a orienté son aide financière sur cinq pays :
Le Bangladesh, avec pour partenaire les associations paysannes BKF-BKS-BAS et les mouvements avec lesquels elles sont alliées – en particulier, concernant le mouvement syndical, BSF.
La Birmanie, en soutien à la résistance.
L’Indonésie, avec pour partenaire l’association Femmes libres.
Le Pakistan, avec pour partenaires la Crofter Foundation (CF) et la Labour Education Foundation (LEF).
Les Philippines, avec pour partenaire la coalition Mihands et ses organisations membres.
Il n’y a pas eu en 2021 d’intervention avec des partenaires ponctuels.
Rappel : les dons que nous recevons peuvent être dédiés à un pays ou une organisation, ou bien versés au Fonds permanent de solidarité qui nous permet d’envoyer de l’aide immédiatement après une catastrophe (la campagne de solidarité permettant ultérieurement de reconstituer ce fonds) ; d’équilibrer le solde des campagnes de solidarité spécifiques au cas où il ne le serait pas ; d’assurer le suivi d’une aide prolongé ; d’assurer des aides quand les conditions d’une campagne spécifique de solidarité ne sont pas réunies.
BANGLADESH
Contributions envoyées via les mouvements BKF (paysans), BKS (paysannes), BAS (indigènes) et la fédération syndicale BSF.
Les fonds envoyés ont été pour l’essentiel utilisés pour faire face aux conséquences sanitaires et sociales de la pandémie et des confinements, avec les pertes de revenus que cela implique. Les principaux bénéficiaires ont été des paysans sans terre. Des distributions de vêtements chauds et couvertures (ainsi que de l’aide alimentaire) ont été réalisées pendant la période hivernale. Une contribution de 800 € a été utilisée pour couvrir une partie des frais médicaux d’une dirigeante de l’association paysanne BKS (opérée en urgence). Des fonds reçus ont aussi été utilisés pour soutenir l’activité d’organisations syndicales.
Total pour l’année : 9.050 €
Total Bangladesh (2011-2021) : 57.329 €
BIRMANIE (MYANMAR)
Nous n’avions aucun lien en Birmanie au moment du putsch militaire du 1er février 2021 – et une connaissance très limitée de ce pays, particulièrement complexe. Nous nous sommes engagés financièrement à la demande de nos partenaires régionaux, conscients de la gravité de la situation et de l’importance des enjeux. Notre soutien est d’abord allé au Mouvement de désobéissance civile (MDC) et maintenant à la Résistance multiforme. L’aide est distribuée aux frontières, par le biais de nos contacts sur place. Dans une situation de guerre très mouvante, impliquant de nombreux acteurs, ils sont seuls à même de savoir ce qui peut être fait à un moment donné. De nombreux mouvements régionaux et internationaux de solidarités sont actifs à la frontière et nos contacts coopèrent avec eux. Ils échangent leurs savoir-faire (par exemple pour sécuriser les communications téléphoniques). Nous sommes à même de poursuivre notre action en 2022.
Total pour l’année : 6.420 €
Première année de soutien.
INDONESIE
L’association Femmes libres opère au sein d’une zone industrielle de Djakarta, notamment auprès d’ouvrières du textile, pour qu’elles soient à même de défendre leurs droits (en particulier en matière de maternité, les employeurs les licencient souvent quand elles sont enceintes). Elle participe à des coalitions pour agir en cas de catastrophes naturelles. En 2021, nos dons ont été utilisés pour informer et soutenir les ouvrières dans leur zone industrielle face à l’épidémie de Covid-19.
Total pour l’année : 3.800 €
Total Femmes libres (2016-2021) : 22.300 €
Total Indonésie (2006-2021) : 25.800 €
PAKISTAN
En 2021, nous avons signé deux conventions avec la Labour Education Foundation (LEF), un partenaire de longue date d’ESSF, et la Crofter Foundation (CF), récemment constituée. La LEF développe un large éventail de programmes concernant les droits des enfants, la formation des syndicalistes, les conseils et l’aide à la syndicalisation de secteurs comme les travailleuses à domicile, la réponse aux crises humanitaires. La Crofter Foundation vise le soutien à la petite paysannerie. Toutes deux ont adapté leurs activités à la crise sanitaire et sociale provoquée par le Covid-19 et alimentée par les politiques gouvernementales, opérant dans plusieurs régions d’un pays très vaste et utilisant à cette fin nos dons.
Total 2021 : 15.600
Total Pakistan (2005-2021) : 90.905 €
PHILIPPINES
Notre partenaire aux Philippines est la coalition Mihands qui met en réseau une cinquantaine d’associations aux spécialités variées – elles répondent de concert aux urgences humanitaires, combinant leurs compétences au plus proche des besoins. L’an dernier, ce réseau avait été sous-doté, cette année nous avons fait un effort particulier en sa faveur. De même que pour la Birmanie, nous avons pu mobiliser de nombreux dons qui leur étaient dédiés. Mihands opère dans une grande partie de l’ile de Mindanao, au sud de l’archipel, mais se « projette » à l’occasion dans les Visayas, au centre du pays, en cas de catastrophe (typhons…). Vu les défaillances de l’administration, ce réseau a dû prendre lui-même en charge, face à la pandémie, ce qui relève en principe d’une politique publique de santé. Dans leurs zones d’activité, les membres de Mihands sont confrontés à une véritable situation de guerre qui ne cesse d’empirer, le régime Duterte étant l’un des plus sanglants au monde et Mindanao étant l’un des territoires les plus militarisés de l’archipel. Ils doivent donc assumer leurs multiples responsabilités dans un contexte d’insécurité permanente.
Total pour l’année : 21.500 €
Total Philippines (2007-2021) : 125.589,27 €
* * *
Tous pays confondus.
TOTAL ESSF GENERAL POUR 2021 : 56.370 €
Total général ESSF (2005-2021) : 381.693,04 €
Extraits du procès-verbal de l’assemblée générale d’ESSF du 20 février 2021
Les points suivants ont été notés :
Une grande partie de l’ordre du jour a été consacré à la Birmanie.
1. Nous avons immédiatement pris l’initiative d’une campagne de solidarité envers le Mouvement de désobéissance civile (MDC) après le putsch militaire du 1er février dernier. La résistance est impressionnante par son ampleur, ses méthodes de mobilisation (grève générale civique), la place de la jeunesse, du personnel soignant, des fonctionnaires, des travailleuses dans les zones industrielles. Le MDC représente un cadre unitaire au sein duquel s’expriment les résistances.
L’enjeu est immense pour toute la région et au-delà. L’Etat français est directement concerné, en particulier par le biais de Total. Les réactions initiales en France sont très loin d’être à la hauteur. Nous devons :
• Collaborer avec toutes les associations, tous les syndicats ou partis, comités et personnes pour élargir la solidarité en France.
• Prendre plus avant des contacts dans d’autres pays pour participer à la solidarité internationale.
• Apprendre à connaître la Birmanie et nouer des liens sur le terrain.
• Nous n’avons aucun partenaire en Birmanie, mais nos partenaires régionaux peuvent nous aider à comprendre la situation et voir comment agir.
• Utiliser notre site Internet pour alimenter la solidarité, mais aussi pour donner une information de qualité concernant aussi bien la situation que l’histoire du pays.
• Vu l’ampleur de la résistance, il est possible de faire avorter le putsch, mais il faut pour cela que la junte soit effectivement ostracisée sur le plan international. Le temps est probablement compté et c’est maintenant qu’il faut agir.
• Réunir les conditions d’une solidarité financière.
Pour le reste de l’ordre du jour, nous avons prolongé et réaffirmé les décisions de la précédente AG :
• La pandémie provoquée par le nouveau coronavirus signifie que le besoin de solidarité avec nos partenaires est toujours plus urgent par ses effets directs (crise sanitaire) et indirects (crise sociale et dérives autoritaires accrues). Nos partenaires vont devoir poursuivre leurs actions dans des conditions particulièrement difficiles. Notre propre activité risque aussi d’être affectée.
• Nous devons donner la plus grande visibilité à cette question en la traitant sur tous les plans : connaissances médicales, mesures de protection, analyses des politiques sanitaires, arrière-plan général (lien entre la crise sanitaire, la crise socio-écologique, la mondialisation capitaliste), débats et alternatives. Pour cela, nous devons créer sur notre site des rubriques « santé » et « pandémie » à l’instar de ce qui existe déjà pour la thématique « femme » ou « écologie », alors qu’actuellement les rubriques « santé » sont rares et ne concernent souvent que les luttes pour la défense des systèmes de soins.
• Nous avons progressé dans la refonte du site, conformément aux décisions prises l’an passé, mais c’est un processus très long. A poursuivre.
Nous réaffirmons nos engagements :
Le fonctionnement de l’association est entièrement fondé sur le volontariat, la politique de coûts minima et la réduction des frais afin que les fonds collectés soient effectivement entièrement consacrés à la solidarité. Nous prendrons nous-mêmes en charge les frais de fonctionnement qui ne concerneraient pas directement la solidarité.
Notre action s’inscrit en règle générale dans la durée. Nous « n’exportons » pas nos propres projets, mais nous soutenons des mouvements socialement enracinés à répondre à ces urgences à partir de leur implication sur le terrain et de leurs propres perceptions des priorités. Nous aidons nos partenaires à assurer le développement de leurs activités solidaires et à favoriser l’auto-organisation des populations à qui notre soutien financier est destiné.
Notre association fonctionne sans aucune forme de rémunération, sur une base entièrement militante. Ainsi, 100% des dons reçus sont transférés à leurs destinataires. Les coûts de fonctionnement consistent principalement en frais bancaires (virements et tenue du compte) et sont réduits au minimum (moins de 5%).
Vu la situation humanitaire dans ces pays, nos ressources limitées et la qualité de nos relations avec des associations et réseaux locaux, nous continuerons à assurer une solidarité régulière aux Philippines, Pakistan, Indonésie et Bangladesh. Les éventuelles autres initiatives de solidarité seront, au moins initialement, plus ponctuelles.
Nous souhaitons travailler, en France et en Europe, de concert avec d’autres associations pour le développement d’une « Europe solidaire ».
En remerciant chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont contribué à cette année solidaire,
ESSF
Mark Johnson, Pierre Rousset
Pour envoyer des dons
Chèques
Les chèques en euros seulement et payables en France à l’ordre d’ESSF doivent être envoyés à :
ESSF
2, rue Richard-Lenoir
93100 Montreuil
France
Banque :
Crédit lyonnais
Agence de la Croix-de-Chavaux (00525)
10 boulevard Chanzy
93100 Montreuil
France
ESSF, compte n° 445757C
Références bancaires nationales (RIB) :
Banque : 30002
Indicatif : 00525
N° de compte : 0000445757C
Clé : 12
Compte au nom de : ESSF
Coordonnées bancaires internationales :
IBAN : FR85 3000 2005 2500 0044 5757 C12
BIC / SWIFT : CRLYFRPP
Compte au nom de : ESSF
Paypal : vous pouvez aussi transférer vos dons via Paypal (voir la commande placée en page d’accueil)->https://www.paypal.com/donate/?token=IWfKmLSeEC_VyeQ_b-tD3p8-njtO5sDM8_7gr1ssbabSeCXVnjw4UpQStlGcO7YJgKBBvm&country.x=FR&locale.x=FR]
HelloAsso : vous pouvez aussi transférer vos dons via HelloAsso (voir la commande placée en page d’accueil) :
https://www.helloasso.com/associations/europe-solidaire-sans-frontieres/formulaires/1/widget
En France, ces dons donnent droit à des déductions d’impôt. Il nous faut votre adresse pour vous envoyer un reçu fiscal (adresse en général indiquée sur les chèques).
Nous vous tenons régulièrement informés via notre site de la situation et de l’utilisation du fonds de solidarité.