Marijke est née en 1947 dans une famille flamande conservatrice. Comme beaucoup de ses contemporains, elle s’est politisée lors de la vague de 1968. Marijke a joué un rôle de premier plan dans ce mouvement. Elle est devenue membre de Dolle Mina dans les années 1970 et active dans le mouvement socialiste-féministe. En tant que membre de l’organisation sœur belge de Grenzeloos [1] (alors Ligue Révolutionnaire des Travailleurs, aujourd’hui Gauche Anticapitaliste), Marijke a joué un rôle important dans la lutte pour le droit à l’avortement en Belgique.
Dans cette lutte, Marijke a acquis une expérience et des connaissances précieuses qu’elle a ensuite transmises aux nouvelles générations et appliquées à d’autres mouvements. Marijke savait que les socialistes pouvaient jouer un rôle moteur en combinant des revendications radicales et de vastes mobilisations. Pour Marijke, être radical ne signifie pas rester à l’écart, mais être actif là où l’on peut convaincre les gens et changer quelque chose. Par exemple, elle a été une membre militante du syndicat de l’éducation pendant de nombreuses années.
Dans sa nécrologie, SAP - Anticapitalists écrit que la vie de Marijke a été caractérisée par trois dimensions : le marxisme révolutionnaire, le féminisme et l’écologie. Marijke a étudié la biologie et a travaillé comme professeur de biologie pendant de nombreuses années. L’écologie et le changement climatique lui tenaient à cœur. Au sein de la Quatrième Internationale, elle a de nouveau joué un rôle de pionnière, en présentant cette fois l’écologie comme une question centrale pour les socialistes, il y a plus de 30 ans. Marijke a reconnu très tôt que le changement climatique est une question de lutte des classes : si la gauche ne propose pas ses propres réponses, ce sont les travailleurs du monde entier qui supporteront le coût de cette crise, au sens propre comme au sens figuré.
Pour elle, la façon dont le capitalisme détruit le climat et l’écosystème montre également la nécessité de considérer la nature d’une manière différente, de ne pas la voir uniquement comme un ensemble de matières premières destinées à l’usage humain, mais de reconnaître sa valeur et sa beauté intrinsèques. À cet égard, Marijke a certainement critiqué le marxisme classique. Marijke savait que les femmes sont confrontées à des formes d’oppression combinées, souvent cachées, et que même au sein de la gauche, il existe un risque de reproduire des schémas sexistes. En réponse, Marijke a toujours défendu le droit des femmes à s’organiser entre elles.
Marijke était une internationaliste dans l’âme. Elle était active en Belgique, en Grande-Bretagne, en France et aux Pays-Bas, toujours consciente des implications internationales de processus tels que le changement climatique et de la nécessité d’une solidarité internationale. Lors d’une visite aux Philippines, où elle a vu comment les activistes défendaient une agriculture écologiquement responsable comme moyen de conservation et de subsistance pour la population, Marijke s’est sentie dans son élément. L’une des dernières actions auxquelles elle a pu participer était une action de solidarité avec le peuple ukrainien.
De 2009 à 2013, Marijke a vécu aux Pays-Bas et a été codirectrice de l’IIRE Amsterdam, l’institut de formation de la Quatrième Internationale. Elle avait un talent pour l’enseignement, elle pouvait expliquer des questions complexes de manière claire et enthousiasmer les gens. Marijke avait des convictions fortes et ne cachait pas ses divergences d’opinion. En même temps, elle restait curieuse des nouvelles idées et était toujours prête à s’engager dans une discussion. Par ses formations, ses articles et ses discussions informelles, Marijke a influencé de nombreux militants qui se souviendront d’elle avec gratitude.
Marijke a pris conscience de l’ampleur des crises sociales et écologiques actuelles et de l’urgence d’un changement radical. Dans le même temps, elle a puisé de l’espoir dans des mouvements tels que ceux des petits agriculteurs du Sud et dans le radicalisme des jeunes militants pour le climat. L’attitude de Marijke face à la vie était un bel exemple de ce que Gramsci appelait « le pessimisme de l’intellect, l’optimisme de la volonté ». Elle était également très terre-à-terre et trouverait plutôt prétentieux de citer quelqu’un comme Gramsci.
Marijke était une rebelle née, passionnée de politique, qui trouvait également le temps de boire une bière de temps en temps. C’est un privilège d’avoir appris d’elle et de l’avoir connue. Nos pensées vont à sa famille, à ses camarades et à ses amis, en particulier à son compagnon Pips.
Alex de Jong