PARIS, 15 avr 2008 (AFP) - Lycéens, enseignants et parents d’élèves se sont mobilisé massivement mardi à Paris, où ils étaient entre 20.000 et 50.000 à défiler contre la politique éducative du gouvernement et les suppressions de postes que Xavier Darcos a défendues avec la même fermeté. A Paris, les manifestants étaient 20.000 selon la police, 40.000 à 50.000 selon les organisateurs. « On est en train de creuser le rapport de force avec le ministre », a estimé Alix Nicolet, présidente de la Fidl. « Les lycéens sont satisfaits d’être associés à une réforme du lycée mais la revendication centrale reste les moyens », a renchéri Florian Lecoultre, président de l’UNL (majoritaire), en appelant à une nouvelle mobilisation jeudi. Les deux organisations lycéennes ont assuré qu’elles devaient être reçues mercredi par Xavier Darcos.
Côté enseignant, l’appel à la grève en Ile-de-France, seule avec Bordeaux à ne pas encore être en vacances de printemps, a été suivi par moins d’un professeur sur cinq selon le ministère, près d’un sur deux dans le primaire, selon le principal syndicat, le SNUipp-FSU (26% selon le ministère). Nouveauté mardi, de nombreux professeurs des écoles ont grossi les rangs du front anti-Darcos lycéens-étudiants-enseignants-parents, constitué la veille avec un appel de 18 organisations à deux nouvelles journées de mobilisation les 15 et 24 mai.
« Ce qui anime les professeurs des écoles aujourd’hui, ce sont des questions éducatives » et non de moyens ou de conditions de travail, a insisté Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUipp-FSU, en fustigeant la « volonté du ministre d’imposer une vision passéiste de l’école ». Très hostiles aux nouveaux programmes de l’école primaire présentés le 20 février par M. Darcos, les professeurs des écoles souhaitent que « le ministre prenne la mesure du mécontentement » qu’il suscite et « s’appuie sur leur »expérience professionnelle", a ajouté M. Moindrot.
Dans l’immédiat, Xavier Darcos a répété, dans la presse puis devant les députés, qu’il resterait « ferme » sur les suppressions de postes (11.200 à la rentrée 2008, dont 8.830 dans les collèges et lycées publics, compensés pour 3.500 d’entre eux par des heures supplémentaires). Pour lui, il s’agit de l’« épaisseur du trait ». Il a suggéré un travail avec les organisations lycéennes sur une réforme du lycée passant entre autres par l’accroissement de l’autonomie des élèves et la création d’un réel statut lycéen, des revendications traditionnelles de l’UNL et de la Fidl. Quant aux programmes du primaire, M. Darcos a assuré que « plus de la moitié des enseignants sur deux les approuvaient ».
Alors que les vacances débutent vendredi en région parisienne, terrain principal de la contestation depuis plus de trois semaines, les syndicats lycéens se sont dits confiants dans la poursuite du mouvement. « La Fidl a un très gros comité parisien : il va aller aider la province à amplifier la mobilisation » lorsque la zone B rentrera de vacances, a expliqué Alix Nicolet. De son côté, Florian Lecoultre a cité l’exemple du mouvement anti-CPE qui a survécu en 2006 à un long mois de vacances tournantes. Quant à Gérard Aschieri (FSU, majoritaire), il a rappelé les « larges perspectives » du mois de mai avec, outre les 15 et 24 mai, une manifestation nationale à l’appel de sa fédération, le 18. 300 lycéens ont manifesté à Bordeaux, 100 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) et 100 à Grenoble. lum/sm/df
Par Lucile MALANDAIN
Education : grosse manif à Paris !
PARIS, 10 avr 2008 (AFP) - Entre 19.000 personnes, selon la police, et 30.000 à 40.000, selon le syndicat lycéen UNL, ont défilé jeudi dans les rues de Paris pour protester contre les suppressions de postes dans l’éducation à la rentrée prochaine, ont constaté des journalistes de l’AFP. Mardi, lors de la quatrième journée de mobilisation, les manifestants étaient entre 8.500 (police) et 25.000 personnes (syndicat Fidl) à Paris. Jeudi les enseignants étaient beaucoup plus nombreux que lors des précédentes manifestations. Lycéens, enseignants et parents d’élèves, partis vers 13H45 des abords du jardin du Luxembourg, sont arrivés, pour les premiers d’entre-eux, peu après 16h00, à la station de métro Saint François Xavier, où ils se dispersaient dans le calme.
Hormis quelques moments tendus en tête de manifestation - mouvements de foule, jets de projectiles contre les forces de l’ordre, utilisation de gaz lacrymogènes par la police - la manifestation s’est déroulée sans incident. Les manifestants marchaient derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire : « suppression de postes, les lycéens mobilisés ». Sur une autre banderole était inscrit : « postes, heures supplémentaires, bac pro, statut, salaires pour l’avenir de notre métier, pour l’avenir de tous les jeunes, le ministère doit répondre : il faut un collectif budgétaire ». 8.830 suppressions de postes sont prévues à la rentrée prochaine dans l’enseignement public. Le secrétaire général de la FSU (première fédération de l’enseignement), Gérard Aschieri, et le président de l’UNL (1er syndicat lycéen), Florian Lecoultre, étaient en tête du cortège.
« Nous sommes là pour montrer que les lycéens seront encore plus nombreux aujourd’hui pour défendre notre avenir. Nous disons stop à l’hémorragie de postes », a expliqué à l’AFP, Florian Lecoultre. De son côté, Gérard Aschieri a estimé qu’il se passait « vraiment quelque chose ». « Est-ce que le gouvernement est capable de comprendre et d’arrêter de dire que les suppressions de postes c’est insignifiant ? », a-t-il demandé. « Alix Nicolet », présidente de la Fidl (deuxième syndicat lycéen), s’est dite « satisfaite d’une belle mobilisation, qui prouve que les lycéens sont conscients des problèmes » dans l’Education. Des étudiants de l’Unef étaient aussi venus grossir les rangs pour « dénoncer la régression éducative qui se met en place », selon les mots de son président Jean-Baptiste Prévost. « Nous craignons que la politique de rigueur du gouvernement aboutisse à un système éducatif d’une moins bonne qualité », a-t-il dit. « Une seule suppression : celle du ministre de l’Education », « Lycéens en colère, DarKos à terre » pouvait-on lire parmi les slogans, tandis que des lycéens scandaient « Sarko, t’es foutu, les lycéens sont dans la rue ».
En province également des manifestations étaient organisées. Ainsi entre 1.200 lycéens, selon la police, et 1.500 selon les organisateurs, ont défilé jeudi après-midi à Lyon. A Toulouse de 1.500 à 3.000 manifestants ont défilé, 200 à Auch. De 5.500 à 9.000 personnes selon la police ou les lycéens ont manifesté jeudi matin à Grenoble où des incidents ont éclaté en fin de défilé. sj-kp/il/bg
Mouvement lycéen : amplifier la mobilisation
Le point de départ de la lutte, c’est la suppression, à la rentrée prochaine, de 11 200 postes au niveau national, inégalement répartis sur le territoire. Là où les suppressions sont les plus nombreuses, les réactions, souvent en grande banlieue, ont démarré dès avant les vacances de février.
Mais ce n’est pas la seule revendication. La suppression de certains BEP et du bac pro en quatre ans mobilise également. Concrètement, les élèves les plus défavorisés vont se retrouver en CAP, pour gagner le Smic toute leur vie, ou bien ils seront obligés de passer leur bac pro en trois ans, ce qui représente un appauvrissement de la formation.
Suite à la loi Fillon de 2005, avec son « socle commun minimum » pour tous les élèves et les suppressions d’options et de professeurs, seule une minorité d’établissements délivrera un enseignement de qualité, et seuls les élèves des familles aisées pourront compléter leur formation par des cours particuliers payants.
La rage qui s’exprime dans cette mobilisation montre le fort sentiment d’opposition au gouvernement de cette jeunesse qui manifeste. L’essentiel des cortège est composé de lycéens des quartiers les plus défavorisés, montrant bien le refus d’une école à deux vitesses et d’une société inégalitaire.
La répression est très forte. À Créteil par exemple, la police a chargé des lycéens et des collégiens devant un bahut et plusieurs collégiens se sont retrouvés à l’hôpital. Les flics essaient même d’empêcher les lycéens de banlieue de manifester, en bloquant ou en chargeant leurs cortèges pour les empêcher de prendre les transports vers Paris.
La mobilisation n’a pas encore pris dans toutes les villes et, même dans les départements où il existe des luttes, ce sont des « poches » de mobilisation, des lycées ou groupes de lycées qui sont mobilisés. Pourtant, le potentiel existe partout, car les suppressions de postes sont nombreuses et, avec les 20 000 suppressions prévues dans les quatre prochaines années, elles finiront par toucher tout le monde. Il faut dès maintenant appeler à la grève et à des manifestations lycéennes partout.
Les lycéens doivent se réunir en coordinations locales, pour discuter du fond et organiser l’entraide entre lycées. Réussir à organiser des AG est essentiel, et cela permet de mieux discuter de la façon de faire le lien avec les profs. Il nous faut tenir pendant les vacances pour, à la rentrée, frapper un grand coup tous ensemble, quand toutes les académies seront rentrées.
C’est toute l’Éducation qui doit être en grève pour que le mouvement de grève déborde vers les autres secteurs de la jeunesse et du monde du travail.
René Sauvage
* Paru dans Rouge n° 2247, 10/04/2008.
ÉCOLE PRIMAIRE : La colère monte
Contre les suppressions d’emplois, l’augmentation du temps de travail, l’école à deux vitesses, la modification réactionnaire des programmes, les fausses solutions à l’échec scolaire : les enseignants du primaire se mobilisent.
Depuis plusieurs semaines, des centaines d’enseignants des écoles se rassemblent lors de réunions d’information syndicale et laissent éclater leur colère. Darcos cherche à modifier profondément l’enseignement dans les écoles, en accentuant les effets de la loi Fillon de 2005 avec son « socle commun de connaissances et de compétences ». Sarkozy et Darcos veulent aujourd’hui parachever ce travail avec une école à plusieurs vitesses, légitimant les inégalités sociales, multipliant les évaluations sanctions, banalisant l’échec scolaire, libéralisant le fonctionnement des établissements en renforçant l’autoritarisme et les salaires au mérite.
Des « nouveautés » tombent sur la tête des enseignants sans qu’on leur ait demandé leur avis. D’abord, la suppression du samedi matin, avec moins d’école pour tous et un substitut de dispositif de soutien scolaire qui conduira surtout à stigmatiser les élèves en difficulté. La mise en application de cette mesure suscite une profonde inquiétude des enseignants sur ce que sera leur temps de travail et leurs obligations de service.
Des stages « de remise à niveau » sont mis en place, pendant les vacances scolaires, en s’appuyant sur des enseignants volontaires cherchant à « gagner plus en travaillant plus ». Avec toujours la même stigmatisation, en dehors du temps scolaire normal et en s’exonérant ainsi d’une vraie politique de lutte contre l’échec, prenant appui sur l’ensemble du temps d’enseignement, sur les contenus, sur les dispositifs appropriés comme les personnels spécialisés et les moyens supplémentaires. Les appels à candidature ne répondent pas, pour le moment, aux espérances ministérielles, les enseignants refusant en général le « troc » proposé.
La cerise sur le gâteau vient d’une nouvelle version des programmes scolaires pour les écoles maternelles et élémentaires. Ceux-ci, de l’avis de très nombreux « connaisseurs », alourdissent les notions à acquérir et correspondent à un appauvrissement sur le plan culturel, un retour en arrière sur le plan pédagogique (« par cœur », répétition, cour « magistral » au détriment de la recherche, de la découverte, de l’expérimentation des notions par les élèves). Tous pensent que ces nouveaux programmes, difficilement applicables, pénaliseront surtout les élèves en difficulté.
Voilà qui explique, sur fond d’austérité budgétaire et de suppressions de moyens, la colère qui monte aujourd’hui. Les syndicats, notamment le SNUipp-FSU majoritaire, n’offrent pas de perspective nationale de mobilisation, alors que le second degré se met en mouvement sous l’impulsion des lycéens. Des équipes syndicales prennent leurs responsabilités dans les départements en appelant à des grèves, très bien suivies, mais cela ne saurait suffire.
Plus que jamais, l’heure est à la construction, dès la rentrée des congés, d’un puissant mouvement de grève à l’échelle de toute l’Éducation pour empêcher Darcos et Sarkozy d’imposer leur politique libérale à ce secteur !
Pierre Vendôme
* Paru dans Rouge n° 2247, 10/04/2008.
15 avril, tous dans la rue contre la politique de X. Darcos
Communiqué de la LCR
Une nouvelle manifestation aura lieu mardi 15 avril contre la politique de rigueur à l’éducation nationale qui se traduit par 11 200 postes supprimés et la réduction à 3 ans (au lieu de 4) du cycle de formation au Bac Pro. Elle associera les lycéens, les enseignants des collèges, lycées, lycées professionnels et du 1er degré qui, demain, seront en grève. Au fil des manifestations, le nombre des participants n’arrêtent pas de grossir. A Paris, se sont ajoutés d’autres manifestations en province. Nul doute qu’après les vacances tournantes de printemps, de grosses mobilisations verront le jour, dans la première quinzaine de mai. X.
Darcos et le gouvernement Fillon n’en ont pas fini avec les mobilisations des lycéens et des enseignants. Ces mobilisations dans l’éducation nationale heurtent de plein fouet la « réforme générale des politiques publiques » (RGPP) qui prévoit des suppressions massives d‘emplois dans la Fonction publique et le recours à la privatisation. C’est ce qui explique la fin de non-recevoir de X. Darcos qui manie l’arrogance à l’égard des lycéens, la provocation verbale vis-à-vis des enseignants et la répression pour intimider les manifestants.
L’argument démographique est fallacieux et ne sert qu’à justifier les suppressions de postes. En effet, dans le second degré, c’est un poste supprimé pour 2,5 élèves en moins, dans le premier degré, un poste créé pour 64 élèves en plus. La LCR soutient les revendications des lycéens et des enseignants : annulation des 11 200 suppressions de postes, maintien du BEP et du Bac Pro en 4 ans. La LCR sera présente à la manifestation du 15 avril.
Le 14 avril 2008.