La gauche en Italie et à son minimum historique. Mais sa situation peut sans doute encore s’aggraver. Les éléments de fond y sont tous. Absence de force structurée, manque d’enracinement social, crise des groupes dirigeants, manque de discours politique adéquat, manque de renouvellement générationnelle et d’idées. La phase actuelle est marquée, et elle le sera encore pour longtemps, par le protagonisme d’autres forces : le PD de Renzi d’une part et le mouvement de Grillo de l’autre. Il s’agit de forces qui ne sont pas de gauche même si, dans la confusion idéologique de notre temps, ils en occupent la place et en attirent les énergies.
1. Avec Renzi le PD a enfin rendu compréhensible – explicite il l’était déjà – son aboutissage libéral. Le maire de Florence remodèle un parti qui s’est engagé sur la route de la gestion capitaliste depuis plus de vingt ans. Cependant autour de ce rôle il est restée une ambiguité de ceux qui y voyaient le parti de la pseudo-alternative. Même la gauche radicale s’est écrasée contre les rochers du « gouvernementalisme » pour suivre l’illusion d’une « unité » mythique au-delà des formes concrets qui auraient dû la composer. Ce n’est donc pas un paradoxe, mais seulement la preuve de l’infiabilité de ces groupes dirigeants, si le virage blairien actuellement entamé par Renzi, a été d’abord entamé par celui qui est son pire ennemi : Massimo D’Alema. Aujourd’hui, peut être, l’équivoque est en train de se dissoudre.
Grillo aussi a occupé une place contigüe à celle de la gauche alternative, mais ce qui constitue le papier de tournesol de l’identité politique, c’est en dernière instance l’ancrage dans les classes sociales et le positionnement dans la lutte des classes. Le Mouvement 5 Etoiles (M5S) vise, délibérament, une identité interclassiste où l’attention au monde du travail côtoye le rapport avec la petite entreprise, les couches des libres professions, le précariat diffusé. SEL et Rifondazione Comunista évoluent dans un contexte de négation des erreurs du passé, dans la continuité des groupes dirigeants, dans l’ambiguité persistante du rapport avec le PD et dans l’impossibilité de saisir la necessité d’une innovation de fond et d’une revision profonde par rapport aux politiques suivies dans le passé.
Dans ce cadre de la gauche il ne faut s’étonner du rôle actif et trainant que jouent les secteurs organisés de la soi-disante « mouvance antagoniste ». Leur protagonisme intervient dans un espace pratiquement vide dans lequel ces secteurs arrivent à faire peser , plus que les autres – et c’est ce qui explique leur succès – un travail d’enracinement et de consolidation social fait depuis dix ans, même si, sur le plan de l’élaboration et de la tactique politique ils ne semblent pas avoir abandonné les reflexes avangardistes et extremistes.
Enfin la crise a concerné, et concerne, aussi les formations de la gauche classiste, anticapitalistes, révolutionnaires, qui ont tenté une voie alternative à celle du PRC. Soit celles de dérivation communiste que celles de différente extraction. Au cours des dernières années des divisions et des scissions ont concernées toutes les formations, y compris le secteur des centres sociaux, l’ancien ouvriérisme. La géographie que nous avons connu dans les derniers vingt ans s’est estompée et les contours sont aujourd’hui difficiles à déchifrer. En particulier chaque groupe, chaque mouvance semble poursuivre un projet « autocentré », finalisé à sa propre résistance et ayant une perspective complexe, tordue, encore difficile à définir. Cela nous concerne aussi, nous.
2. Les problèmes sont immenses à cause de la grande portée de la phase historique. Nous continuerons à le répéter, la géographie politique et sociale a changé dans ses coordonnées fondamentales. Les classes expriment le résultat d’un mouvement tellurique de grande envergure qui a eu un impact sur la structure politique, qui a été tout à fait sousestimé dans les années passées. Notamment il s’est produit un écart dans la relation entre les composantes les plus actives et conscientes de la « classe » et les perspectives politiques tout court.
Le tremblement de terre qui a déstructuré dans cette phase le terrain de l’après-guerre, a produit deux résultats dont les conséquences ne sont pas faciles à prévoir à court terme. Le premier concerne la désaffection de la « classe » par rapport au « débouché » politique et donc par rapport à la proposition politique et programmatique. Des années d’échecs des différentes gauches, plus ou moins historiques ; l’hégémonie victorieuse du néolibérisme qui propagande la TINA (There is no alternative) ; l’alternance entre groupes politiques différents appelés à gérer des politiques analogues ; l’effet de la crise institutionnelle qui concerne les diverses structures politiques européennes (démontrée par la croissance de l’abstentionnisme électoral) et qui plonge ses racines dans l’insuccès des politiques filo-libéristes, mais aussi des politiques keynesiennes, à donners des réponses, même partielles, à la défaite sociale ; tout cela a produit une distance croissante par rapport à la politique institutionnelle en cèdant la place à la soi-disante antipolitique ou bien à des pulsions réactionnaires, nationalistes et faussement anti-système.
C’est la défaite de ce qu’on appelait la « conscience politique » mais qui en fait se transforme dans d’autres expressions plus en syntonie avec la phase actuelle. Le succès du Grillisme en Italie témoigne de cet humeur et représente, plus qu’un interlocuteur politique, un sujet qui est le miroir de notre crise. Sur lequel il est util de réfléchir pour comprendre notre direction de marche.
3. Le deuxième résultat est la raréfaction de la proposition politique. Sur cela nous ne pouvons faire des décomptes à personne, même pas à nous-mêmes. La proposition politique, alternative au libéralisme et à la gauche socio-démocrate, a été prise en ôtage, dans plusieurs pays, par les résidus du stalinisme – soit-ils revernissés et reformés – tandis que les forces anticapitalistes n’ont pas réussi à produire un saut qualitatif, même pas au niveau de l’offre politique. Cette donnée doit être analysée très attentivement, surtout à la lumière du parabole du NPA français qui semblait représenter à un certain point l’alternative nécessaire qui, par contre, s’est démentie dans une crise interne continue.
Sans une réfléxion exhaustive sur cette crise, l’analyse de la situation des forces anticapitalistes et la définition d’un projet renouvelé sera à notre avis boiteux. Notamment car nous sommes convaincus que cette crise à beaucoup à voir avec les questions que nous sommes en train d’affronter, avec la difficulté de conjuguer une proposition politique, pensée et accordée dans un autre contexte historique et politique de la gauche, avec la réalité actuelle du prolétariat. Avec ses demandes, ses fluxes de consciences, son appartenance changeante à un camp précis et déterminé.
4. Elle a à voir par exemple avec la question du « dedans » et du « dehors ». Il ne suffit plus d’analyser les forces sur le terrain seulement sur le plan de la géométrie politique. Nous étions habitués, et plusieurs le sont encore, à évaluer la situation en allant de droite à gauche : en commençant des formations du système et du gouvernement, généralement de centre-droite, et ensuite celles liées au mouvement ouvrier : la socialdémocratie, puis les « communistes » (dans toutes les déclinations possibles) et enfin les différentes forces anticapitalistes, antagonistes, etc. Cependant, avec la progression de la crise politique et idéologique et avec le délabrement de toute la construction qu’elle avait édifiée, modellée, formée avec une identité globale propre – le mouvement ouvrier – cette carte politique nous sert de moins en moins. Il devient de moins en moins faisable en fait d’attacher à la « classe » les partis socio-libéraux appelés, à leur satisfaction et conviction, à gérer la crise. Il devient de plus en plus compliqué de se lier aux partis communistes ou à leurs dérivés, à cause de l’appareil idéologique qu’ils proposent et de l’inutilité de fond de leur stratégies politiques. Surtout, il est de plus en plus difficile de se rapporter à toute cette « classe » qui reste « en dehors » du système politique, autocentré, enfermé « dans »ses propres rites.
Les secteurs sociaux frappés par la crise glissent dans la résignation, ou, quand ça va bien, trouvent des parcours autonomes, différents les uns des autres, presque jamais coincidents, et surtout qui se tracent sur un niveau parallèle à celui de la politique « classique ». Du reste, ce n’était pas à cela que le succès de la première campagne électorale de la LCR française avec Besancenot avait rèussi à parler ? Le « facteur » n’a -t-il pas eu du succès parce qu’il représentait « un d’entre nous », plus que le produit de plusieurs années d’élaboration politique ? Et le NPA, quand il est né, n’est-il pas né pour agréger tous ces « facteurs », tous ces « chacuns d’entre nous » disponibles à s’engager dans un nouveau projet de construction plutôt que d’engager une compétition fatigante avec les autres forces du cadre politique établi ?
5. Beaucoup de camarades pensent qu’il suffit d’un peu plus de propagande, d’un peu plus de masse critique, d’une voix un peu plus puissante pour résoudre l’incommunicabilité. Et ils se disposent à un projet qui vise sur l’accumulation progressive de faibles forces ou bien sur la chémie de la décomposition et de la recomposition, sans se rendre compte, entre autre, que la dispersion des forces est plus amples à chaque recomposition que les forces réagroupées. Nous pensons par contre que l’écart entre le « dedans » et le « dehors » doit être dépassé en recomposant non pas les quelques avantgardes politiques à l’intérieur du jeu des partis, mais bien en recomposant les deux terrains et en réussisant à parler, de nouveau, un langage unitaire.
Pour mieux clarifier, nous ne proposons pas un parcours, déjà vu, de reconstrucion dès la base des perspectives politiques à travers l’autonomie des sujets – le langage typique de l’ouvriérisme, lui aussi défait – mais nous voulons essayer de « revivre », pas après pas, les divers stades de l’apprentissage politique, de la prise de conscience, en accompagnant humilement la reconstruction d’une physionomie classiste de l’alternative.
Pour faire cela aussi il faut bien sûr une masse critique adéquate et la nôtre est trop faible. Mais nous n’avons pas d’alternatives au fait d’entamer ce parcours, en accumulant l’expérience nécessaire et en la généralisant le plus possible. On ne reconstitue pas les conditions de la lutte de classe en jetant depuis les encein tesdes partis, des syndicats et des formes politiques orgnisées, des sémences de conscience à planter dans la tête de la classe. On le fait en sortant de ces enceintes en portant ses propres réflexions, ses propres savoirs, la propre capacité de créer des conflits et de raisonner autour du conflit pour reconstruire « une dynamique de classe », des endroits de l’autoorganisation et de construction d’une nouvelle conscience de classe. Le point clé de la division avec les camarades de Sinistra Anticapitalista se trouve dans cette priorité différente qui synthétise les différentes évaluations analytiques, politiques et tactiques.
6. Dans ce sens nous proposons le mélange du « social » et du « politique », conscient du fait que tôt ou tard un « politique » devra y être et qu’on en sent plus le besoin que la possibilité en ce moment, étant donnée l’envergure de la crise. Il faut une débouchée, il faut designer un parcours, un projet. Ce qui manque c’est « les mots pour le dire », les forces pour le rendre crédible, l’autorité pour l’imposer dans la lutte politique. Il s’agit de la conviction qu’une phase historique du mouvement ouvrier est vraiment terminée, que celui-ci n’existe maintenant plus dans les formes et les langages dans lesquelles nous l’avons connu et que, pour reconstruire quelque chose qui lui ressemble (en mieux) il faut être partie intégrante, active, directe du mouvement lui-même.
La décomposition du mouvement ouvrier du siècle passé a eu comme effet la décomposition de paradigmes, de schémas, de symboles, de dicours, liés à ces forces matérielles. Nous n’avons pas aujourd’hui les outils pour les remplacer en absence de dynamiques visibles de reconstruction d’un ensemble capable de jouer un rôle analogue. Mais l’immersion dans le soi-disant social et la renonciation à y surposer des symboles et des schémas qui appartiennent à d’autres forces matérielles est indispensable. Seulement ceux qui seront dans le mouvement de la classe à venir auront la légitimité d’en déterminer aussi les formes politiques, seulement les pièces éparpillées sur la table pourront composer le puzzle de la composition sociale et politique de la classe.
7. Recomposer le dedans et le dehors, parler le langage du social pour reconstruire le « politique ». Ce que nous voulons reconstruire est un sujet politique orienté à la reconstruction de liens, de langages, d’immaginaires et de force matérielle. Dans cette direction on n’a pas besoin de la logique de la table rase. Mais il faut reconsidérer les limites et les erreurs du passé aussi quand celui-ci a été illuminé par la mémoire des vaincus. La limite principale de notre culture de base est au fond, l’acte même de sa naissance, la nécessité d’affirmer une autre direction politique pour résoudre la « crise du prolétariat ». Faute de ce mouvement ouvrier donné, le changement de sa direction est devenu une perspective, appendue dans le vide.
Nous n’avons pas été tout à fait adéquats à ce changement de scénario, notre projet politique a tourné autour de la « compétition-défi » avec les forces du vieux mouvement ouvrier à la recherche de la victoire dans la lutte pour la « direction ». Nous avons entrepris ce chemin tout le long des années ’90 et 2000, après la chute du mur en ’89, en réalisant des « recompositions » et des luttes électorales au sein du reclos du vieux mouvement ouvrier. Nous l’avons fait avec générosité et avec conviction, nous d’abord, en sousestimant la défaite des années ’70 où, là vraiment pour la dernière fois, se posait la question clé de la direction alternative, dans la grande occasion entre ’68 (Prague, la Chine, Mai) et la moitié des années ’70. Des années de saut qualitatif des forces rèvolutionnaires, trotskistes, mais pas assez pour menacer l’hégemonie du vieux mouvement ouvrier ; lequel, au lieu de se faire sauter a changé lentement de composition, s’est pulvérisé graduellement, jusqu’à se détacher de ses propres racines.
La crise du prolétariat est aujourd’hui la crise du prolétariat lui-même et le défi d’une hypothèse révolutionnaire est celle de sa reconstruction. La question de l’unité se pose donc, outre que sur le terrain de l’indépendance par rapport au capitalisme global, sur le terrain de la fatigue quotidienne de la reconstruction.
8. Pour cela il nous faut des idées et des (expériences) pratiques. Il nous faut une théorie moderne et des avant-postes organisés pour expérimenter. La théorie doit être entendue comme un noyau d’idées fondamentales qui caractérisent le projet politique et qui résident en bonne partie dans l’hisotoire meilleure du mouvment ouvrier derrière nous. Mais il ne suffit pas de « trier » simplement cette histoire, en y sauvant les meilleures pépines.
Le problème c’est que, pour recomposer ce qui est en train de se décomposer, il faut des expériences communes de re-alphabétisation, reconstruire les conditions adéquates pour re-lire l’histoire et , surtout, pour commencer à écrire les pages encore non écrites. Avec cette discussion nous voulons commencer à combler les lacunes dans ce domaine en restituant une valeur de construction et de croissance à l’auto-formation culturelle. En même temps il nous faut des bases d’appui qui permettent d’expérimenter la théorie et de ne pas perdre le fil du projet pendant la fatigue du conflit social.
9. Notre projet est la constitution d’un Réseau politico-social fondé sur l’auto-organisation, l’autogestion, le secours mutuel. Ce n’est pas une concession aux instances spontanéistes, libertaires, ou autogestionaires mais la nécessité d’un nouveau début. Une tentative de repartir des éléments fontamentaux de la solidarité de classe - bien conscients de la nouveauté de l’histoire et des enseignements qu’elle pose - pour refonder l’hyptohèse de la reconstruction. Il s’agit d’agir par « expérimentation », pas par imitation, par analogie historique, ni par anticipation ou répétition de modèles abstraits. Il s’agit d’ouvrir des espaces pour des sujets différents et « impurs », liés par un projet politique, celui du Réseau de secours mutuel, avec une perspective anticapitaliste. La nécessité d’un sujet politique qui se pose comme promoteur d’un processus de transformation est toujours aussi actuel.
La différence avec le passé est qu’aujourd’hui nous ne savons pas / nous ne pouvons pas dire quelle physionomie un tel sujet doit-il avoir. Cela dépend des parcours réels, des mouvements effectifs de la classe notamment des rapports entre composition sociale et disponibilité à un projet politique global. C’est ici que se pose la question de l’organisation, c’est-à-dire la possibilité et la capacité de garder ensemble les deux niveaux. Il n’y a pas de raccourcis propagandistes et pas de reproductions a-critiques de modèles « glorieux » non plus.
10. Au niveau de la société alternative, notre horizon reste celui de la socialisation des moyens de production à partir d’une démocratie de masse et directe. Le débat sur ce point est pratiquement arrêté à celui des années ’20 du 20e siècle et d’une certaine façon c’est de là qu’il faut repartir. Notamment un projet de société futurable devra se fonder sur une structure institutionnelle de démocratie de qualité supérieure à celle que nous avons connue, en récupérant les acquisitions meilleures et en inventant sur la base de l’expérience directe des classes en lutte. Cette hypothèse illumine aussi l’issue politique à bref.
La question du pouvoir, du gouvenement, reste une question décisive mais au moment où elle est posée on doit introduire dialiectiment la question d’un « ordre nouveau », d’un modèle supérieur. Dans ce sens la question clé de l’autogestion, de la démocratie, de la planification et du pouvoir nous semble un point décisif de notre recherche. Aujourd’hui, dans les pays Européens la question du gouvernement – c’est-à-dire la possibilité que des forces alternatives puissent arriver à gouverner – doit être posé, comme on l’a vu en Grèce avec Syriza - en intime relation avec la nécessité de déstructurer les systèmes institutionnels pour construire des structures de qualité supérieurs. Le pouvoir doit être disputé dans les lieux de travail, dans les lieux sociaux, dans l’hypothèse d’une grande réappropriation collective. Les structures institutionnelles doivent être modellées sur le besoin d’une démocratie participée au niveau de masse. Révolution et démocratie sont les coordonnées de notre perspective de transformation.
11. En Europe nous travaillons à trois objectifs fondamentaux : désobeir aux Traités, mettre en avant le thème de la rèappropriation collective et démocratique, mettre en place des réflexions et des initiatives sur la nature er la fonction de « biens communs » dans l’actuelle crise du mode de production capitaliste. Ce tryptique constitue le programme politique minimum – transitoire on aurait dit – pour résister à la crise et essayer de la dépasser.
Désobeir aux Traités veut dire remettre en question tout l’édifice de la construction européenne sans devoir précipiter dans le camp du « souverainisme » moderne, nécessairement conservateur, véhiculé par la demande de sortie de l’Euro. Mais désobeir aux Traités signifie mettre en compte aussi l’hypothèse d’une rupture avec l’euro et avec la construction actuelle de l’UE. Et donc se préparer dans un tel sens.
Réappropriation signifie remettre main à la propriété à partir des patrimoines financiers et de la contestation de la dette illégitime. Il faut un transvasement progressif de ressources des coffres de l’appropriation indue par le capitalisme globalisé aux poches vides du prolétariat moderne. Un transvasement qui a besoin, pour être réaliste, d’être organisé par de nouvelles structures démocratiques (du réferendum à la démocratie directe, de la décentralisation à l’autogestion productive).
Enfin, il faut proposer une hypothèse de développement basé sur les droits politiques et sociaux comme terrain de conflit. Il ne s’agit pas juste d’imposer un grand plan public, New Deal, selon des directives keynesiennes mais de changer, par le biais d’un rôle public et démodratique, les axes de fond du système social et productif pour produire une transformation qulaitative de la société.
12. Nous restons donc convaincus de la nécessité de construire une nouvelle subjectivité politique. Que nous imaginons bien différente de celles que nous avons connues dans le passé. Le débat des mois à venir sera absorbé par la campagne électorale pour les européennes. L’agrégation, tout confondu, autour de la candidature de Tsipras, qui est en train d’être construite, ne nous paraît pas présenter de nouveauté par rapport aux nombreuses hypothèses de regroupement de la gauche à la quelle nous avons assisté depuis 2008 (Gauche A-en-ciel) jusqu’ici (jusqu’à Rivoluzione Civile d’Ingroia).
La présence du Mouvement 5 ètoiles, au sein duquel il peut aussi y avoir des réalités intéressantes, ne semble pas praticable pour un projet de perspective anticapitaliste.
Nous ne voulons proposer la morale du renard qui n’aimait pas le raisin. Mais plutôt que de participer à des processus électoraux qui – tout en restant importants – sont moins décisifs pour disputer des changements de structure, il nous semble juste et util de travailler pour accumuler des forces, construire des expériences exemplaires, amplifier celles qui existent déjà, montrer , aussi sur le plan politique, une force sociale. Accumeler des forces.
Il faut une dispute sur le terrain, aussi sur le terrain « économiciste », sur le pla du « secours mutuel », pour reproposer la question politique du pouvoir. Il faut une nouvelle déclination de notre patrimoine historique pour affronter les défis du présent.
Nous y sommes prêts, nous n’abandonons pas le terrain. Seulement nous le redessinons.
Les camarades italiens de la Quatrième Internationale engagé.e.s dans Communia Network