Nous venons d’assister ce week-end [des 21 et 22 août] à des scènes choquantes, alors que l’été a déjà été marqué par les brutalités policières. Les seuls termes idoines pour les décrire sont ceux de “violences physiques” et d’“abus de pouvoir”. Il risque d’y avoir des morts, ce n’est qu’une question de temps.
Ces manifestations prodémocratiques visent bien davantage les donneurs d’ordre que ceux qui sont chargés de les appliquer. Pourtant on imagine sans mal quelques ministres, bien assis chez eux, ricanant et exultant devant ces images.
Des sbires de la dictature
Mais si le plus important est bien de dénoncer l’incompétence de ce gouvernement, l’heure est venue de braquer les projecteurs sur la violence grandissante dont fait usage la police royale thaïlandaise. Avec à sa tête Suwat Jangyodsuk, elle semble prendre un malin plaisir à incarner son nouveau rôle de sbire de la dictature.
Loin des troupes démoralisées que nous avions pu voir lors des manifestations de 2010 et de 2014 [menées par les clans opposés pro- et antigouvernementaux connus sous les noms de “chemises jaunes” et “chemises rouges”], la police royale semble avoir retrouvé sa vigueur en même temps qu’un nouvel ennemi, le peuple. Et peu importe que ses adversaires soient pour la plupart des adolescents ayant pour seules armes des pierres, des pétards et des feux d’artifice.
Débattre dès maintenant de la responsabilité de la police
Quand ce régime militaire tombera, quand ce club de dictateurs perdra le pouvoir, un débat devra s’ouvrir sur les poursuites à engager contre les décisionnaires et sur la réforme de la police.
Peut-être ce débat devrait-il même commencer dès maintenant, au Parlement et ailleurs, pour faire pression le plus possible sur les dirigeants de la police. La réforme de cette institution doit être mise à l’ordre du jour partout, dans les débats, les forums, tous les lieux de discussion en Thaïlande. Des poursuites judiciaires doivent pouvoir être ouvertes contre les dirigeants de la police.
Car si leur responsabilité n’est pas rapidement engagée, et si la police ne respecte pas au plus vite ces “normes internationales” tant vantées, il ne tardera pas à y avoir des blessés graves, voire des morts.
Cod Satrusayang
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